chapitre 15

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Les rayons du soleil qui traversent la fenêtre de mon balcon et venant se poser sur mon visage me réveille lentement. J'ai l'impression d'avoir fait un coma tellement j'ai dormi, sur mon canapé qui plus est. Dans un geste lent je repousse le plaid qui me recouvrait avant de me redresser sur le moelleux des coussins. Je relève mes cheveux dans un chignon négligé pour aller dans la cuisine.

Sur la table de la cuisine, je découvre un petit mot que m'a laissé ma meilleure amie pour me prévenir qu'elle sera de nouveau absente une semaine, ainsi que sa copine. De quoi bien commencer la journée. Je suis au bord de la crise de nerfs avec elles, Alya ne prend même plus la peine de m'appeler pour demander de mes nouvelles, ou me dire où elle se trouve.
Je fais couler une tasse de café et je retourne m'entourer de mon plaid dans le canapé. Mon téléphone s'allume pour afficher une notification de Whatsapp, mais je l'ignore pour admirer mon d'écran, il me rappelle que ce soir j'ai rendez-vous chez Framal. Cette photo a été prise quelques jours auparavant, c'est mon meilleur ami qui l'a prise. Je ne sais pas si j'aime cette photo ou pas, elle reflète ma solitude, malgré la présence de Doums, Deen et Adèle autour de moi. Il me manque quelque chose au fond de moi, quelque chose pour être heureuse, quelque chose de fort, une sensation intense. Elle est absente et même sur les photos ça se voit, je n'ai pas cette étincelle que les autres peuvent avoir. Je passe ma vie à attendre cette chose dont je ne connais même pas l'origine.

Ce qui me fait le plus mal c'est l'écart qui se creuse entre Alya et moi, elle est mon pilier, mon repère dans la vie, et je suis en train de la perdre. Quand je commence à penser aux moments qu'on a eu ensemble, je m'effondre en pleurs tellement j'ai mal. Évidemment, Framal choisit cet instant pour glisser le double des clés dans la serrure et faire irruption dans mon salon. Je frotte mes joues pour faire disparaître toute trace de tristesse, en vain.
- T'as pleuré Meg ?
- Non pourquoi tu dis ça ?
- T'as les yeux rouges
- Bah tranquille, t'as jamais les yeux rouges toi ?
- T'as fumé ?
- Jamais de la vie t'es fou toi, jamais toute seule
- Alors dis moi la vérité

Je me redresse sur mon canapé et ramène mes genoux contre ma poitrine. Mentir à mon meilleur ami est une des choses que je déteste le plus. Il s'assoit près de moi et passe son bras autour de mes épaules.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Ne t'inquiètes pas
- C'est Alya ?
- Il paraît
- Elle est où d'ailleurs ? Demande mon meilleur ami en regardant autour de lui
- Je sais pas, et je m'en fiche
- Y a embrouille ?
- Non c'est rien

Cette phrase sonne faux, même moi je l'entends. Mes yeux sont si humides que j'aurais pu dire n'importe quoi, il ne m'aurait pas cru. Il me pousse à tout lui raconter. Je mordille ma joue pour retenir mes larmes, mais le plus dur c'est son regard. Ses yeux me parlent et me crient de lui faire confiance. Ils sont plus brillants que je ne les ai jamais vu, comme s'il était ému de me voir mal. Son bras de contracte et il m'attire contre lui. Quand ma tête s'appuie contre son torse, mes larmes explosent. Il pose un baiser sur le haut de mon crâne et me caresse le dos comme consolation.

- Calme toi, respire, dit-il en chuchotant
- Je n'en peux plus, dis-je pour commencer, je suis épuisée, depuis qu'elle sort avec sa copine, je n'existe plus, pourtant c'est moi qui l'ai poussé dans ses bras mais ce n'est pas une raison pour m'abandonner ensuite
- Mais tu as Dan et Mathilde maintenant
- Ah oui, mais depuis qu'elles fréquentent Deen et Mékra, je passe au second plan une nouvelle fois, dès que je fais quelque chose pour les gens, c'est moi qui souffre

Les yeux de mon meilleur ami exprime sa peine. Son regard, malgré l'affection qui s'en dégage, me fait comprendre qu'il compatis avec moi. Et d'un côté, je suis rassurée de savoir que je n'ai fait pas trop. Il me serre dans ses bras avant de dire :
- Je serais toujours là pour toi, quoi qu'il arrive, et je le jure devant Dieu

Mon cœur s'emballe quand il prononce ces mots, il vient de jurer devant Dieu, dans le plus grand des calmes qu'il ne me laisserais jamais tomber, et je sais à quel point il ne plaisante pas avec sa religion. Cette façon de me montrer qu'il tient à moi me fait chaud au cœur, et surtout me fait du bien. Finalement, je ne suis pas si seule que ça.

Malgré mes menaces pour le faire sortir de chez moi, mon meilleur ami est en train de me cuisiner un super repas pour le midi. Je lui ai rappelé qu'il avait une vie, un appartement et un frère mais il a plutôt eu l'air de s'en foutre. Pendant qu'il égoutte les pâtes au dessus de l'évier, je pense à la chance que j'ai de l'avoir près de moi. C'est mon grand frère, jamais il ne m'a laissé tomber et pas une seule fois il m'a tourné le dos. Je le connais depuis que j'ai treize ans, il en avait déjà seize, mais depuis ce jour, il ne m'a plus lâché et je n'ai jamais essayé de m'en débarrasser.
La sonnerie de son téléphone me tire de mes pensées. Il discute avec une voix que je connais mais dont je n'arrive pas à me souvenir. En attendant qu'il raccroche et qu'on puisse enfin manger, je prends mon élan et m'assois sur le plan de travail de la cuisine. Les coups d'œil réguliers de mon ami quand l'autre personne au bout du fil parle ne me rassure pas du tout. J'allume une cigarette pour patienter.

- Putain Megan t'es sérieuse ? Dit-il en montrant la cendre sur le sol
- C'est pas toi qui nettoie à ce que je saches
- Il manquerait plus que ça
- Alors tais-toi je nettoierais après

Je me retrouve seul après que Framal ait quitté la cuisine pour terminé son appel. Quand il revient, je finis tout juste de nettoyer mes bêtises.
- C'était qui ? Dis-je en me relevant
- Ken
- Ah
- Il arrive
- Pardon ?
- Quand il a su que j'étais là il a insisté pour venir
- T'es sérieux je le déteste et tu le sais, répondis-je en vidant ma balayette dans la poubelle
- Arrêtes un peu ton cinéma, tu ne le déteste pas
- Bien sûr que si
- Bon, fini ta clope et refais des pâtes
- Ah parce que je dois le nourrir en plus ?

Framal grogne à ma remarque et me tends la casserole qui vient d'être vidée pour y remettre de l'eau et des pâtes. Quand j'écrase ma deuxième cigarette de patience, la sonnette retentit.
- Va ouvrir, me dit Framal
- Non
- Megan ne fait pas l'enfant, va ouvrir s'il te plaît
- T'es chiant, dis-je en soupirant

Mon meilleur ami ne rétorque pas, mais je sais qu'il m'insulte en retour dans sa tête. Quand la porte s'ouvre sur mon super pote, je souris sans conviction en disant :
- Salut
- Ouais salut

Il tape son poing sur le mien avant de me contourner pour entrer dans la cuisine. Il salue son pote et je remarque qu'il a mis la table et dans un rire je dis :
- Putain Fram t'as mis la table ?
- Oh ta gueule

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant