VIII

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– Félicitation !

Ma mère prit vivement Christina dans ses bras, ne cachant rien de l'enthousiasme qu'elle ressentait en cet instant précis. Quand elle arrêta son étreinte, je me forçai à afficher à mon tour un sourire, avant de prendre la parole.

– Félicitation, dis-je donc à mon tour avant d'étreindre ma belle-sœur.

Je jouais du mieux possible la comédie, mais je ne pouvais pas m'empêcher de sentir mon cœur se briser. J'aurais pu pourtant m'y attendre, ce n'était en soit pas si étonnant que ça et il fallait bien qu'elle ait une bonne raison pour nous convier avec ma mère chez elle en même temps. Nous ne nous parlions pas énormément avec Christina, mais elle savait que ma relation avec ma mère n'était pas vraiment au beau fixe.

Dès que j'eue la possibilité de me soustraire à la conversation entre ma très chère mère et ma belle-sœur, je le fis pour rejoindre Joshua dans la pièce qui lui servait de bureau, même si je m'étais toujours demandé en quoi il avait besoin d'un bureau chez lui.

– Quoi ? me demanda-t-il après que je l'ai observé pendant au moins cinq minutes silencieuse, assise dans l'un des fauteuils.

– Rien. Je fis de mon mieux pour empêcher ma voix de se briser, ce qui était loin d'être évident au vu du rythme auquel battait mon cœur. Je suppose que je dois te dire félicitation.

– Sans doute.

– Ça a été rapide...

– On nous a marié il y a six mois, ça n'est pas vraiment rapide.

– Ce n'est pas lent non plus, rétorquai-je plus sèchement que j'aurais aimé.

Six mois maintenant que nous étions tous les deux mariés et voilà que j'apprenais maintenant que mon frère allait avoir un enfant. Toutes personnes normales dans ma position serait heureuses pour son frère, mais ce n'était pas le cas. Parce que chaque nouvelle de ce genre ne manquait pas de me rappeler le début de la fin. Joshua allait être père, toutes les conditions étaient réunies.

– Arrête ça Grace, je sais exactement à quoi tu penses.

– Et tu penses que je peux ne pas y penser alors que j'apprends qu'elle est enceinte ? Cette fois-ci, je ne fis même pas l'effort de me retenir un minimum. Je ne pensais même pas au fait que quelqu'un pouvait passer près du bureau et nous entendre. Tu veux que je te rappel à quel moment le frère aîné de notre père est décédé ? Tu veux que je te rappel que notre cousin n'a jamais connu son père ?

– Ça suffit !

Les mots fusèrent de la bouche de mon frère alors qu'il frappait du poing sur son bureau, au point de me faire sursauter. Je me mordis l'intérieur de la joue pour me retenir de pleurer, mais ça n'était visiblement pas efficace. Joshua poussa un soupir, passant sa main sur son visage avant de retourner son regard vers moi.

– Excuse-moi, mais tu n'es pas la seule à devoir supporter ça Grace. Sa voix était pleine de reproche, ce qui eut le don de me briser encore un peu plus le cœur. Si tu pouvais, pour une fois être moins égoïste.

– Égoïste ? m'étonnai-je.

– Oui égoïste. Joshua poussa un nouveau soupir, sans doute pour se retenir de dire quelque chose qu'il regretterait ensuite. Je sais bien que ta position n'est pas enviable et franchement, je n'aurais aucune envie d'être à ta place. Mais mets-toi un instant à la mienne ? Tu crois que ça ne me fait rien de me dire que je peux très bien mourir à tout moment, parce que quelqu'un un jour l'a décidé ? Que je peux t'abandonner comme ça, te laisser seule avec tes angoisses attendant le moment où on va te prendre Anthony ? Que ça ne me fait rien de me dire que je peux très bien ne jamais connaître mon enfant ? Que ça ne me fait rien de ne ressentir aucune joie en apprenant que je vais devenir père ?

L'amour d'une sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant