XXV

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Il était si petit, tout petit dans mes bras. La première fois que je l'avais pris contre moi, j'avais craint qu'il se brise. J'avais peur de ne pas être à la hauteur, mais finalement, je pensais m'en sortir pas trop mal. Ce petit être était donc niché dans mes bras, constamment, parce que je ne parvenais tout simplement pas à le lâcher. Je ne pouvais évidemment pas le garder constamment contre moi, mais c'était un véritable effort de ma part quand je devais le faire quitter le confort de mes bras. Enfin, j'osais croire qu'il était confortable, mais il me semblait bien que ce soit le cas. Parce que Anthony ne pleurait jamais. À peine quand il commençait à avoir faim, en dehors de cela était parfaitement adorable.

Anthony... ça m'était venu quand avec Arthur nous nous étions enfin retrouvés seul avec notre fils. Parce que c'était notre fils. Mon époux n'avait pas semblé surpris et il ne broncha pas une seule seconde. Je me disais même qu'il devait s'y attendre. Je n'y avais pas spécialement pensé avant, parce que finalement l'idée d'avoir cet enfant était encore bien trop métaphorique à mes yeux avant qu'il n'arrive réellement dans ma vie. Mais une fois que mon fils avait été dans mes bras, j'avais su que je voulais l'appeler Anthony. Je ne cherchais évidemment pas à remplacer mon frère, mais c'était un peu comme si une part de lui revenait dans ma vie. Et je me sentais sereine, comme je ne l'avais pas été depuis très longtemps.

J'avais eu des doutes sur mon avenir, je ne savais pas forcément comment les choses allaient se passer avec cet enfant, si j'allais pouvoir le considérer comme mon enfant, pouvoir l'élever comme telle. Quand je voyais qu'une femme pouvait tuer la chair de sa chair simplement parce qu'il lui rappelait trop l'homme qu'elle aimait, je me disais que c'était juste impossible que je puisse aimer cet enfant. Je n'étais pas destinée à aimer d'enfant, je devais normalement être protégé de la douleur de la perte d'un enfant apparemment et donc... de l'amour d'un enfant. Et pourtant, maintenant je ne me posais pas la moindre question. J'aimais Anthony du plus profond de mon être, j'étais sa mère même si je ne l'avais pas porté, Arthur était son père et nous étions une famille. Ma vie allait tourner autour de celle d'Anthony.

Je n'oubliais évidemment pas Joshua, c'était impossible. Et l'idée de le voir disparaître me serrait le cœur, d'autant plus que j'avais le sentiment de l'avoir trop vécu, sans doute parce que je l'avais justement trop vécu. Mais je savais aussi qu'il n'était plus le seul qui comptait et que Anthony méritait d'avoir toute mon attention. Quoi que puisse en penser une certaine personne. Elizabeth ne me lâchait pas, dès que je levais mon regard vers le miroir de ma chambre, je la voyais me fusiller du regard. Mais ce qu'elle pensait ne m'atteignait pas, il suffisait que je baisse mes yeux sur Anthony pour que tout redevienne parfait. J'avais envie de le dire, je me sentais heureuse. C'était peut-être la première fois depuis longtemps que je me sentais à ce point heureuse.

Quand on vint frapper à la porte de ma chambre, je ne pus m'empêcher de pousser un soupire n'appréciant pas réellement le fait qu'on vienne me déranger alors qu'Anthony dormait si profondément dans mes bras.

– Madame, la nourrice vient d'arriver, m'informa Sofia.

– Il est en train de dormir, répondis-je sans lever mes yeux, me contentant d'observer mon fils.

C'était compliqué de trouver un rythme avec la nourrice qui ne pouvait pas rester constamment chez nous, mais qui nous était forcément indispensable puisque je ne pouvais pas nourrir moi-même cet enfant.

– Vous savez que vous devez bientôt y aller ?

Je levai à ce moment-là le regard vers Sofia qui me regardait avec un regard tendre. La pauvre, elle devait constamment me pousser à lâcher mon fils, le laisser aux soins de la nourrice et parfois – comme maintenant – me rappeler que je devais quitter ma demeure. Et je savais qu'elle s'en voulait de devoir le faire, mais heureusement qu'elle était là. Arthur savait le faire de son côté, mais il n'était pas là constamment. Je savais que c'était une épreuve pour lui, mais il fallait bien qu'il parte travailler, malgré le fait que notre enfant n'ait que quelques jours.

L'amour d'une sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant