Leila
Luna: Alors, pourquoi tu chiales ?
J'avais appelé Luna, la seule personne susceptible de me comprendre sans s'apitoyer sur mon sort, ce que les autres avaient l'habitude de faire. Luna était ma meilleure amie. Elle avait toujours été la dans les pires moment, surtout quand mon père s'était fait arrêter. J'ai toujours pu compter sur elle.
Moi: Les huissiers veulent prendre les terres de mon père.
Luna: Donne-leur, t'façon elles sont toutes pourris.Je la fusille du regard. Parcqu'elle sait que c'est tout ce qu'il me reste, mais aussi parcqu'elle a raison. C'est ça, son plus grand défaut. Toujours dire à voix haute les choses blessantes. Mais ça ne me blessait plus maintenant, j'avais l'habitude.
Moi: Quand est-ce que tu décideras de devenir plus compatissante ?
Luna: Quand tu quitteras ce trou du cul de Pedro.
Moi: Tait-toi ! Mais c'est quoi ton problème avec lui ?
Luna: Tu devrais arrêter de crier tout le monde nous regarde.Je lève la tête de mon jus d'orange, et effectivement dans le pub tout le monde nous regarde.
Luna: Et au risque de me répéter, Pedro est un trou du cul.
Moi: Tu ne le connais pas.
Luna: Ah si.
Moi: Il est adorable.
Luna: Il est niais.Insupportable, cette fille.
Moi: Bon, je fais quoi ?
Luna: J'sais pas. Viens avec moi.
Moi: Où ça ?
Luna: J'sais pas, on laisse tout en plan, et on se casse.
Moi: Mais t'es malade ?!
Luna: C'est toi qui est malade. T'as 22 ans ma grande, et ça fait un an que tu sors avec l'autre trou d'balle. Ta vie est monotone, t'en a pas marre de faire tout l'temps la même chose ? Pourquoi t'es autant attaché à cette foutue parcelle de terre. Vous cultiviez quoi dessus déjà ? Café ? Maïs ? Tu sais autant que moi que vous êtes exploité. Vous n'êtes même pas payé le quart de combien c'est revendus dans les pays occidentaux, de vos marchandises. T'as pas envie de prendre un nouveau départ ? De tout plaquer ? Je sais que t'en meures d'envie, me dit pas le contraire.Elle avait frappé la ou sa faisait mal, comme à chaque fois j'ai envie de dire.
Quelques jours plus tard, malgré mes nombreuses protestations, les nouveaux propriétaires sont venus visiter le terrain. J'avais fais le déplacement et je les attendais de pieds ferme sur place, j'comptais bien ouvrir ma gueule.
J'étais choquée à leur arrivée, je les imaginais plus vieux. Des p'tits vieux qui voudraient prendre leur retraite ici, mais pas du tout. Trois gars, plutôt jeunes, en survêtement. Ils me voient et semble se demander ce que je fou la. Ils s'approche alors que je suis assise par terre.Gars 1: C'qui elle ?
Gars 2: J'sais pas, elle est moche hhhh.Ah ok, ils parlent français en plus.
Gars 1: Chab son bigo c'est un Nokia3310.
Gars 2: Il doit peser 3kg le truc.Ils continuent à ce moquer de moi pendant une bonne vingtaine de minutes, que ça soit sur mon téléphone portable complètement dépassé, sur ma coupe de cheveux "degueulasse" ou bien sur mes vêtements discount. Je fais comme si de rien, mais ces moqueries m'atteignes en vrai. Je n'ai pas choisi ma situation financière. On voit qu'eux n'ont aucune morale et qu'ils ont sûrement grandit avec une cuillère en argent dans le cul.
Gars 3: Oh fermez-la, on est pas la pour plaisanter.
Celui qui avait pris la parole en dernier avait l'air plus âgé. Il avait une grosse barbe et il faisair carrément flipper.
Gars 2: Tranquille elle pige rien. Elle doit sûrement parler espagnol.
Holã ! (à moi)
Moi: Ferme ta gueule connard (en français)Ils se sont touts les trois retourné en même temps, pour m'examiner comme si j'étais un animal rare.
Gars 1: T'a dit quoi ?
Gars 2: J't'ai demandé de fermer ta grande gueule alors fais le si tu veux pas que j't'explose par terre.J'aurais mieux fait de la fermer, car le gars faisait au moins trois fois ma taille. Il commence à s'approcher de moi dangereusement et je n'ai d'autre solution que de faire comme si j'avais fais de la boxe toute ma vie, alors qu'en vrai j'avais une grande gueule, mais je ne ferais pas de mal à une mouche. Heureusement, un gars viens nous interrompre pour parler affaires avec les trois rigolos, ce qui les distraient et me permet de m'en aller discrètement.
J'apprends peu après que les gars vont prendre le terrain et y faire construire une villa. Je suis impuissante face à cette situation.
Et c'est impuissante que je les vois, jours après jours, raser les récoltes. Ils ont dit que j'allais tout de même toucher quelque chose de tout ça. C'est un point positif ? Peut-être, mais qu'est-ce que je vais dire à mon père moi ? Je m'en veux, la seule tâche qu'il m'a confié, je n'ai même pas été capable de la respecter.Les jours défilent, et je touche finalement la somme de 5 000 euros, pour, d'après eux, me féliciter de ma coopération. C'est ça, foutez-vous d'ma gueule. Ce terrain valait 300 000 euros. Il est en plein centre ville, et il a vu sur la mer.
En apprenant la nouvelle, Pedro a voulu aller négocier avec eux, je lui ai dit que ce n'était pas nécessaire, et qu'à vrai dire, c'était inutile. Je n'avais pas mon mot à dire.