Chapitre 6

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Leila

Luna: On se cassent.
Moi: T'es malade ? Ou ça ?
Luna: En France.
Moi: Mais t'as complètement pété les plombs ma parole ! Tu veux qu'on aille ou sans argent, hein ? Tu veux qu'on dorment sous les ponts ? Tu veux faire les trottoirs pour manger ?
Luna: Putain mais ferme la ! T'es trop conne j'te jure. T'es la, dans ton p'tit pays d'merde ou il s'passe jamais rien. Meuf, le mexique c'est devenu d'la merde. Y'a plus rien ici, ça pue. Tu vois pas que tout l'monde se barre !
Il t'a trompé l'autre, non ? Pourquoi tu veux rester ici, qu'est-ce qui te retient ? La famille ? Les souvenirs ? T'as rien de tout ça ici. Ton père il est en taule et t'es pas allé le voir une seule fois, alors te fou pas d'ma gueule. Tu sais quoi, avec ou sans toi moi j'me casse, j'veux pas rester ici.

Elle prit son sac, et s'en alla en claquant la porte. Putain, dans le fond je savais qu'elle avait raison, et ça me faisait chier de l'admettre, quelle conne ! C'est vrai, rien ne me retenais ici, mais je ne sais pas, j'avais peur du nouveau, du changement.
Luna elle, n'avait peur de rien. Elle ne parlais pratiquement pas un mot de français, mais bon, entre nous, son joli décolleté devrait lui suffir pour se faire comprendre. Elle avait toujours été la fille discrète et entreprenante qui savait jouer de ses charmes. Look atypique, tout en restant classe, elle savait plaire aux hommes et obtenir leurs faveurs. Tout le contraire de moi. J'ai toujours' été la grande bouche qui ne frappais pas, la fille qui faisait la forte. J'étais souvent arrogante et, après le départ de mon père, j'ai créé une espèce de "carapace" autour de moi. Son incarcération m'avait beaucoup affecté. Je m'étais retrouvée seule, du jour au lendemain.

La nuit porte conseil, comme on dit. Alors écoutons là.
J'ai fermé les rideaux de ma fenêtre, avant d'aller verouiller ma porte d'entree, pour enfin m'allonger sur mon lit, une clope à la bouche. Je fumais souvent avant d'aller dormir, ça me détendait. Mais te détendre de quoi ? Ah, salope de conscience, j'en ai des problèmes, hein !
Enfin bref, je tire une dernière taffe, pour après fermer les yeux, et rêver du vide.


Deux jours plus tard, après avoir empoché les 5000 euros du terrain saisi de mon père, me voilà dans un vol classe moyenne direction l'hexagone. Luna était excitée comme une puce à l'idée de quitter, je cite "ce pays de merde". Moi, j'appréhendais plus qu'autre chose. Comment pouvait-elle être sereine? Je flippas, une vraie p'tite mouille. J'avais emporté les quelques vêtements que je possédais, mes papiers d'identité, de l'argent ainsi qu'une photo de moi et mon père qui datait de l'époque ou nous vivions encore en france.
Luna avait tout préparé à l'avance, m'avait-elle assuré. Elle nous avait trouvé un appartement.

Le vol se passa plutôt bien, et nous avons finalement atterri sur le sol français. Un taxi nous attendait, c'est Luna qui l'avait payé. Il fallait à tout pris que je trouve du travail, je me sentais mal de ne pas pouvoir me débrouiller sans elle.

C'est un vieux monsieur qui nous accueilla dans une voiture noir toute simple. Il nous demanda ou nous alions, et je dû faire la traduction à Luna qui ne comprenais rien du tout.

J'indiqua donc la route à prendre. Je cherchais mes mots, mais mon français était resté intacte. J'me débrouillais plutôt bien.

Une fois arrivée, je découvris ces tours délabrées qu'était notre nouveau lotissement. Je ne vais pas faire la difficile, au Mexique je ne vivais pas dans un palace, mais ici, c'était différent. En pénétrant dans le hall, une odeur insoutenable de substances illicites nous frappa. Des gars etaient la, complètement déchirés. Ils chantaient à tu tête.

?: Vous êtes qui vous ?

Luna sursauta quand le gars posa sa main son épaule.

?: Ehh fais gaffe tu lui fais peur.

C'est lui ! Le gars qui s'était moqué de moi ! Il était avec le même renoi, touts les deux. En écoutant des bribes de conversation, je compris qu'ils s'appelaient... Macha et Casper ? C'est quoi ce bordel ? Enfin bref.

Casper: J't'ai dja vu toi.
Moi: Oui, au Mexique.
?: Ah ouaaais, t'veux pas m'faire une branlette espagnooool.

Ils se sont tous mis a rirent, c'était oppressant, vraiment. Mieux valait ne pas rentrer dans leurs jeu.
J'ai traîné Luna ainsi que ma valise derrière moi, et nous nous sommes engouffrées dans les couloirs interminables de cette immeuble, pour au final arrivée à notre porte, numéro 27.

Nous sommes entrées, dans ce 4 pièces lugubres et froid. Il y avait une commode dans la cuisine, un réfrigérateur et une cuisinière, déjà ça.

Luna me lança un regard désolée, l'air de dire "j'ai pas trouvé mieux".

Moi: C'est pas tes beaux yeux qui vont arranger la situation.

Cœur blindé | PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant