Risible amour_Nekfeu

chapitre 14

Un vieux son de rock me tire de mon sommeil ce matin. J'étire mon corps avant même d'ouvrir les yeux pour profiter de cette atmosphère apaisante. Ma porte s'entrouvre et je reconnais les yeux de Adèle avant qu'elle n'entre dans ma chambre.
- Salut ma belle
- Salut, tu n'es quand même pas venue me réveiller ? Dis-je doucement
- Non, j'allais dans la salle de bain, Fram m'a demandé de regarder si tu étais réveillé ou pas
- Insupportable
- Tu as bien dormi au moins ? Dit-elle en s'asseyant sur le bord du lit.
- Ouais, trop confortable ce lit
- C'est le nouveau lit en plus
- Incroyable, je vais m'installer ici
- Tu tiendrais pas !

Elle lance ces derniers mots avant d'attraper mes mains pour me faire sortir du lit. Mon amie file sous la douche pendant que je descends, en me frottant les yeux de sommeil, vers la cuisine de laquelle s'échappe une odeur agréable. Mon entrée dans la pièce semble être incroyable au vu de la réaction de certains. Framal a envie de me tuer, Ken en laisse tomber sa cuillère dans son bol, les filles écarquillent les yeux et Théo a le regarde fuyant.
Pendant une seconde je ressasse la soirée dans ma tête pour être sûre que je n'ai pas fait de grosses bêtises, depuis l'altercation avec Ken il y a quelques jours, je me fais toute petite.
- Quoi ? Dis-je à mon meilleur ami
- Tu comptes t'habiller peut-être ? Pas besoin d'être à moitié à poil pour prendre un petit déjeuner

Je baisse les yeux sur ma tenue, effectivement le simple t-shirt Eminem de Framal n'est peut-être pas la meilleure tenue possible. Si je penche tout le monde voit ma culotte.
- Ouais je vais aller enfiler un jogging je pense, répondis-je en rougissant un peu
- Ouais t'as raison, je vais même t'accompagner

Je lève les yeux au ciel après sa réflexion, je ne peux pas l'en empêcher de toute manière il me suivra. Alors je préfère ne rien dire. En marchant dans le couloir je croise Doums qui écrase son poing contre le mien en marmonnant un « salut » endormi.
- Si tu t'avises de mater ma protégée t'es mort, lance Framal
- J'ai rien fait ! Répond-il en replaçant ses locks
- Laisse tomber

Doums sourit à mon conseil et nos chemins se séparent. Mon meilleur ami me pousse dans la chambre dans laquelle il a dormi et ouvre son sac de sport qui contient toujours tout ce qu'il faut. Il en sort un jogging Nike noir.
- Tiens enfile ça, ça va être un peu grand mais tant pis
- De toute façon je n'ai pas le choix je suppose ?
- Tu suppose bien
- Tu crois pas que t'en fait un peu trop quand même ? Dis-je en enfilant le pantalon
- Comment ça trop ? Répond-il en appuyant son dos contre le mur, face à moi
- J'ai l'impression d'être ta copine, j'ai rien le droit de faire
- Abuses pas je suis pas toujours sur ton dos, dit-il en ouvrant les bras en croix

Je lève les sourcils en inclinant légèrement ma tête pour lui montrer que je ne suis pas d'accord. Il reprend :
- Bon peut-être un peu, mais t'es ma petite soeur, mon sang, ma famille, je veux te protéger des mauvais gens et des mauvaises expériences
- Est-ce que tu insinues que tes potes sont des personnes mauvaises ?
- Non, mais c'est vrai que certains sont un peu bâtard avec les filles
- Du genre ? Dis-je en croisant les bras
- Mohamed, mais on va pas revenir dessus

Je secoue la tête négativement. Je me souviens du scandale qu'il m'avait fait quand je lui ai dit qu'il m'arrivait de coucher avec Mo, il ne l'a pas du tout bien pris, et quand on lui a demandé de ne rien dire il n'est pas passé loin de ne pas tenir sa promesse. Mais au fil du temps il a compris que j'étais encore libre de faire ce que je voulais, tant que j'en avais envie.
- Ken aussi, c'est pour ça que je méfie du rapprochement entre lui et toi, je le connais, et j'ai bien vu comment il t'a maté tout à l'heure ! Puis Louis il est pas mal à ce niveau là aussi, et Doums, même si depuis Adèle il est calme, je le connais
- Je t'assure que tu n'as pas à t'en faire

Je lui souris avant de le prendre dans mes bras. Il me fait un léger bisou sur la joue en passant son bras autour de mes épaules. J'ai un peu de mal à saisir son inquiétude, je ne suis pas du genre à provoquer qui que ce soit et je ne cherche pas à attirer l'attention.
Mais le comportement de Framal sur ce point m'est habituel, alors je chasse vite fait ces pensées.

Je mords dans un des délicieux croissants que Antoine a gentiment ramené ce matin. Je me confonds même en remerciements tellement c'est bon. Après une bonne tasse de café, je récupère mes petites affaires et annonce que je rentre chez moi pour finir ma nuit. Mon meilleur ami, fidèle à lui même, me raccompagne jusque devant la porte de mon appartement, et une fois celle-ci fermée, je m'allonge dans mon canapé et allume la télé.
Je ne crois même pas avoir vu passer trois chaînes que je me suis endormie. J'ai vraiment du mal à tenir leur rythme.

Mon téléphone me tire de mon sommeil aux alentours de vingt et une heure.
- Ouais allô ?
- C'est Fram
- Je sais, qu'est-ce que tu veux ?
- Je te réveille ?
- Oui
- Excuse moi
- C'est rien, qu'est-ce qui se passe ?
- Y a soirée ce soir à la baraque
- Je t'arrêtes tout de suite, ce sera sans moi
- Pourquoi ?
- Je suis super crevée, j'ai pas le courage de venir
- Demain alors ?
- Demain dimanche ? Vous ne vous arrêtez jamais c'est incroyable
- Demain ou ce soir, pas le choix c'est le nouvel an
- Vas-y je viens demain
- A demain
- C'est ça

Je raccroche en soupirant, pourquoi j'ai cédé ? Aucune idée, sûrement qu'il ne m'aurait de toute façon pas lâcher, et aurait fini par envoyer toute l'armée me bombarder de messages si je venais pas pour fêter la nouvelle année.

En traînant des pieds, je rejoins la cuisine pour attraper quelques restes pour les réchauffer et les déguster depuis mon canapé, les yeux rivés sur des émissions de télé stupides.