Mon Demi-Frère et Moi - TOME 2

Chapitre 10 : Moi non plus Aria

« Ma tête se tourna vers le hublot et mes craintes se confirmèrent. Nous descendions directement dans la Manche. Je me rappelle avoir senties les larmes dégringoler sur mes joues mais sans jamais pouvoir crier. J'étais tétanisée, mon estomac au bord des lèvres et cette sensation de ne rien pouvoir faire à part attendre et peut-être prier me firent fermer les yeux. Le plus fort possible. Mes ongles se plantèrent dans les accoudoirs et j'attendis. Pas longtemps, juste le temps que le visage des gens que j'aimaient me traverse l'esprit et qu'un bruit assourdissant du choc entre l'avion en pleine vitesse et l'eau de la mer se fasse entendre et que je perde connaissance. »

Mes yeux s'ouvrent rapidement ne rencontrant que l'obscurité, et j'essaie tant bien que mal de reprendre une respiration normale. Il faut que je me calme, ce n'est qu'un cauchemar. Techniquement c'est un souvenir mais j'aime me dire que c'est passé et que ça n'arrivera plus jamais.

Je suis en nage, mon débardeur me colle à la peau et je n'ai qu'une envie, aller prendre une douche pour oublier cette épisode quotidien. Je me languis de demain, d'en parler à ma psychologue. Mes nuits ne sont pas réparatrices et je peux compter celles sur les doigts de ma main où je n'ai pas rêvé de l'accident.

Je tourne la tête vers le réveil : 6h58. Je grimace, je les aurais bien passé plongée dans un bon sommeil ces deux dernières minutes.

Je sursaute quand Arthur, que je pensais profondément endormi à mes côtés, me ramène contre lui.

- Bonjour.

Je le laisse déposer un chaste baiser sur ma joue, tandis que je ferme les yeux encore quelques secondes, frottant mon nez contre sa barbe de trois jours.

- Salut.

- Ça va mieux ? Il me demande.

Je fronce les sourcils, avant que tout ne me revienne bien trop vite sur la figure. Mon père. Sa lettre. Mon pétage de plombs. Comment est-ce que j'ai pu oublier ça ? Je serre les dents, oui, j'aurais bien aimé profiter de ces deux dernières minutes de répit.

- Ouais.

Je ne veux pas en parler maintenant. Je veux juste aller prendre une douche, travailler et peut-être avoir une discussion avec ma mère. J'ai dit peut-être, je ne sais pas encore se que je veux faire. C'est trop frais ou trop tard, d'ailleurs.

J'essaie de m'extirper de ses bras mais il me retient, me faisant grogner.

- Reste, j'ai envie d'un câlin.


Il m'embrasse dans le cou, mais là, je ne suis vraiment pas d'humeur.

- Je vais être en retard, Arthur.

- Je vais essayer d'être rapide alors.

Il essaie de relever mon tee-shirt, mais je le repousse. Ce n'est pas le moment.

- J'ai mes règles.

Je l'entends lourdement soupirer pendant que je profite de cet instant de flottement pour sortir du lit. Je suis d'une humeur exécrable et je sais que ce n'est pas de sa faute et que je ne devrais pas lui parler comme ça mais c'est plus fort que moi.

Je m'enferme dans la salle de bain, prenant rapidement une douche. Une dizaine de minutes plus tard, quand j'en sors, le jeune homme semble s'être rendormi. Ce n'est peut-être qu'une ruse pour éviter un nouveau conflit, et si c'est ça, ça m'arrange.

Je descend rapidement les escaliers, prête à partir vers le bar. Je sais que Jane fait l'ouverture mais Ellian m'a demandé de l'aider, vu qu'elle n'est plus vraiment apte et qu'il est en déplacement pendant deux jours.