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6- YOU ARE A COLONIZER

Le temps passe sans que je m'en rende compte. Cinq jours que je suis ici.

Ou peut être plus, qui sait?

J'ai perdu la notion du temps, mes journées sont toutes les mêmes: réveille-toi, ingurgite la nourriture immonde de la cantine, entraîne-toi jusqu'à ce que tes pieds en saignent, mange un peu plus de nourriture immonde de la cantine et c'est repartit. C'était un putain de cercle vicieux.

J'étais chanceuse si entre temps j'arrivais à caser une douche dans tout ça.

En ces cinq jours que j'ai passé la, j'ai appris quelque chose: Mikhaïl est un sacré fils de p.ute.

Il me faisait m'entraîner de l'aube jusque tard dans la nuit. Et cet enflure le faisait exprès, j'en suis sûre. Il prenait un malin plaisir à me voir en haleine et quasiment raide morte sur le tapis à la fin de la journée.

La tension grandissait entre nous de jour en jour. C'est comme si je pouvais perdre le contrôle et lui arracher les yeux à tout moment maintenant. Et croyez moi ce n'est pas l'envie qui manque.

C'est comme si cet homme était fait pour me mettre à bout.

"Un autre tour de salle, et plus vite que ca. T'as autant d'endurance qu'une enfant de six ans, Pocahontas." Mon œil droit convulse et mes mains brûlent d'envie d'entourer son cou et de serrer très, très fort. Je m'arrête, à bout de souffle et secoue la tête.

"Bordel! C'est des techniques de combats que t'es sensé m'apprendre, pas à courir!" Je m'exclame en agitant les bras.

Il se lève du banc sur lequel il était assis et s'approche dangereusement de moi. Peu importe je n'ai pas peur de lui.

Son torse bombé est à quelques centimètres de ma tête seulement, lorsqu'il s'arrête. Ouais, il est si grand que ca.

"J'ai dit de faire un tour de plus alors bouge ton gros cul." Son ton est dur, je suis presque tentée d'obéir tellement il est puissant.

Mais j'ai la tête trop dure. Obéir ne fait pas parti de mon vocabulaire.

"Sinon quoi?" Je le défie. Mon ventre se tord sous l'appréhension de ce qu'il va se passer ensuite. Délicieuse sensation.

Il s'apprête à répondre lorsqu'une voix retentit dans la grande salle. Ce n'est que maintenant que je me rend compte que tout le monde s'est tut. Plus personne n'ose parler.

"Mikhaïl." Le dénommé s'arrête net et je sens son corps se raidir. Il déglutit et se retourne lentement. Sa posture est droite, fière. Il ne perd pas le nord.

"Monsieur Franco." Il dit lentement, en hochant la tête pour le saluer.

J'observe son dos, musclé et large. Je disparais derrière lui tant sa carrure est imposante. Elle gomme la mienne sans même s'en rendre compte.

On peut dire qu'il est tendu, toute l'attention dans la pièce est fixée sur lui. Il le sait. Il le sent. Mais il n'en fait rien.  Ce n'est pas la raison pour laquelle il est nerveux.

Son regard pénétrant est fixé sur Franco. Il le tue avec ses yeux.

La haine qu'il a pour cet homme est palpable, et pourtant jamais je ne l'ai entendu parler de lui en mal. Il le déteste, c'est une certitude, mais il le respecte autant qu'il le hait.