I don't wanna miss a thing ...

Chapitre 11

Aimée :

Le sourire aux lèvres je repense encore à hier matin, à cet instant sur le toit avec Nathan. Je me repasse cette scène dans ma tête. Moi, en train de lui déballer ma vie d'une façon assez pathétique, lui me regardant d'une façon hypnotique à m'en faire perdre la raison et surtout la trace brûlante de ses lèvres chaudes sur mon front. Comment j'ai pu lui parler de l'une des pires erreurs de ma vie ? Une petite voix dans ma tête me redit que c'était pour Dan, mais au fond, je sais très bien que ce n'était pas la seule raison ...

En plus, je le connais à peine, depuis seulement quatre petites journées. Me rendant compte de la manière dont je me suis confié à lui, mes joues s'empourprent. Ce n'est clairement pas dans mes habitudes. Moi qui n'aime pas parler de tout ça, la conversation d'hier matin ne me ressemble pas. Et ses sensations qui m'ont transporté tour à tour n'étaient en rien reconnaissables. Elles étaient comme décuplées en sa présence. Tous mes sens étaient en alerte.

J'espère qu'il ne va pas faire de vagues, qu'il a compris le message, que je ne me suis pas mise à nu pour rien. Dans le cas contraire, je ne sais pas si je pourrais le regarder en face sans vouloir l'insulter de toutes mes forces. J'ai voulu lui parler pour qu'il arrête de se voiler la face, qu'il ne continue pas ce jeu dangereux avec Steve et qu'il mette sa fierté et son orgueil de côté, merde ! Je commence à paniquer. Et s'il avait fait quelque chose ? Nan, n'y pense pas. Il n'aurait pas pu. Pas lui. Il n'est pas comme ça.

Mais qu'est-ce que t'en sais putain ?

Si ma conscience pouvait gentiment fermer sa gueule, ce serait tellement plus rassurant ...

C'est dingue tout ce que l'on peut vivre en quelques jours comparé à des mois entiers. C'est vrai quoi. Avant lui, je ne me posais pas 36 mille questions d'une manière aussi torturée. Je mangeais, dormais, bossais et point barre. Faut que j'arrête de trop réfléchir parce que je vais finir par exploser entre -temps. Allez, détends-toi putain. Remarquez que je suis un poil vulgaire quand je suis stressée. Sans blague Aimée ! Je fais taire cette pensée de ma tête du mieux que je peux.

Mon casque dans les oreilles, mes lèvres s'étirent de plus en plus au son d'un titre qui me fait littéralement rire à chaque fois que je l'écoute mais surtout qui me rappelle l'un de mes meilleurs souvenirs de mon enfance. Mes yeux se posent sur les rayons du soleil. Puis, emportée par cette vague d'émotion, je me vois transporter dix ans auparavant en train de contempler un autre lever du soleil, dans un autre Etat, à la table de ma cuisine. Nous étions tous réunis pour le petit-déj', mes parents, mon frère et moi. Avec Dave, on ne faisait que de se chamailler entre nos céréales et les peaux de clémentine au-dessus de nos têtes.

Ma mère, pour la première fois depuis longtemps ne nous a pas fait son speech du parent responsable. Elle s'est jointe à nous, à nos éclats de rires et à nos batailles futiles. Mon père, quant à lui a vite capitulé ! Comme s'il avait le choix, me diriez-vous ... Je me souviendrais toujours de ce jour-là. Quand elle nous a emmenées à l'école, cette chanson passait à la radio. On était tellement enjoué et de bonne humeur face à ce son drôle et tellement inattendu que nous avons tous ris de bon cœur.

Et puis, comme emporté par l'euphorie du moment, j'ai chantonné cet air entraînant. Ma mère s'était alors retournée vers moi avec un air fantomatique sur son visage. Elle a ensuite reporté son attention sur le volant et m'a suivie quelques secondes plus tard en chantant comme si sa vie en dépendait. Dave s'est pris au jeu lui aussi.

C'était la première fois que je me sentais réellement en paix et sereine avec moi-même et le monde qui m'entourait. Une sensation dans mon ventre était apparue me faisant apprécier ce moment encore plus. Quand nos voix se sont éteintes, un silence magique s'est installé dans l'habitacle. Essoufflée et les yeux brillants de mille étoiles, je savais déjà que je voulais recommencer encore et encore... Et c'est comme ça que nous avons inventé notre petit rituel à nous au fil des ans m'épanouissant de plus en plus.