Chapitre 8

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Leila

Elle me mentait, j'en étais sûre. Elle était carrément bilingue, elle a pas pu apprendre une langue aussi bien seulement avec des cours. Et quand est-ce qu'elles auraient pris ses cours ? Elle ne m'en avait jamais parlé.

Après cette réponse futile, elle est retournée dans le salon.
Je décidais de faire de même.

Luna, à voix basse: Elle se doute de quelque chose.

Quand je suis entrée dans le salon, pas un bruit, un silence de mort. Il y avait pleins de personnes que je ne connaissais pas.

Moi: J'me doute de quoi ?
Luna: Rien.

Elle me cachait quelque chose, je le savais, je le sentais. Ils me regardaient tous avec de grands yeux, sans dire un mot. Il y avait le mec qui m'avait passé un briquet hier. Il était toujours en survêtement, et il fuyait mon regard.

J'en ai ma claque. J'ai pris mon manteau et j'me suis cassée. Alors Luna préfère me cacher des trucs avec ses nouveaux potes ? Pas de soucis, j'ai pas besoin d'elle moi. En marchant dans l'hiver glacé, j'allume une cigarette et je me pose sur un banc, celui de l'arrêt de bus.

J'ai envie de bouger, je me penche sur l'affiche pour regarder à quel heure passe le prochain bus, mais des p'tits cons ont gravé un truc dessus.
"L-T"
Putain, on voit que dalle.

Ma cigarette se consume, j'en veux plus.

Je la jette, et finalement le bus arrive, j'ai de la chance. Je me surprends à entrer machinalement dedans, à m'agripper à la barre pour m'assoir avec adresse, moi qui habituellement n'ai aucun sens de l'équilibre.

Je pose ma tête contre la vitre, ferme les yeux, et le bus se met à rouler.

?: T'as les clefs ?
Moi: Ouais pourquoi ?
?: Pour graver un truc viteuf.

Le bus s'arrête brusquement, et touts les passagers descendent.

Je regarde autour de moi, je ne sais pas ou je suis. Je sors moi aussi du bus, et je me met à marcher rapidement vers l'autre arrêt, pour prendre le bus dans le sens inverse. Encore un réflexe qui me paraît étrange, mais bon.

Il fait super froid, et je ne porte qu'un pull léger sous ma veste. Il faut vraiment que j'achète des vêtements plus chaud.

Il n'y a pas de banc à l'arret, et le bus passe dans 20 minutes. Putain, j'ai l'temps de mourrir ici en attendant qu'il arrive.

Je commence vraiment à me les peler, quand une voiture noire s'arrête devant moi, et que la portière passager s'ouvre.
Oh non putain, je vais me faire kidnapper et violer, comme à la télé. Je fais genre de ne pas avoir vu, et j'entends un homme me dire "monte". Il est malade celui là ? Mieux vaut que j'me casse.
Je m'apprêtais à partir quand une grosse main me saisit le bras, et en me retournant je constate que c'est le "Mec au briquet".
Il me traîne jusqu'à sa voiture, m'attache et s'assoit côté conducteur.
J'ai envie de me sauver en courant, mais il fait trop froid dehors, je n'en ai pas la motivation. Et même si ce gars n'a pas l'air très abordable, il m'inspire confiance.

Il met la clé dans le contact, puis démarre.

Moi: Comment tu savais que j'étais là ?

Pas de réponse. Il commence vraiment à me taper sur le système.

Moi: Réponds quand j'te parles non ?
?: Tu préfère peut-être attendre le bus dans le froid ?

Non mais quel petit con. Il est vraiment insolent. Il fixe la route, avec un regard mort, sans expression. Je tourne la tête et regarde par la fenêtre, j'en ai marre de lui parler, il me réponds comme s'il était supérieur.

J'ai les doigts glacés, qui virent au bleu. Je supporte tellement mal le froid. J'en ai marre, j'veux retourné au Mexique. Là-bas j'avais tout mes repères, ici j'ai plus rien. Dans cette cité de merde ou tout l'monde me regarde bizarrement et se fou d'ma gueule, avec Luna qui me lâche comme une merde, j'en ai vraiment marre. À mon insu, des larmes se mettent à couler sur mes joues rouges.

?: Pourquoi tu chiales ?

J'lui réponds pas. C'est bien sa spécialité de pas répondre, non ? Mais d'un côté, j'veux pas qu'il pense que je pleure parcequ'il me parle pas.
Je m'empresse d'essuyer mes larmes avec le revers de ma manche, et j'articule:

Moi: Je chiale pas.
?: Arrête de dire d'la merde. Vasy, dit.
Moi: Ça te regardes pas.
?: Et alors, bat les couilles.

Il a vraiment un air complètement détaché, mais il a quand même l'air curieux.

Moi: J'veux retourner au Mexique.

Il tourne la tête et me regarde quelques secondes. Je n'ose pas affronter son regard, alors je fixe la route.

?: Pourquoi t'es venue ici alors ?
Moi: C'est Luna qui m'a forcé. Non, forcé n'es pas le bon mot, elle m'as "convaincu". Et puis bon, j'avais rien à perdre, j'ai déjà tout perdu là-bas.
?: Comme quoi ?
Moi: Mon père est en prison, il m'avait confié ses biens, une terre agricole, mais les huissiers l'ont saisi pour la vendre à des connards qui vont construire une villa dessus.

Il a l'air étonné de cet avoeux, mais ne dis rien.

Moi: Et en plus, mon copain m'a trompé.

Je le vois serrer ses doigts sur le volant, à tel point que ses jointures deviennent blanche.

Moi: Qu'est-ce qu'il y a ?
?: Rien. Ça faisait longtemps que vous étiez ensemble ?
Moi: Un peux plus d'un an.

Il à l'air... énervé ? saoulé ? mais pourquoi ?

?: On est arrivé.

Effectivement, nous étions en bas des tours.

Moi: Ah, ouais. Merci de m'avoir déposée...
?: Tarik, j'm'apelle Tarik.

Cœur blindé | PNLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant