L'amour d'une sœur

XXII

– Elizabeth, soufflais-je après quelque seconde, presque sûre d'avoir la bonne réponse.

Il me restait un léger doute, mais quelque chose me disait qu'il s'agissait bien d'elle. Je ne l'avais jamais vu, par la force des choses, mais c'était une conviction que j'avais au plus profond de moi. C'était bel et bien cette femme. Elle ne dit rien du tout, se contentant de me regarder simplement. Et pendant ce temps, j'eue le sentiment de devenir folle, tout simplement. Pourquoi est-ce que j'étais en train de voir Elizabeth ? Est-ce que c'était mon grand manque de sommeil qui me donnait des hallucinations, à cause de cette lecture qui me mettait hors de moi ? Je ne saurais dire... mais le plus incroyable restait quand elle reprit la parole.

– Je suis heureuse de pouvoir enfin te parler Grace, me dit-elle dans un fin sourire, ses mains posés sur son ventre.

– Pourquoi ? Qu'est-ce que tu me veux ?

– Je veux simplement discuter un peu avec toi, qu'on parle un peu de ta situation.

Je ne voyais toujours pas où elle voulait en venir, alors je ne dis rien tout simplement et me contenta de l'observer. J'avais eu le sentiment de la comprendre en lisant son journal, de me mettre à sa place, mais maintenant j'étais perturbée de l'avoir en face de moi. Surtout que j'avais l'impression d'être complètement folle.

– C'est la première fois que mon journal a obtenu autant d'intérêt avec une des jeunes femmes de notre famille.

– Tu nous considères comme de la même famille, après ce qu'il t'a fait.

Son frère, qui l'avait abandonné comme il l'avait fait, pour vivre sa vie avec une autre femme. Mon ancêtre qui faisait forcément parti de la même famille que cette jeune femme sous mes yeux, mais la situation était quand même particulière.

– Je n'ai rien contre vous. Je souhaite simplement vous protéger.

– Nous protéger ? demandai-je étonnée, presque agacée même, en entendant ces mots. Même si elle me faisait de la peine, après avoir lu son journal, parce que je parvenais à me mettre à sa place, je ne comprenais pas ce qu'elle entendait par nous protéger. En quoi elle nous protégeait au final ? À nous voler nos frères, les uns après les autres.

– Je sais que tu ne dois pas le voir comme ça, mais je tente vraiment de te protéger.

– Tu protèges mes frères aussi ?

– Tes frères ? Il n'y en a qu'un qui me concerne en tout cas.

Je sentis mon cœur se serrer en entendant ces mots, je la trouvais vraiment injuste, très dure. Je ne l'imaginais pas dire ce genre de chose.

– Ces frères ne méritent pas ma protection, ajouta-t-elle d'ailleurs.

– Ils ne sont pas tous comme le tiens tu sais ?

Joshua n'était pas comme Christopher, il n'avait rien à voir avec le frère de la jeune femme sous mes yeux. Je ne le connaissais pas encore une fois, je n'avais que les écrits de Elizabeth pour me faire une opinion. Mais je le savais que Joshua n'était pas comme son frère. J'avais envie de considérer que mon frère ne me trahissait pas comme Christopher avait trahi sa sœur, mais nous n'avions pas la même relation non plus. Je ne m'imaginais pas avoir la même relation. Joshua était mon âme sœur, mais ce n'était pas la même chose.

– C'est ce que tu dis, mais ce que je vois moi, c'est un homme trahissant sa femme pour fricoter avec une autre.

– Il n'aime pas sa femme, ça n'a rien à voir.