30 [pt.1]- HUMANITY IS KEY

3.2K 326 87
                                    

Babes KadykA0 dmarinae

J A D A

Quand j'entends parler de guerre en Syrie, ou de famine en Somalie, mon cœur se serre. Ces pays où la mort est omniprésente, à chaque coin de rue, dans chaque regard, dans chaque foyer. Savoir que des millions de personnes y meurent chaque jours rend mon cœur un peu plus faible. Je suis en deuil pour ces personnes pourtant inconnues. Pourquoi? Parce que c'est un acte humain.

Un être humain digne de ce nom ne se réjouirait pas de la mort d'un de ses confrères. Il serait en deuil, plus ou moins long en fonction de s'il connaissait, ou pas, le mort.

C'est pour cette raison précise que je suis sure d'avoir perdu mon humanité.

Car au moment même où je pose mes yeux sur le corps sans vie de Franco, une vague de bonheur me pousse à la limite de la convulsion.

Le soulagement d'avoir un poids en moins sur mes épaules me fait soupirer alors que mon regard quitte la scène macabre pour se concentrer sur l'homme qui a causé ma libération. Mikhail ne paraît pas le moins du monde affecté par ce qu'il vient de commettre. Il vient de tuer l'homme qui l'a élevé. L'homme qu'il a été obligé d'appeler papa.

Le meurtrier de sa mère.

Doucement, ma main s'entremêle avec la sienne. Il ne dit rien, continue de regarder son beau père. Ou plutôt ce qu'il en reste.

Le cadavre n'a plus rien à voir avec l'homme propre sur lui, arrogant et attirant qu'était Franco.

Sa mâchoire, cassée, pend et cause à sa bouche de s'ouvrir grand. On ne peut pas vraiment définir si ses yeux, tout boursoufflés et saignés sont ouverts ou fermés. Sa peau est marquée d'entailles et de brûlures, causées par nos soins. Ses membres sont tordus dans des angles différents ou carrément disloqués.

Du sang.

Du sang forme une flaque tout autour de lui. Il ne cesse de se vider de l'hémoglobine présente dans son corps. Une balle entre les jambes, une balle dans le genou, une balle dans les côtes et pour couronner le tout, une entre ses deux yeux.

Le batard a souffert. Il a supplié Satan lui même de prendre son âme, tellement il souffrait.

Lui-même était conscient que demander pour la merci de Dieu était inutile, a la limite du blasphème: Javier  Franco était voué à l'enfer.

Cette pensée devrait me donner pitié mais c'est l'exacte opposée.
J'ai envie d'en rire. À vrai dire, j'ai envi de me rouler par terre en tenant mon ventre tant je rigolerai.

Cette enflure est morte, et jamais je ne me suis sentie aussi vivante.

Quand mes yeux se posent à nouveau sur Mikhail je remarque la sérénité qui marque son visage.

Il paraît si relaxé que ça me choque à première vue.

Puis je me rappelle tout ce que ce monstre lui a fait et tout prend un sens. Il a gâché sa vie. Lui a fait vendre de la coke à dix ans. Tuer son premier homme à douze.

Pour l'amour du Christ, il était là quand Franco battait sa mère jusqu'à ce qu'elle en devienne bleue et noir.

"C'est fini..." il murmure, toujours en fixant le spectacle sanglant devant nous.

"C'est fini." Je confirme.

Il tourne la tête vers moi et plaque brutalement ses lèvres contre les miennes.

Arena ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant