Chapitre 30

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Les maisons défilent sous mes yeux, et des kilomètres passent sous mes pieds. Mon souffle est presque coupé quand Ken s'arrête enfin.
- Bah alors bébé, il faut faire plus de sport
- Excuse-moi de ne pas avoir l'habitude de traverser tout Paris en courant

Il ricane, avant de me tirer contre lui pour me serrer dans ses bras. Son ricanement que j'ai tant détesté jusqu'à maintenant est ma petite faiblesse.
- Pourquoi tu m'as traîné jusqu'ici ?
- Je te voulais rien que pour moi

Je souris à cette phrase.
- Aller suis moi

Il me tend la main, et l'idée que cette course folle ne soit pas finie me terrifie. Je vais finir aux urgences pour manque d'oxygène. Mais contrairement à ce dont je m'attendais, il croise ses doigts avec les miens et nous marchons quelques mètres pour arriver sur un pont, avec une vu magnifique sur la Tour Eiffel. La nuit est tombée et le plus beau monument de la ville brille de mille feux. Ken s'arrête au milieu du pont pour allumer une cigarette, tourné vers la Dame de Fer. Je l'imite, m'appuyant sur les barrières du pont, à ses côtés.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demandais-je intriguée
- J'admire la beauté de Paris
- On dirait que tu parles à la Tour Eiffel
- Ouais c'est un peu l'idée, je crois que c'est mon endroit préféré dans cette ville

Je lui souris et il pose sa main sur la mienne en silence. Ce silence qui dure de longues minutes, nos deux visages tournés vers les lumières, coupés de tout. Toujours sans un mot, Ken jette sa cigarette dans la Seine et retire la mienne d'entre mes lèvres pour faire la même chose. Il pose ses mains sur mes hanches et me rapproche de lui, puis il dépose sur mes lèvres un baiser lent, doux et surtout amoureux. C'est notre premier baiser amoureux, je le sens, il a quelque chose en plus des autres. Ce pont, cette vue, ce moment, tout restera gravé pour toujours dans ma mémoire.

Un mois plus tard.
Ce soir Doums à prévu une grosse soirée pour que tout le monde se détende un peu. Les garçons sont surchargés de travail chacun de leurs côtés, et avec les filles, la fac nous prend énormément de temps, ce qui résulte sur une réduction du nombre de soirée tous ensemble. Ken a en quelque sorte emménagé chez moi il y a un mois. Depuis que Alya est revenue comme une fleur pour m'annoncer qu'elle allait s'installer chez sa copine. Je l'ai gentiment envoyer se faire foutre, et Ken était là. Autant dire que je lui ai tout de suite proposer de venir squatter ici. Même si il le faisait déjà avant.

Il y a deux semaines, mon frère m'a proposé d'aller boire un verre tous les deux quand il est monté sur Paris pour des vacances avec ses potes. Mes parents l'ont appris et ma mère à péter un câble. On va dire que ce n'est pas tellement la joie en ce moment, alors cette fête organisée par Doums tombe vraiment au meilleur moment pour me changer les idées.
Mais cette après-midi Ken a disparu sans réelles explications. Il n'est même pas arrivé avec moi et il m'a simplement embrasser la joue quand il est arrivé, deux heures après moi.

- Dan vient danser ! Dit Mathilde à côté de moi
On part toutes les trois au milieu du salon de Doums se déhancher sur un vieux rock américain. Framal me rejoins en passant ses bras autour de mes épaules, en fredonnant l'air qui emplit le salon. Soudain, je vois Ken débouler du salon, tout décoiffé en compagnie d'une fille, en riant. Mon regard se durcit et mon cœur se serre. Quand la fille croise mon regard elle me sourit. Ken ne me calcule même pas en allant s'asseoir sur la canapé. Je m'approche de la petit table basse du salon et je pose mon pied sur celle-ci. Toutes les personnes autour tourne leur regard vers moi. J'attrape le visage de Mohamed et je m'apprête à poser mes lèvres sur les siennes quand je vois Ken du coin de l'œil se lever pour me tirer en arrière. En reculant, je souris et passe ma langue sur mes dents.

- Dis moi que je rêve Megan, dis le moi
- Eh commence pas
- Megan !
- Mais quoi, j'ai rien fait
- Non, mais tu allais le faire !
- Mais non, je ne suis pas comme toi
- Pardon ? J'ai embrassé personne
- Ah et t'as fait quoi avec cette fille dans le couloir ?
- T'es bourrée ça sert à rien de te parler de toute façon
- Ah tu évites la question, très bien, j'ai ma réponse
- Oh tu m'énerves, j'en ai marre putain
- Mais marre de quoi putain ? C'est toi qui drague tout ce qui bouge, tu mates tous les gros culs qui passent, tu fumes joints sur joints, tu ne fais même plus attention à moi
- Mais je bosse putain
- Mais dans quoi tu bosses sérieux ? Je ne le sais même pas
- Je bosse, c'est tout ce que tu as besoin de savoir
- Ah ouais ? Mais tu penses pas que j'ai besoin de soutient moi en ce moment ?
- Je suis pas un petit romantique comme dans les films ma grande, je t'ai prévenu, dès le début !

Je commence vraiment à perdre patience, j'ai l'impression qu'il fait exprès, et en plus il hausse le ton. Je le détaille de haut en bas.
- Mais arrêtes de crier
- Oh tu me gonfle sérieusement Megan ! Hurle-t-il en brisant son verre contre le mur derrière moi
- Arrêtes, je t'en prie...

J'arrive à peine à ouvrir la bouche tellement je suis tétanisée. Je sens des picotements dans l'arrière de mes bras, et quand je touche mes doigts reviennent tâcher de sang. Mes yeux s'ouvrent en grand quand je constate qu'il m'a blessé physiquement. Ça ne peut pas recommencer.
- Qu'est-ce qui se passe ici ? Intervient Framal

Ses yeux se posent sur le sang sur mes mains et sur les morceaux de verre par terre. Il se tourne vers Ken.
- C'est toi qui a fait ça ? C'est toi qui l'a fait saigné ?
- J'ai pas fait exprès je te jure, je voulais pas
- Tu te fous de ma gueule connard ?

Framal attrape Ken par le col de son pull. Je ne veux pas en voir plus alors j'attrape ma veste et je sors dans le hall de l'immeuble. Il est une heure du matin, il fait froid et le vent claque mes joues. J'entends la porte du hall s'ouvrir alors que j'ai fait à peine une dizaine de mètres.
- Megan ! Reviens je t'en prie

Ses cris transpercent la nuit sans m'atteindre. Plus rien ne pourrait m'atteindre à ce moment précis. Ma vision floutée par les pleurs, je file tout droit en évitant le plus possible les gens, ou les poteaux qui peuvent se mettre sur mon chemin. Soudain, je vois une source de lumière intense à ma droite et Ken hurle mon prénom, mais avant que j'ai le temps de regarder quoi que ce soit, je ressens un choc dans mes jambes puis plus rien.

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant