Chapitre 14 : L'amour d'un prince (partie 1)

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 Voilà trois jours que le banquet est passé. Nous sommes en selle en direction du nord. Mon bataillon semblait un peu fatigué mais heureux de sortir hors des murs du château. Artémis est relativement calme, mais je la sens par moments un peu tendue. Elle doit ressentir mon anxiété à l'idée de retourner au manoir. Nous avançons le jour et nous nous reposons la nuit enfin pour ceux qui arrivent à dormir. La forêt est très hostile et terrifiante la nuit et les bruits qu'elle amplifie ont eu raison d'un certain nombre du groupe. Falender lui-même a eu tendance à ne pas rester seul dans les bois. Il refuse catégoriquement d'aller explorer les environs à la recherche d'un potentiel danger. Cette nuit, c'est mon tour de garde avec un jeune soldat, de dix-huit ans tout au plus, nommé Alex. Il fixe tout autour de lui et se retourne au moindre bruit. Je suis assise en face de lui et m'amuse de son comportement. Il n'est jamais sorti en dehors de la ville, et n'a eu que des gardes du marché comme travail tout au plus. Je sais qu'il est en difficulté et qu'il a du mal à suivre l'entraînement, mais il reste de bonne volonté, c'est pour ça que j'ai accepté qu'il vienne avec nous.

- N'aie crainte, la nuit est calme ce soir, respire un peu, tu vas faire une crise cardiaque si tu continues.

- Je n'aime vraiment pas cet endroit, je ne me sens pas à ma place.

- Sans rire. J'ai grandi dans ce genre de région donc je connais bien l'environnement. Crois-moi tu n'as rien à craindre. Tout au plus, tu verras un loup et encore ce n'est même pas sûr.

- Et si nous rencontrions une créature obscure ou pire un monstre.

- Alors nous le tuerons.

- Mais je ne me suis jamais battu contre un monstre. Ils sont puissants non ?

- Pas plus qu'un humain rusé. Alex, si tu penses au pire alors il va forcément finir par arriver. C'est pareil avec les blessures, si tu penses que tu vas te blesser alors tu le feras.

Au même moment, un bruit de branche qui craque nous surprend. Alex pousse un petit cri et je tourne la tête en direction du bruit. Un gros loup blanc se dresse devant nous. Il n'est pas agressif, au contraire. Il trottine gentiment vers nous puis pose sa tête sur ma cuisse. Je reconnais immédiatement le prince dans la bête. Alors lui, il est irrécupérable. Il m'a fait toute une scène quand je devais partir en refusant que je sorte de la chambre et en me retenant par tous les moyens. J'avais fini par m'énerver et lui avait gelé les pieds au sol pour qu'il me laisse tranquille. Je me demande comment il a fait pour passer outre la surveillance de ses deux amis et de sa famille. Il montre les crocs au jeune soldat à côté de moi, ce qui le fait déguerpir instantanément. Je lui donne une pichenette sur le museau puis attrape ma cape pour qu'il reprenne sa forme humaine -ce qui le rendra complètement nu, je n'en doute pas- et il s'installe près de moi. Sora s'assoit en souriant innocemment. Il dépose un rapide baisé sur mes lèvres avant de s'envelopper un peu plus dans ma cape. La nuit est fraîche pourtant, il ne bronche pas une seconde -faculté de vampire j'imagine- et il prend ma main pour me tirer un peu plus vers lui et poser sa tête sur mon épaule. Je lui caresse le dos de ma main droite et augmente un peu la puissance du feu de l'autre. Je doute qu'Alex revienne pour son poste, ce qui me laisse seule avec mon amant. Le crépitement du bois à raison du sommeil de Sora et je constate qu'il s'est endormi sur mon épaule. C'est plutôt rare pour moi de le voir se reposer, les vampires non pas vraiment besoin de beaucoup de sommeil et ont tendance à dormir en journée. Je souris tendrement et continue à attendre que la nuit passe tout en gardant mes oreilles bien ouvertes à la recherche du moindre bruit pouvant me signaler un danger.

Ce n'est que tard dans la nuit qu'Alex revient près de moi tout penaud. Il remarque alors le prince qui dort paisiblement sur mon épaule. Ses yeux s'écarquillent et il semble gêné et ne sait pas quoi faire. Je lui indique la place à ma gauche en tapotant le rondin de bois s'y trouvant. Il hoche la tête et s'installe tout en regardant le feu de camp. Je ressens ses émotions et elles sont très désagréables. C'est un mélange de peur, de surprise, d'anxiété et de déprime. J'ai remarqué que depuis un certain temps, j'ai tendance à être sujette aux émotions des personnes m'entourant, bien que je tente d'en faire abstraction, il est parfois compliqué pour moi de les éviter, comme ce soir par exemple.

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