XV

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Le repas fut une véritable épreuve jusqu'à la fin, après que Joshua et moi retournèrent auprès des autres. Je n'étais déjà pas à l'aise à la base, mais maintenant que je savais que mon frère jumeau était amoureux d'une autre femme que son épouse... Entre ma fausse grossesse, ce que je découvrais sur le décès de Anthony, et ce que venait de m'apprendre Joshua, je ne savais plus du tout quoi penser de tout cela.

Le temps avait donc été particulièrement long avant que mes invités décident enfin de s'en aller, ma belle-mère en dernière évidemment. Ma mère fut l'une des premières à être partie, elle devait avoir hâte de s'en aller, même si elle avait eu le loisir de se vanter en apprenant ma grossesse. Joshua et son épouse n'avaient pas tardé ensuite non plus, parce que Christina ne manquait pas d'être fatiguée par sa propre grossesse. Et ma belle-mère m'avait tant tenu la jambe que Arthur avait été obligé de lui faire comprendre que j'avais besoin de repos. Elle ne l'avait pas pris mal, évidemment, je savais qu'elle ne faisait rien par méchanceté – même si j'étais encore perturbée par le fait qu'une mère pouvait réellement aimer ses enfants – elle était simplement un peu trop étouffante par moment. Mais elle avait fini par partir.

Je n'avais pas tardé à aller me cacher dans ma chambre, pendant que Arthur conduisait sa mère jusqu'à la sortie. J'en avais marre de voir des personnes, j'avais juste besoin d'être un peu toute seule et de pouvoir enfin respirer. Je ne sais pas si Arthur avait senti mon besoin d'être seul, mais il n'arriva pas dans la chambre avant que je ne me sois mise dans mon lit et que j'ai eu l'occasion de faire semblant de dormir. Parce qu'il était évident que je ne parvenais pas à fermer l'œil. Il y avait tant de chose qui tournait dans mon esprit, bien trop pour que je puisse imaginer pouvoir me plonger dans mes songes.

D'ailleurs, au bout d'un moment, n'y tenant plus, je décidai de me lever de mon lit et de sortir de cette chambre, enveloppée d'un peignoir chaud. Je ne savais pas ce que je pouvais bien faire pour m'occuper, pour trouver un moyen de m'endormir. Je me contentai simplement d'aller prendre un livre dans la bibliothèque et de m'installer en tentant, tant bien que mal, de lire. Mais j'avais beau tourner les pages en lisant les mots, il n'y avait définitivement rien qui s'imprimait dans mon esprit.

– Tu ne dors pas ?

Je sursautai en entendant la voix de mon époux s'élever derrière moi. Je ne répondis, ça me semblait évident en effet que je n'étais pas en train de dormir. Il vint s'installer en face de moi. Je ne parvenais définitivement pas à savoir ce qu'il pensait réellement de moi, si je n'étais qu'une manière pour lui d'obtenir quelque chose, qu'un objet, ou si je comptais un peu pour lui. La manière dont il me regardait, dont il m'observait inquiet (ou jouant peut-être la comédie cependant, mais j'avais envie de m'attacher à quelque chose), c'était une manière dont j'aurais aimé que Joshua me regarde un peu plus. Au moment où j'avais envie de me confier à lui.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne répondis pas plus, baissant simplement mon regard vers le sol. J'ai bien vu que ça n'allait pas ces derniers jours. Moins bien encore que quand...

Arthur ne termina pas sa phrase, mais je comprenais ce qu'il voulait dire par là. J'allais moins bien encore qu'au moment où j'avais découvert que j'avais perdu mon plus jeune frère. C'était le cas, même si ça avait un rapport avec sa disparition. Je ne répondis toujours rien, incapable de lever mon regard.

– Grace... souffla-t-il avant de s'approcher un peu et de prendre mes mains dans les siennes. Tu peux tout me dire. S'il t'arrive quelque chose, tu peux m'en parler.

Depuis notre mariage, je devais bien avouer qu'il était tout de même au petit soin avec moi. Oh, je savais bien qu'il était loin d'être un ange, j'avais bien constaté à quel point il était capable de manipuler son monde. Mais tout de même, je n'avais concrètement pas à me plaindre de la vie que je menais avec lui, pas précisément avec lui. Mes soucis tournaient autour des autres personnes, mais pas autour de Arthur, pas réellement. Bon, je me serais tout de même épargnée de jouer les femmes enceinte, mais ce n'était pas grand-chose à côté du reste.

L'amour d'une sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant