– Alors comment s'est passée ta première nuit de femme mariée ?
Je haussai les épaules à la question de mon frère. Nous étions en train de marcher dans un parc, non loin de la nouvelle maison où j'habitais à présent avec Arthur. J'étais heureuse qu'il soit venu me voir, j'avais vraiment eu besoin de prendre l'air. Je n'avais rien contre ma nouvelle demeure – je ne pouvais vraiment pas me permettre de me plaindre – mais c'était finalement bien trop nouveau tout ça. Je me retrouvais mariée à un homme que je connaissais finalement à peine, je vivais dans une maison qui m'était inconnue, je portais une robe qui ne m'appartenait pas hier encore. J'allais avoir besoin d'un peu de temps avant d'être vraiment à l'aise avec tout cela.
– Tu peux tout me dire tu sais, tu ne vas pas me choquer, reprit mon frère avec un sourire sur le visage qui m'agaçait.
– Il n'y a rien à dire.
– Il faudra bien que tu te lances à moment tu sais ? Maintenant que tu es mariée, c'est ton devoir.
– Arrête ça tout de suite ! m'exclamai-je en sentant déjà mes joues me brûler. J'adorais vraiment mon frère, mais par moment il avait quand même le don d'être un vrai goujat.
– Comme tu voudras.
Nous marchâmes quelques minutes sans prononcer le moindre mot, jusqu'à ce que je reprenne la parole.
– Anthony va bien ?
– Plutôt. Tu lui as manqué ce matin.
Je sentis mon cœur se serrer à l'idée que mon frère ait eu envie de ma présence, sans que je ne sois pour autant là.
– Il me manque aussi, soupirai-je. Je me sens seule là-bas. Le majordome reste à sa place et ma femme de chambre aussi.
– Madame a ses propres domestiques maintenant.
Je donnai un coup de coude dans le flan de mon frère, incapable de me retenir de lui faire payer ses moqueries. Ce n'était pas parce que j'étais mariées qu'il pouvait se permettre de se moquer de moi maintenant. Il afficha une grimace exagérée avant de reprendre.
– Je plaisante Grace, détends-toi un peu. Il m'adressa un sourire tendre. Ça va aller, tu vas t'y habituer. Pourquoi tu n'irais pas chez mère pour voir Anthony ?
– Je ne peux pas, ma belle-mère doit me rendre visite tout à l'heure.
Et je surveillais d'ailleurs l'heure depuis ma sortie pour éviter de rentrer trop tard. Joshua s'arrêta dans ses pas pour me faire face, avant de me prendre dans ses bras.
– Ce n'est que partie remise, tu auras l'occasion d'aller le voir plus tard.
Mais plus tard, c'était déjà trop tard.
J'aurais bien aimé poursuivre cette promenade avec mon frère, mais l'heure coula bien rapidement. J'avais mes obligations, il avait aussi les siennes, devant retourner travailler. Il me raccompagna jusqu'à mon nouveau chez moi, ne prenant pas la peine cependant d'y rentrer. Je passai donc seule le pas de la porte, accueillit par Horace.
– Madame votre belle-mère est déjà dans le petit salon, m'informa-t-il en me prenant mon manteau.
Je me remerciai avant de me diriger rapidement vers le fameux petit salon, où la mère d'Arthur m'attendait effectivement assise sur le sofa. Elle se leva en me voyant arriver, m'adressant un grand sourire.
– Je suis terriblement navrée de mon retard Madame James.
– Appelez-moi Doroty, c'est vous maintenant Madame James, me coupa-t-elle. Ne vous en faites pas, je ne suis pas arrivée il y a longtemps. Et je comprends parfaitement que vous soyez plus occupé que moi.
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L'amour d'une sœur
General FictionQuand on est né dans une famille maudite, on n'a pas le choix que de vivre avec cette malédiction, même si elle nous semble particulièrement injuste. C'est l'histoire de Grace, une jeune femme devant faire avec la mort prochaine de ceux qu'elle arr...