Chapitre 10 : la vérité de Sora

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Je suis figée sur place. Comment est-ce possible, comment Éténa a-t-elle pu me retrouver aussi rapidement et surtout monter une armée aussi grande ? Mon cerveau passe par une multitude d'émotions que je ne peux pas gérer pour le moment. J'ai envie de pleurer, de crier, mais, et surtout de la tuer. Elle a voulu ma mort, j'aurai la sienne, elle paiera les conséquences de celle de père. Ma colère grandit de plus en plus et la tempête, que je peine à présent à maîtriser, devient de plus en plus violente et destructrice. Je laisse libre cours à mes pensées en formant des armes toujours plus puissantes les unes que les autres. Tous ceux s'étant alliés à ma sœur devront mourir. J'attends avec impatience qu'elle contre-attaque ou tente quelque chose, mais il n'en est rien. Je suis encore plus agacée, mais avant que je ne puisse lâcher entièrement ma colère des bras puissants m'enserre la taille et me font revenir immédiatement à la réalité.

- Hivy, reste avec nous, tu vas trop loin, c'est dangereux, tu pourrais blesser les habitants. S'il te plaît calme toi.

- Les garçons ? Non, je vous ai dit que nous sommes dans un état où nous nous devons d'agir immédiatement, la menace est là devant nous, j'en ai l'intime conviction.

- Hivernelle fait moi confiance, je connais la guerre bien mieux que toi, il vaut mieux attendre pour être prêt à combattre le tout en évitant des morts inconsidérés. Calme-toi, retourne te reposer, tu es très pâle et tu trembles comme une feuille. Je vais me charger de faire un rapport au roi. Esteban raccompagne-là.

- Guillan, il faut agir vite.

- Jeune fille, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, laisse moi gérer ça. Je viendrai te voir si j'ai besoin de ton expertise, mais pour le moment, ce n'est pas le cas.

Esteban me tire par le bras et m'entraîne à l'intérieur du château. Il a mauvaise mine, et semble soucieux. Je me sens de plus en plus cotonneuse et mes jambes peinent à me porter. Ma vision se trouble et ma respiration se coupe. Non, ce n'est pas le moment de flancher, je dois tenir jusqu'à ma chambre après, je pourrai m'effondrer, mais je ne peux pas le faire devant Esteban. Il doit sentir que j'ai du mal à le suivre et passe un bras autour de ma taille pour me soutenir. Il prend également mon bras qu'il met autour de son cou et nous avançons un peu plus lentement vers ma chambre. Il ne dit rien, mais je ressens son aura de bienveillance autour de moi. Nous croisons des domestiques encore en poste, mais aucun d'eux ne fait de commentaire, je distingue des regards en coin, mais pas de mots.

Une fois arrivée dans ma chambre, il m'allonge sur le lit et m'apporte un peu d'eau ainsi que des linges humides. Il m'essuie un peu pour retirer la sueur qui perle sur ma peau et en dépose un sur mon front. Mon corps est lourd, il me fait atrocement souffrir. Cependant, je suis tellement épuisée que je n'arrive même pas à ouvrir la bouche pour le lui dire. Il me caresse un temps les cheveux puis dépose un baiser sur mon front avant de quitter la pièce. Je plonge finalement dans les bras de Morphée...

Je suis seule dans une plaine totalement dégagée. Pas un arbre à l'horizon, pas un seul animal, rien. Cet endroit se rapproche plus du néant qu'autre chose, le calme qui y règne est affreusement glacial et le manque de vie terriblement pesant sur la conscience. Je me décide à déambuler sur cette plaine dans l'espoir de pouvoir trouver quelque chose approchant de la réalité. Je finis par apercevoir une silhouette au loin. Elle semble me faire dos. De longs cheveux flottent au gré du vent ce qui lui donne une allure mystique. Plus je m'approche de cette femme plus je me rends compte qu'elle n'a rien de vivant. Pas de visage, pas de couleur, pas de vie. Elle est là inerte regardant au loin sans se soucier de ce qui l'entoure. Je tends le bras pour la toucher, mais je la traverse comme si je m'appuyais dans le vide. Finalement la tête de cette femme faire un tour sur elle-même et me fait face. Un sourire énigmatique s'est dessiné sur son visage. Elle prononce une phrase qui me glace le sang. "Nous nous reverrons très bientôt ma belle, très bientôt".

Devil of libertyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant