L'amour d'une sœur

XVII

La nouvelle nous avait été annoncé très tôt un matin, par Joshua directement, sa fille était née. Elle était née pendant la nuit et il était venue directement nous annoncer la nouvelle, enfin m'annoncer la nouvelle, surtout parce qu'il ne devait pas tenir tant que ça à apprendre à Arthur qu'il était enfin père. Et moi, je n'étais pas spécialement heureuse de le savoir. Non pas que je ne sois pas heureuse pour mon frère et pour son épouse, mais ça ne manquait pas de me ramener encore et toujours à la même chose... le temps de vie de Joshua était compté. Il n'avait pas pu rester bien longtemps, j'aurais pourtant eu envie de lui parler. Mais il devait prévenir notre mère, avant de retourner auprès de son épouse. C'était normal, évidemment, et en même temps je me disais que c'était quand même une bonne chose de savoir que mon frère voulait passer du temps auprès de sa femme, après les révélations qu'il m'avait faites dernièrement. Nous avions cependant convenu que je viendrais les voir dans la journée.

Ce fut sans Arthur donc que je me rendis chez mon frère, puisque mon époux devait travailler toute la journée. Je n'étais pas spécialement emballée par l'idée de passer du temps en compagnie de Christina, mais j'étais quand même curieuse de rencontrer ma nièce et j'espérait bien pouvoir parler un peu avec Joshua. Quand j'arrivai à destination, ce fut lui justement qui m'ouvrit la porte et sans attendre, je le pris dans mes bras.

– Je suis content que tu sois là.

Cette remarque eu le don de me tirer un sourire, j'étais heureuse qu'il soit content de me voir. Ça me faisait du bien, notre complicité me manquait cruellement.

– Tu n'auras pas à supporter la présence de notre mère, me dit-il dans un sourire en coin, sachant parfaitement que moins je la voyais mieux je me portais. Quand je suis allé la voir ce matin, elle était souffrante.

À cette remarque, je senti mon cœur manquer un battement. Je me doutais bien qu'elle était souffrante pour une bonne raison, à cause de moi. Et cette nouvelle me réjouissait plus qu'il ne le faudrait sans doute, mais je n'allais quand même pas commencer à culpabiliser alors que j'étais sûre de ce que je devais faire.

– Je vais faire comme si j'étais déçue, affirmai-je donc complice avant de suivre mon frère pour aller voir sa fille.

Judith, c'était ainsi qu'elle s'appelait. Objectivement, je pouvais en effet reconnaître qu'elle était plutôt mignonne. Elle était donc ma nièce et en un sens, ça me faisait vraiment bizarre. Je pris le temps de bien féliciter Christina, parce que c'était quand même la moindre des choses. Avant de parvenir quand même à m'isoler avec Joshua, en prétextant ne pas vouloir fatiguer plus encore la jeune maman, qui de toute façon devait bientôt recevoir la visite de sa propre famille.

– Alors, heureux ? demandai-je une fois que nous fûmes seuls dans une des pièces de la maison de mon frère.

– Il n'y a pas vraiment de raison que je ne sois pas heureux, me dit-il comme si c'était logique. J'ai toujours eu envie d'avoir des enfants.

Ça, je le savais, que c'était forcément quelque chose qui ne pouvait qu'arriver un jour et qu'il en serait sans doute heureux. Quand de mon côté, j'avais pensé toute ma vie que je n'aurais jamais d'enfant sans que cela ne me dérange réellement. Avant que Arthur n'entre dans ma vie et prenne certaine décision, qui me poussait à devoir faire croire à tout le monde que j'attendais aussi un heureux événement.

– Ça doit te faire bizarre non ?

– Ce n'est pas comme si je n'avais pas eu du temps pour m'y préparer, reprit-il. J'avais hâte. Il m'adressa un sourire en coin, et un regard qui en disait long. Tu vas connaître ça toi aussi, finalement.