chapitre 4

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Le regard froid et dur de Framal pendant le trajet du retour m'agaces particulièrement. Il n'a rien dit de plus depuis qu'il est sorti du cinéma. C'est tout lui ça, quelque chose lui déplaît il fait une seule et unique remarque et après plus rien, il reste dans son coin à bouder comme un enfant. Sauf que moi, ça m'énerve.
Quand on arrive enfin à la maison, j'attrape mon meilleur ami par le bras pour l'entraîner sur la terrasse pour discuter un peu.
- Qu'est-ce qu'il y a ? me dit-il, distant
- Toi qu'est-ce qu'il y a ? Tu me tire un regard noir depuis qu'on est sorti du ciné
- N'importe quoi
- Framal...
- Ouais ok j'avoue
- Alors parles moi
- Tu m'as dis que tu t'approcherais pas de Ken, et la je te vois en train de glousser comme une pouf dans ses bras comprends que ça m'énerve
- Je te remercie pas pour m'avoir traiter de pouf, et il n'a fait que repousser Vincent qui voulait me parler, on a rien fait de mal
- J'étais pas là, je suis sensé te croire ?
- Mais tu te fais des films sérieux
- Ouais sûrement, mais je préfère me faire des films et te protéger plutôt que tu tombes dans son cercle vicieux pour te faire baiser dans tous les sens du terme
- Je suis pas comme ça tu le sais bien
- Ouais, mais j'en ai vu des meufs tomber amoureuses de lui, il les baise et il les jettent après
- Tu fais chier
- Tu vois j'ai raison
- Tu racontes de la merde, sérieux, je me tire, quand t'auras fini de jouer de super protecteur à deux balles fais moi signe
- Tu restes ici j'ai pas fini ! Hurle-t-il en me retenant par le bras

J'écarquille les yeux à son geste. Ses doigts sont serrés autour de mon bras, il me fait mal, mais surtout il me fait peur quand il est comme ça. Il a un passé un peu violent, et parfois j'ai l'impression que la limite pour qu'il replonge est très fine.
- Qu'est-ce que tu as de plus à dire ? Tu veux cracher sur ton pote encore ?
- C'est mon pote, mais j'admets rien de ce qu'il fait avec les filles, et je voudrais pas qu'il te touche, toi !
- Tu me gonfles mec

Je m'évince avant qu'il n'ai pu me rattraper. En me retournant, je remarque que la moitié de la maison est venu jouer les curieux pendant notre dispute. Je constate avec soulagement que Ken n'est pas là. Je fais tout pour ne croiser aucun regard et je file dans ma chambre sans décrocher un mot. Je suis sûre que Framal le fera pour moi. Je ferme la porte derrière moi, et je fais les cent pas en passant mes mains dans mes cheveux. Je commence enfin à me calmer, j'essaie de ne pas pleurer. Je déteste m'embrouiller avec mon meilleur ami.

- Alors comme ça tu me défends ? Demande une voix qui me fait sursauter
- Putain tu m'as fait peur !
- Alors ? Réponds moi
- Tu étais là ?

D'un mouvement de tête, il acquiesce avant de tirer sur son joint.
- C'est pas cool ce qu'il a dit sur toi, ni sur moi d'ailleurs
- C'est pas faux, mais je sais ce qu'il pense
- Putain vas fumer ta merde ailleurs, ça pue, je supporte pas l'odeur
- Alors je vais tout faire pour ne pas te déranger et rester avec toi, sourit-il en jetant son joint par la fenêtre
- Attention Framal va s'énerver si tu reste trop longtemps
- Oh il a qu'à arrêter de psychoter aussi, tout le monde ne veut pas te baiser
- Mais comment tu parles ?

Il s'allonge sur mon lit sans répondre, en croisant ses bras derrière sa tête. Je sors sur mon petit balcon pour prendre l'air, j'ai l'impression d'étouffer dans ma chambre avec lui. Durant toutes ces années, Framal m'a protégée. Il a toujours voulu m'éloigner des mauvaises personnes. Surtout depuis qu'il a échoué dans cette mission de protection qu'il s'était confié. Mais ça en devient étouffant, j'ai dix-neuf ans, et il n'est personne pour me dire qui je dois fréquenter ou non. Surtout Ken, putain. Il est arrogant, bien trop sûr de lui, tout ce que je déteste. Alors peut-être que Ken essaie de me draguer, pour que je finisse dans son lit. Mais je n'y finirai pas, c'est clair et net. Il faut que je retourne lui parler. Je traverse ma chambre, et Ken, toujours allongé sur mon lit, me dit :
- Tu vas où ?
- Lui parler
- Tu perds ton temps

J'entends à peine sa phrase puisque je suis déjà en bas avant qu'il ne l'ait finie. Quelques regards interrogateur se posent sur moi quand j'arrive en furie dans le salon mais je les ignore et je m'approche de mon meilleur ami, assit dans un fauteuil en train de fumer une cigarette. Cette sale manie de fumer à l'intérieur ça m'énerve vraiment.
- Tu peux venir ? Je voudrais te parler
- Vas-y viens

Il me prend par le bras et me traîne dans un coin du jardin.
- Personne ne viendra nous écouter ici.

Un silence de cathédrale règne entre nous pendant quelques minutes. Je ne me décide pas à parler. C'est pourtant moi qui suis à l'origine de cette discussion. Il finit par briser le silence, pour le lancer je suppose.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
- Je voulais d'abord...m'excuser de m'être grave énervée comme j'ai fait, mais je commence sincèrement à étouffer avec ta protection constante, je n'ai fait que rigoler avec Ken, même pas deux minutes, tu sais qu'il représente tout ce que je déteste
- Mais c'est pas un mec bien, je n'ai même pas envie que tu sois pote avec lui, mais bon je peux pas t'empêcher ça, mais je veux pas que tu fréquentes ce genre de mec
- Mais tu fais la même chose
- Mais pas avec toi Megan
- C'est pas pareil aussi...
- Écoutes, on va pas s'énerver encore, s'il te plaît juste promets moi que tu vas garder tes distances avec lui, au moins un peu, je veux juste t'éviter des emmerdes, je veux pas qu'il fasse de mal à ma petite sœur

Il siffle ses derniers mots entre ses dents, sûrement parce qu'en le disant il s'est imaginer ce scénario. Comme signe de réconciliation je lui donne un petit coup de poings dans le ventre.
- Ok, promis, je ferais attention
- Et moi promis, j'y vais doucement sur la protection

Je souris timidement puis il me tire vers lui pour me prendre dans ses bras. Il ne m'a pas réellement écouter quand je lui ai dit qu'il m'étouffait. Mais il m'a promis de faire attention à ne pas trop me protéger, c'est un bon début. Il me tend sa joue fraîchement rasée pour que j'y dépose un baiser, et passe son bras sur mes épaules pour me raccompagner à l'intérieur.

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant