– Comment ça pas un accident ? demandai-je estomaquée par les propos de mon ancienne domestique.
Helena ne me regardait toujours pas et se contentait de fixer le plan de travail de la cuisine, comme si elle était en train de regretter les propos qu'elle venait de tenir.
– Helena, de quoi parles tu ?
Elle finit enfin par lever ses yeux vers moi, les larmes coulant en masse sur ses joues.
– Rien, je suis simplement tellement triste par la mort de votre frère. J'ai l'impression d'avoir perdu un enfant.
Elle se détourna vivement de moi, pour que je lâche prise, se dirigeant de l'autre côté de la table.
– Je ne te crois pas. Pourquoi est-ce que tu me dis que ce n'est pas un accident ?
– Je suis bouleversée tout simplement, vous pouvez comprendre ça non ? me lança-t-elle alors vivement, d'un ton sec que je n'avais jamais entendu de sa part. J'en fus tellement choquée par la manière dont elle me parla que je fus incapable de répondre quoi que ce soir sur le coup, alors qu'elle m'observait un regard dur. Laissez moi tranquille maintenant, j'ai beaucoup de travail.
– Helena, qu'est-ce qu'il te prend ?
– J'ai beaucoup de travail, cria-t-elle alors.
Edmund entra dans la pièce à cet instant précis, sans doute attiré par les cries de Helena. Il nous lança un regard, s'approchant de Helena alors que celle-ci reprenait encore une fois la parole.
– Vous n'avez plus rien à faire ici, ce n'est plus votre maison. Laissez-nous seuls.
– Helena..., ma voix se brisa. Je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait, pourquoi Helena était en train de réagir comme cela alors qu'elle me disait que la mort de Anthony n'était pas un accident. Je pensais ajouter quelque chose encore, sans pour autant savoir trop quoi, mais Edmund me fit un signe de ne pas insister.
Sans trop savoir ce que je devais faire, ce que j'aurais dû dire et ce qui arrivait à Helena, je décidai donc de m'en aller. Les propos de mon ancienne domestique me faisaient mal, vraiment mal. Je ne pouvais pas croire qu'elle puisse réellement le penser, qu'elle puisse à ce point changer d'attitude en si peu de temps. J'étais complètement perdue, par son attitude, par ses propos, par le fait qu'elle avait affirmé que la mort de Anthony n'était pas un accident. Qu'est-ce qu'elle entendait par là ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire ? Forcément, je me doutais que je n'allais pas le savoir pour le moment...
J'étais encore pleine de toutes ces interrogations quand j'arrivai finalement chez moi, après avoir hésité pendant tout le trajet à me rendre chez mon frère plutôt que de rentrer chez moi. Au vu de l'heure, Joshua serait sûrement chez lui et je pourrais parler avec lui de tout cela. C'était ce que j'avais envie de faire, mais j'avais finalement abandonnée l'idée. Je m'en voulais, mais en même temps je ne pouvais pas faire comme si tout était normal entre moi et Joshua en ce moment. Je me doutais qu'il allait dire que je me prenais encore trop la tête, que je me posais trop de question, que Anthony ne reviendrait pas... Je n'avais pas du tout envie d'avoir ce genre de conversation, je ne me sentais pas assez forte. Même si je me sentais tout de même très mal de ne plus chercher la présence de Joshua. Je ne supportais plus du tout tous ces changements, j'avais envie de revenir en arrière... de retrouver ma vie d'avant.
– Tout va bien ? me demanda Arthur en me voyant arriver dans le salon.
– Ça va.
Je ne me voyais pas plus parler de tout cela avec mon mari. Il était d'un grand soutien, je ne pouvais pas le nier, mais tout de même. Je ne pouvais pas en parler, pas maintenant.
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L'amour d'une sœur
General FictionQuand on est né dans une famille maudite, on n'a pas le choix que de vivre avec cette malédiction, même si elle nous semble particulièrement injuste. C'est l'histoire de Grace, une jeune femme devant faire avec la mort prochaine de ceux qu'elle arr...