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La porte de la maison de ma mère avait lourdement claqué quand elle la referma derrière Joshua et moi, après que nous l'aillions passée. Elle n'avait pas pris la peine de nous dire au revoir, ce que je n'avais pas fait non plus. Je me sentais tellement en colère de la conversation que nous avions eu, parce que j'avais eu le sentiment de parler à un mur. Mes yeux se tournèrent vers mon frère jumeau, qui avait croisé les bras et me regardait durement.

– Quoi ? demandai-je sèchement, sentant déjà les reproches de mon jumeau me tomber dessus.

– Je n'arrive pas à le croire.

Je poussai un soupir d'agacement, détournant mon regard du sien. J'avais eu envie qu'il vienne avec moi, j'avais tout fait pour qu'il soit présent d'ailleurs (ce qui n'avait pas été une mince affaire, j'avais dû le supplier pour qu'il daigne prendre un peu de temps pour m'accompagner), pensant qu'il aurait pu me soutenir. Mais force m'était de constater que ce n'était pas vraiment le cas.

– Comment peux-tu demander comme ça à mère de te donner la garde d'Anthony.

– Il ne veut pas vivre avec elle, il me demande à chaque fois que je viens de partir avec moi. Ma gorge se serra quand je me remis à penser aux yeux embrumés de mon petit frère alors qu'il me suppliait de repartir avec moi. Je ne vais pas le laisser ici alors qu'il est malheureux.

– Mais tu n'as aucune raison de demander sa garde, tu n'as pas le droit de le faire.

Je me retins de lui dire le fond de ma pensée en cet instant précis. Je n'avais eu aucune envie que la situation se passe comme ça. Au début, je voulais simplement demander à ma mère de prendre chez moi un peu Anthony, pendant quelques jours, peut-être quelques semaines. J'avais voulu la convaincre que ça lui ferait du bien à elle aussi de ne pas avoir besoin de s'occuper de lui (même si je savais que c'était surtout Helena qui s'occupait de mon frère). Mais elle n'avait rien voulu entendre et elle s'était très rapidement emporté. Je n'avais pas eu vraiment d'autre choix que de faire de même. Je m'étais emporté, je voulais bien le reconnaître, mais je n'avais pas compris l'attitude bornée de ma mère.

– Et puis, lui dire qu'elle est une mauvaise mère...

– Parce que c'est une bonne mère peut-être, m'exclamai-je vivement en croisant à mon tour les bras.

– Ce n'est pas la question.

– Si c'est la question. Anthony est malheureux, mais ça tu n'en sais rien parce que tu ne prends pas la peine de venir le voir. Je ne peux pas le laisser là plus longtemps. Il a besoin de moi.

– Ne me reproche pas de ne pas venir le voir ! Si je pouvais je viendrais le voir plus souvent.

Je savais que Joshua était sincère, mais cela ne m'empêchait pas de penser qu'il penserait différemment maintenant s'il prenait un peu plus la peine de venir voir notre jeune frère. Anthony me faisait vraiment de la peine à chaque fois que je lui rendais visite.

– Et ce n'est pas lui qui a le plus besoin de toi, reprit Joshua d'une voix toujours aussi sèche. C'est toi qui a besoin de lui. Je soupirai de plus belle aux paroles de mon jumeau, en levant les yeux au ciel. Tu l'as trop couvé pendant toutes ces années, c'est normal qu'il se sente seul maintenant que nous sommes partis. Il a besoin de temps pour s'y faire.

– Mais ça fait plusieurs mois ! Je n'en revenais vraiment pas d'entendre les propos de mon frère. J'avais le sentiment qu'il était incapable de voir ce que je voyais. Et arrête de tout me mettre sur le dos.

– Alors, je ne m'implique pas dans tes manigances.

Sans vraiment me contrôler, ma main s'écrasa sur la joue de Joshua. Je me sentais tellement en colère contre lui, incomprise. Comme d'habitude. C'était devenu vraiment trop récurent ces derniers temps.

L'amour d'une sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant