chapitre 10

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- Je vous présente Marie-Jeanne, comme on l'appelle entre nous ! Dit Ken, tout fier de nous montrer son trésor

Au bout de ses doigts pend un sachet transparent avec de la drogue à l'intérieur. Je fais rouler mes yeux d'exaspération et profite de l'euphorie des garçons, se battant pour récupérer ne serait-ce qu'un peu de shit pour en mettre dans leur joint, pour sortir sur la terrasse prendre un peu l'air. Cette partie d'action ou vérité a fait monté la chaleur en moi. Bien plus que je ne voudrais me l'avouer. J'appuie mes coudes sur la rambarde froide du balcon et perds mes yeux dans l'immensité de Paris la nuit.
Antoine me tire de ma rêverie en prenant appuie sur la barrière de métal près de moi. Je brise le silence avant même qu'il puisse s'installer.
- Pourquoi tu as lancé cette action pourrie ? Tu savais qu'il le ferait
- C'était justement le but
- Pourquoi ?
- Ça me paraît évident, non ?
- Non
- Je vois bien comment tu le regarde

Je ne réponds pas, j'ai peur que le moindre mot qui sortirais de ma bouche sonne faux. Au lien de dire des bêtises, ou de me forcer à m'avouer quelque chose que je n'ai même pas envisager, je me tais. Antoine reprend :
- Et je te jure, il a beau avoir couché avec beaucoup de filles, Ken il a un cœur au fond, et en ce moment il est mis à rude épreuve
- Dommage pour lui
- Arrête de faire semblant Blondie
- Semblant de faire quoi ? Intervient une voix grave
- Rien, dis-je, profitant de cette intervention pour esquiver le sujet

Antoine passe une main dans mon dos, et rejoint le salon prétextant un frisson. Ken prend sa place, et je sais que c'était exactement le plan de mon ami. S'en aller pour lui laisser la place. Je crois que ces garçons vont finir par me tuer. Ken se met dans la même position que moi, et je crois comprendre qu'il fait la même chose que moi : perdre son regard dans la nuit. Les phares des voitures transpercent l'obscurité, les quelques fenêtres encore allumées à cette heure-ci sonnent comme des rebelles au milieu d'une foule routinière. Seule la Lune est belle, posant, grâce à sa lumière, un voile bleutée sur toute la ville.
Je laisse tomber mes pensées quand le bras de Ken touche le mien. Sa manche remontée sur son coude à permis à sa peau de toucher la mienne, j'en ai un frisson de chaleur. Cette chaleur que je sens monter sur mes joues, et pour masquer ma gêne, je bois mon verre d'un trait en me redressant. Ken tourne la tête vers moi, je ne peux pas affronter son regard maintenant. Heureusement, Framal me sauve, comme toujours.
- Ah ouais, sympa l'ambiance ici
- On profite du silence de la nuit, répond Ken
- Pardon Monsieur le poète mélancolique
- Tu connais ce mot toi ? Dis-je à mon meilleur ami
- T'es une connasse, bien sûr que je connais ce mot, ça veut dire euh...dit-il en se grattant la nuque
- Ouais d'accord, dis moi plutôt si il reste du rhum sur la table
- Aucune idée
- Si tu n'en vois pas sur la table, vas dans la cuisine, il y en a, me dit Ken, gentiment
- Merci

Je laisse les deux amis seuls sur la terrasse pour rejoindre la cuisine. La bouffée de chaleur que je prends en pleine face en mettant un pied dans le salon me file la nausée. Entre l'odeur de transpiration, d'alcool, et le tabac mixé à la drogue, donne un mélange assez désagréable quand on est pas imprégné dedans.
Je fouille tant que je peux dans les placards qui s'offrent à moi, mais impossible de mettre la main sur une quelconque bouteille d'alcool.
- Excuse j'aurais dû te dire, elles sont en bas, je les cache sinon les gars tapent dedans sans arrêt, dit Ken que je n'ai même pas entendu arriver

Il me passe devant et ouvre un placard sous l'évier en acier pour en sortir une bouteille de rhum déjà bien entamée.
- Tiens, dit-il en la tendant vers moi
- Merci

Me voyant figée dans sa cuisine comme un piquet, il prend l'initiative de me servir un verre. Il met mon gobelet à la poubelle et sort un vrai verre qu'il remplit de rhum et de coca. Il pose le verre sur la table et s'assoit sur une chaise, se servant à son tour, un verre. Je n'ose même pas bouger, de peur de passer encore plus pour une débile, avec de l'alcool dans le sang, je ne sais pas ce que je suis capable de faire. Il m'invite à m'asseoir, et je lui obéis.
Je sirote mon verre dans un silence de mort, il me fixe, ça me plaît. Sentir son regard sur moi me rend nerveuse, mais cette nervosité est bien plus que plaisante. Je décide de relever le défi qu'il est en train de me lancer, et je soutiens son regard. Ses yeux reflètent une étincelle incroyable quand il les fait balader entre mes yeux et mes lèvres. Involontairement, j'aspire ma lèvre inférieure pour y enfoncer mes dents, je suis nerveuse.
- Arrêtes de faire ça, chuchote-t-il d'une voix chaude
- Pourquoi ?
- Ça te rend hyper sexy

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant