XXI

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– Avez-vous au moins fermé un peu les yeux ?

– Pas du tout, répondis-je à Sofia qui était venu m'aider à choisir une tenue pour le soir même.

– Comment allez-vous faire, pour tenir pendant le diner avec votre frère ?

J'adressai un sourire à ma servante, j'appréciai la manière dont elle avait de se soucier de moi. Par moment, je me disais que c'était simplement son travail, mais il y avait quelque chose de sincère dans ses yeux.

– Ça va aller, je ne suis pas fatiguée.

Ce n'était pas vrai évidemment, j'étais extrêmement fatiguée après ma nuit blanche et ma journée sans parvenir à fermer les yeux et ne pensant qu'à Elizabeth et son histoire. Mais je n'avais dans tous les cas pas l'intention d'annuler le diner que nous devions partager avec Arthur chez Joshua et Christina. Parce que j'avais envie de voir ma nièce, mais que j'avais surtout besoin de la présence de mon frère. Je ne savais plus vraiment où j'en étais avec tout cela, ce que je devais penser de cette malédiction. J'avais besoin de lui, j'avais besoin de lui parler de ce que j'avais découvert. Ça n'allait rien changer, évidemment, mais c'était quand même important pour moi de simplement en parler.

– Si je peux me permettre Ma Dame, votre ventre me semble un peu petit.

– Tu trouves ? demandai-je en observant mon ventre artificiel dans le grand miroir de ma chambre. Comment est celui de Annabelle ?

– Plus gros.

– On va le grossir alors...

– Je vais aller chercher ce dont on a besoin.

Ça ne m'amusait pas spécialement de jouer ce petit jeu, mais ce n'était pas comme si j'avais réellement le choix. Même si Joshua était dans la confidence, je ne pouvais pas me permettre de me montrer imprudente. J'avais quand même hâte que tout soit terminé, que Annabelle accouche et qu'on puisse continuer de faire semblant sans que je n'ai besoin de paraitre enceinte. Même si j'anticipais un peu la volonté de ma belle-mère de se montrer trop présente. En tout cas, plus je me regardais dans le miroir, plus je devais confirmer le fait que ça me semblait crédible. Il n'y avait aucune raison qu'on ne pense pas que j'étais enceinte. Par réflexe, je posais mes mains sur mon faux ventre. Je ne regrettais pas tant que cela au fond de ne pas être enceinte, ça m'épargnait quand même de nombreux désagrément. Et en même temps... je savais que je ne parviendrais sans doute jamais à comprendre ce que vivait les autres femmes, ce qu'elles ressentaient. Mon regard se releva vers les yeux de mon reflet, qui n'était soudainement plus mon reflet. Dans le miroir, il y avait bel et bien une jeune femme enceinte, mais ce n'était pas moi du tout. Ses cheveux étaient longs et noir, ses yeux étaient d'un bleu intense. Pendant plusieurs secondes, je détaillai ce reflet sans bouger, me demandant qui cela pouvait bien être. Je levai le bras dans la direction de mon miroir et le reflet en fit de même, sans que nos regards se quitte. Je m'attendis presque à sentir le contact de ses doigts sous les miens quand je les posai sur le miroir. Mais je ne senti que le miroir.

– Ma Dame ?

Sofia me sorti de mes songes, je me retournai vivement vers elle.

– Tout va bien ? me demanda-t-elle inquiète.

– Oui, répondis-je dans un fin sourire, me forçant du mieux possible.

– Horace vient de me prévenir que Monsieur aura sans doute du retard et qu'il vous rejoindra chez Monsieur votre frère. Elle commença à m'aider à agrandir mon faux ventre. Il vous conduire chez lui, pour que vous ne fassiez pas le trajet seul.

L'amour d'une sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant