Chapitre 9 : Je suis fatiguée, Arthur

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Je finis ma vaisselle avant de mettre la table pour Arthur. J'ai préféré manger et ne pas l'attendre, 22h c'est beaucoup trop tard pour un estomac comme le mien.

La fin de la journée s'est bien passée, on peut même dire que j'ai retrouvé ma bonne humeur. C'est à croire que c'est lui qui fait la pluie et le beau temps dans ma vie.

Je m'assois sur le canapé, ramenant la couverture en polaire sur moi. Je ne sais pas si j'y arriverai à passer mes soirées seule pendant qu'il travaillera. Je pense que dorénavant je mangerais chez Maman et que je ne viendrais ici qu'après. Cet environnement est tout nouveau pour moi et il n'a aucun intérêt sans Arthur.

J'attrape mon sac sur le côté et fouille à l'intérieur à la recherche d'un bonbon au chocolat que j'ai volé au bar. Pour ma défense, ils sont vraiment trop bon. Ils ont un coeur fondant, en plus. Alors, vous n'avez rien à dire.

Mais je stoppe ma quête bien assez vite en tombant sur autre chose.

La lettre.

C'est idiot mais je l'avais presque oublié.

Je la sors de ma besace en cuir pour la poser sur mes genoux pliés en tailleur. Est-ce que c'est le moment ? Je pense qu'il n'y en a pas. J'aurais beau attendre plusieurs jours, ça ne changera rien. Elle sera toujours là. Je n'ai qu'à laisser ma curiosité prendre le dessus.

J'éteins la télévision, histoire de rendre le tout plus officiel. Je déchire délicatement l'enveloppe jaunie par le temps.

À l'intérieur, une lettre et des réal brésiliens, monnaie officielle du Brésil. Je fronce les sourcils en sortant les billets. Je ne sais pas exactement combien ça représente mais ça semble être beaucoup et ça me met encore un peu plus dans le flou.

Je déplie cette lettre, découvrant une écriture que je ne connais pas mais qui est semblable à la mienne.

Le coeur battant et les mains tremblantes, je commence à la lire.

« Ariana,

Tu viens de naître, tu n'es qu'un nourrisson et je ne te verrai pas grandir. Je sais, tu dois avoir des centaines de question et si, comme je l'ai demandé à ta mère, tu ne sais rien de moi, on pourra sûrement en compter des milliers. J'ai 22 ans, comme toi lorsque tu ouvriras, enfin je l'espère, cette lettre. Je suis né et j'ai grandi au Brésil, ton lieu de naissance. C'est aussi ici que j'ai rencontré ta mère, il y a un peu plus de 10 mois. Je sais ce que tu dois te dire, mais même si tu n'étais pas prévue au programme, je n'ai jamais attendu quelqu'un avec autant d'impatience.

Je ne suis qu'un gamin qui rêve d'accomplir de grandes choses, de changer le monde. Mais pour le moment, mon monde, c'est toi. Tu es là, blottis dans les bras de ta mère, dormant profondément. Ella ne me quitte pas des yeux, elle sait que je te dis au revoir dans cette lettre. Elle pleure encore et encore, de fatigue d'avoir accompli cette beauté de la nature qu'est l'accouchement, mais aussi parce-qu'elle va me perdre.

On le savait depuis le début, nous deux c'était juste éphémère. Je suis fiancé, Ariana. Je suis sur le point d'épouser une femme que je n'aime pas. Mais dans le monde où je vis en ce moment, l'argent est plus important que l'amour.

Alors tu es notre miracle, la seule chose qui restera de notre amour. Dans deux jours je serai marié mais mon coeur vous appartiendra pour toujours..

Je fais une pause dans ma lecture, reposant délicatement la lettre sur mes genoux. Je déglutis difficilement, sentant une boule se former au creux de ma gorge. Je renifle, ne voulant pas me laisser submerger par les émotions. Je ne comprend pas tout, comme le fait que je ne sois pas née en France. Je me sens presque honteuse, toute ma vie j'ai pensé que mon père n'était qu'un lâche qui avait mis ma mère enceinte et qui s'était fait la malle. D'après cette lettre, ce n'est pas le cas. Et je pense à Maman. Si c'est la vérité, je n'imagine pas sa douleur et sa peine.

Mon Demi-Frère et Moi - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant