Devil of liberty

Chapitre 13 : Un repas royal ! (partie 2)

La réunion est complètement interminable. Voilà deux heures que nous sommes assis sur ses chaises -certes très confortables- à regarder une présentation d'un type dont j'ignore complètement l'utilité. Cependant, il semble plutôt riche au vu des habits qu'il porte et des bijoux que ornent son cou et ses mains. Pendant tout ce temps, Sora n'a pas arrêté de me lancer des regard insistant et remplis de sous-entendu. Plusieurs fois, il s'est fait rappeler à l'ordre par son père, ce qui m'a toujours fait sourire. Pour ma part, c'est plus Guillan qui me donne des coups de coude dans les côtes lorsqu'il remarque que je ne suis pas vraiment concentré sur le sujet. Alors que le présentateur se lance sur un nouveau sujet, je suis surprise par sa parole. Il évoque les terres gelées, et je ne mets pas longtemps à comprendre qu'il parle de ma région natale. Il demande l'aide du roi pour une conquête de ses territoires. Ainsi il aura besoin d'une poignée d'hommes pour parvenir à ses fins. Je tique immédiatement, car dans ce qu'il expose, cet endroit serait totalement inhabité, pas un village aux alentours -ce qui est complètement faux- et qu'au mieux nous tomberons sur une meute de loups. Visiblement, je ne suis pas la seule à trouver cette demande plus qu'étrange puisque le roi lui demande la raison de son besoin de conquête. L'homme répond que les terres seraient incroyablement fertiles et que la qualité des plantations serait exceptionnelle contrairement aux terres fatiguées se trouvant autour du royaume. Je sais qu'il a raison, car dans les brefs souvenirs que j'ai de mon voyage avec mon défunt père, les champs semblaient bien vivants et les récoltes de qualité. Les villageois aux alentours ne semblaient pas manquer de vivres et avaient souvent une place pour des voyageurs. C'est très discordant de ma vie au manoir, car nous étions très souvent entourés de neige et donc l'herbe verte ne se montrait que très rarement, mais pour autant, je sais que c'est à cause d'un sort nous permettant de vivre cachées. En revanche, lorsqu'il aborde le manoir, je bondis de ma place et claque mes mains sur la table devant moi. Ma rage est sortie toute seule et tous les regards se sont tournés vers moi, mais je m'en fiche. Il est hors de question que cet abruti détruise ma bâtisse.

- Un problème, petite fille ?

- Oui un gros, pour commencer, je ne suis pas une petite fille, ensuite votre envie de grandeur est complètement stupide.

- Et en quoi une enfant peut-elle se permettre de me faire la leçon ?

- Cette enfant comme vous dites, à vécu dans ses terres, je les connais par cœur. Et vous osez mentir au roi en lui disant que cette conquête ne sera pas sanglante, car personne n'y vit ?

- C'est exact, nous n'avons jamais eu de contact avec des villageois venant de cette région.

- Les gens vivant là-bas n'ont pas besoin de vous, ils ont toujours su se débrouiller seuls et entretenir leur terre. Il est hors de question que vous alliez là-bas.

- Hivernelle, asseyez-vous. Ce n'est pas à vous de décider.

- Mais...

- Assis ! Falender, êtes-vous sûr de ce que vous avancez ? Ces terres, peuvent-elles vraiment nous aider à pallier le manque de vivres de nos campagnes ?

- J'en suis certain, en revanche seul, un mage peut nous permettre d'avancer dans ce milieu.

- Bien, je t'aurai bien dit de prendre les troupes de Guillan, mais j'ai besoin de lui pour une autre mission, donc je te propose de prendre Hivernelle avec toi. Et je te préviens tout de suite jeune fille, tu feras ce que je te dis de faire compris. Sur ce, le sujet est clos. Donne-moi ta date de départ et j'aviserai de mon côté.

- Merci monsieur. Je vous en suis reconnaissant.

Je ne réponds pas et me renfrogne dans mon siège. Guillan pose une main sur ma cuisse pour me demander de me détendre, mais je l'ignore simplement. Je bouillonne intérieurement et surtout ma magie semble elle aussi s'agiter. Nous abordons encore deux ou trois autres sujets dont un que je n'écoute pas trop. Ils parlent d'un bal avec un grand banquet pour présenter des jeunes filles à marier. Ce sujet agace également Sora et qui lève les yeux plusieurs fois au ciel. Une fois que le roi décide de stopper la réunion, je ne perds pas plus de temps pour rassembler mes affaires et sortir de la pièce. Je suis la première dehors et me dirige vers ma chambre sans me retourner même lorsque le roi m'appelle. Je n'en reviens pas, lui qui voulait que je mange à sa table ce soir alors qu'il me demande de participer à une conquête qui je le sais risque d'être sanglante. Et je le sens, mais Éténa est probablement dans cette région. Elle connaît bien le manoir et elle connaît aussi toute la région alentour. Je claque ma porte et la scelle avec ma magie pour que personne n'entrent sans mon accord. J'ai besoin de me calmer dans un premier temps. Alors que j'ouvre mon armoire pour prendre une tenue bien plus confortable, je vois la jeune fille dormir paisiblement sur un matelas posé par terre près de mon lit. Je l'attrape et la dépose sur le mien pour qu'elle se repose plus convenablement puis la borde. Je vais dans ma salle de bain pour me changer puis retourne dans ma chambre afin de prendre un livre et m'installer sur le rebord de la fenêtre. Le ciel est clair et la lune entière, ce qu'il fait que je n'ai pas besoin de lumière supplémentaire pour avoir une bonne vision.