30 [pt. 2] - SORROW TASTES LIKE SHIT

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J A D A

Vous vous souvenez de la métaphore des montagnes russes? Celles qui remontent et qui redescendent à une allure folle, comme la vie?

Bien, mon wagon s'est écrasé au sol depuis bientôt une semaine.

Et personne n'est venu ramasser les morceaux de ma dépouille, personne n'a lavé mon sang sur le pavement. Je ne suis même pas sure de vouloir que quelqu'un le fasse à vrai dire.

Qu'on laisse ma carcasse pourrir.

Que me reste-il de toute façon?

L'enfant dans mon ventre, témoin de mon seul amour, est l'unique raison pour laquelle je ne me suis pas encore tirer une balle dans le crâne.

J'ai l'impression d'être en apnée constante. Comme si je ne savais plus respirer maintenant qu'il n'est plus là.

Comme si le monde s'était arrêté.

Et c'est le cas. Mon monde en tout cas, s'est arrêté. Je vis dans une routine constante, un satané cercle vicieux qui n'en fini jamais.

La chambre dans laquelle je me réveille chaque matin fait la taille de mon dortoir de retour à la Cabeza, sauf qu'ici je n'ai à la partager avec personne.

Le luxe m'étouffe.

Draps en coton égyptien, couvertures en soie du Maroc. Le mobilier est orné d'or, les sols sont habillés du marbre portugais le plus coûteux. Des rideaux rouges sang cachent les fenêtres, alors que des tapis perses s'étalent par terre.

Généralement je ne sors pas du lit de la journée. Stella m'amène a manger trois fois par jour, et veille à ce que je m'hydrate comme il faut pour que le bébé soit en bonne santé. Puis dès qu'elle part, je me remet à pleurer. Je pleure toutes ces personnes qui sont tombées pour la liberté.

Je pleure Leah.

Je pleure Darcy.

Je pleure mon frère.

Et je pleure Mikhail.

Mon unique amour, pour toujours et à jamais.

Je n'ai pas vu la lumière du soleil depuis le soir de notre arrivée ici, en Colombie.

Gabriel dit que des obsèques auront lieu la semaine prochaine, mais je refuse.

Je refuse de lâcher le dernier morceau d'espoirs auquel je me cramponne. Je refuse de m'avouer que je ne reverrai plus jamais Mikhail ou Kaden.

S'il veut enterrer des cercueils vides, alors soit, mais le nom de mon frère et de Mikhail ne figurera sur aucune tombe tant que je n'aurai pas vu leur cadavre de mes yeux.

La double porte de la grande chambre s'ouvre mais je ne me retourne pas. C'est sûrement Stella qui vient avec un plateau plein de bonne chose.

Sauf que je n'entends pas le cliquetis des talons contre le sol. À la place, les pas sont fermes mais gracieux. Ils témoignent presque inconsciemment de la prestance de l'homme qui les possède.

Mon cœur loupe un battement tandis que ma respiration s'attrape dans ma gorge.

Je me retourne avec vivacité.

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