Chapitre 11 : Un amour différent

496 17 3
                                    

Une fois sortie du bâtiment, Raven respira un grand bol d'air, même s'il n'était pas très frais; la puanteur des cadavres en décomposition flottait déjà dans l'air et les corps de leurs défunts ennemis gisaient un peu partout dans la base. Des coulées de sang noir s'écoulaient dans de longs et profonds sillons creusées par les différentes marques d'armes dans le sol. Malgré toute l'horreur que lui écoquait cette scène, Hayden retirait satisfaction de voir tant d'êtres Noirs décédés, de ses propres mains ou non. Et le précédent baiser -si on pouvait l'apeller ainsi- qu'il avait échangé avec Raven lui avait donné une sorte de rage, un sentiment envahissant ses muscles et son esprit au point de le rendre presque ivre de joie. Mais en jetant un coup d'oeil vers sa protégée, il s'aperçut que son ivresse n'était pas partagée par la Nymphe.

Raven essuya précipitemment sa joue mouillée de futiles larmes, rageant contre elle-même de paraître si faible. En voyant tout ses corps qui se vidaient petit à petit de leurs fluide vital, les larmes qu'elle retenait depuis un bon moment s'étaient finalement échapées de ses yeux sans son autorisation. Sur la droite, Louis observait également la scène, une expression indéchiffrable sur son beau visage couvert de sang et devant le petit groupe, Chloé marchait, le dos aussi droit qu'un I. 

Mais alors que le groupe d'êtres Nymphatiques se dirigeaient vers la sortie du camp ennemi, Chloé aperçut la première une silhouette gracile et musclé se dessiner à l'horizon. Elle se doutait qu'on ne les laisseraient pas s'en aller si facilement, surtout que le maître du camp, un puissant elfe Noir, ne s'était pas encore montré. La guerrière avait oublié à quel point les êtres Noirs supérieurs étaient beaucoup plus intelligents que leurs simples sentinelles. Cependant, alors qu'elle allait sortir une autre dague de sa ceinture, Chloé s'immobilisa à la vue d'un autre corps logé dans les bras du plus grand. Hayden arriva à son tour, suivit de près par Louis et Raven. L'elfe examina quelques secondes les silhouettes qui se dressaient devant leurs seule et unique chance d'échappatoire, puis il retint un hoquet de surprise.

- Mère ! Cria-t-il, sa puissante vois résonnant dans le camp entièrement vide.

Chloé lui saisit immédiatement le bras, se doutant bien qu'il essaierait de rejoindre sa mère qui était prisonnière d'un puissant elfe Noir. Qui ne l'aurait pas fait pour un proche ?

- Arrêtes Hayden ! Il n'attend que ça, n' y vas pas !

L'elfe lui lança un regard où se mélangeait la peur, la détresse, l'inquiètude et égalemment la colère. Cela déstabilisa Chloé pendant une diazaine de seconde, mais elle se reprit bien vite.

- Crois-moi.

- Je devrais la laisser entre les mains de ce monstre d'après toi ? Hurla-t-il à nouveau, et cette fois, ses cheveux ainsi que ses yeux rouges appuyaient fortement ses émotions.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit.

Les cheveux de la guerrière s'étaient également teintés de rouge, mais ses yeux gardaient leur teinte jaune, prouvant bien que la Nymphe essayait de canaliser sa colère.

- C'est bien beau tout ça, mais en attendant ils ne font rien avancer, fit remarquer Louis.

- Vous n'avez qu'à y aller, rétorqua Raven avec une pointe de colère et d'agacement.

Louis haussa un de ses sourcils parfaits -quoique poissé de sang- avant de rétorquer avec nonchalance.

- S'ils continuent dans cette voie, j'y serais bien obligé.

Raven ne fut pas etonnée par la réponse du mage, la Nymphe comemençant tout jute à cerner la personnalité de celui-ci. Elle se retourna vers Hayden et Chloé qui continuaient à se disputer comme un tout jeune couple. Louis soupira, puis l'instant d'après, ildisparut. Raven en sursauta d'etonnement, mais se ravisa à l'apeller. Quelle idée farfelue cet idiot pouvait bien avoir en tête ? Quant à l'ennemi qui se tenait toujours en face de la seule er unique sortie, il se tenait toujours là, bien droit. Au moins, on ne pouvait pas lui repprocher qu'il était dénué de patience.

En observant de plus près, Raven aperçut également l'éclat désormais familier à ses yeux des armes Nymphatiques. L'elfe Noir pointait un petit poignard sur la gorge de la mère d'Hayden, et s'il le souhait, d'une simple pression du poignet, Wilmas perdrait la tête au sens propre. Et pourtant, son fils se disputait puérilement sur le fait de passer à l'action ou non. De son côté, Louis ne s'était pas gêné.

Lassée des bruits provenant de la dispute et du stress incessant que lui procurait la vue de Welmas dans les bras d'un traître armé, Raven saisit doucement son arc, misant sur le fait que son ennemi était trop loin pour voir un déplacement si futile. Mais la chance ne fut pas de son côté, et l'elfe Noir perçut la main de la Nymphe qui saisissait le manche dorée de l'arme. La lame du poignard s'enfonça doucement dans la peau ridée du cou de Welmas, tirant à celle-ci un petit gémissement de douleur au contact de son sang chaud et poisseux sur sa peau glacée. Ce fut le geste de trop pour la Nymphe Elue : elle saisit l'arc pour de bon, prit rapidement une flèche tout aussi dorée que son arme, et moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'arc était armé, et la flèche d'or s'apprêtait à partir dans la tête de l'elfe Noir d'en face. Voyant le danger, celui-ci prit un quelconque élan pour planter sa dague plus profondément dans la carotide de la vieille Nymphe entre ses bras.

Louis apparut juste à ce moment, immobilisant la dague grâce à une simple épée -sûrement l'avait-il dérobée sur un cadavre-.

- Raven ! Maintenant ! Cria-t-il difficilement alors que l'elfe Noir commençait à gagner du terrain en se rapprochant du cou de Welmas.

 A ce moment, Chloé et Hayden qui se disputaient toujours, arrêtèrent de se chamailler pour tourner simultanément leurs regards vers Louis qui luttait contre la force brute de son ennemi. Raven vit qu'Hayden s'apprêtait à intervenir, mais elle ne lui en laissa pas le temps, décochant impitoyablement sa flèche dorée qui se ficha avec un horrible bruit mat dans le crâne de l'elfe Noir. Du sang noir s'échappa de la blessure, nimbant la base de la flèche d'or d'un noir insolent.

L'ennemi lâcha Welmas qui courut se réfugier dans les bras de son fils, puis son corps trembla légèrement. Louis s'en était éloigné depuis longtemps, par prudence mais également par crainte de se prendre malencontreusement la flèche à la place de l'elfe Noir. Le corps de celui-ci continuait toujours d'avancer, tel un automate dont les rouages commençaient à dérailler, puis une fois arriver devant Raven -elle n'avait pas reculer, ne voulant pas montrer une preuve de faiblesse quitte à être blessée-, il récita d'une voix lointaine et tremblante.

- Quand les Corbeaux font leurs apparitions dans le ciel, cela veut dire que la mort n'est pas loin, petite Elue.

Puis sur ses derniers mots, ses yeux se convulsèrent pour ne laisser apparaître que le blanc et il s'écroula à terre dans un craquement d'os. Raven contempla quelques instants le corps frais à ses pieds, essayant d'analyser ce qu'il avait osé lui dire. Lui avait-il prédit, d'une manière totalement macabre, qu'elle allait mourir ?

Louis se rapprocha d'elle, se tenant douloureusement le bras.

- Nous ferions mieux de partir d'ici. Je ne tiens pas à m'attarder dans cet endroit.

La Nymphe opina du chef, appuyant les paroles de l'elfe par un regard vers Chloé et Hayden, ce dernier étant occupé à réconforter sa mère et à regarder si elle n'avait aucune blessure. Chloé partit devant, suivie par Louis. Sûrement allaient-ils chercher d'autres chevaux.

- Hayden, j'ai besoin de te parler, commença Raven en s'avançant vers l'elfe qui portait sa mère endormie dans ses bras musclés.

Il soupira, se doutant très bien de quoi Raven voulait parler.

- Ecoute Raven... Si c'est à cause de ce baiser... Je suis vraiment désolé. Je me suis comporté comme un idiot... J'ai l'impression que l'on ne s'aime pas de la même façon.

Le cœur ne la Nymphe rata un battement. Est-ce qu'Hayden venait de lui avouer, à demi mot, qu'il était amoureux d'elle. Sous le choc, Raven se redressa sur la pointe des pieds, déposant un baiser au goût métalique de sang sur la joue de l'elfe.

- C'est amour différent, mais un amour tout de même, précisa-t-elle avec un petit sourire.

Sourire que l'elfe lui rendit.

Le Royaume des Nymphes : Les Armes du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant