chapitre 29

2.4K 90 2
                                    

Ken s'approche dangereusement de Charles, il l'attrape par le col de son t-shirt et s'apprête à lui coller son poing dans la figure.
- Ken ça va pas, tu te calmes s'il te plaît, dis-je en le tirant vers moi
- Il a essayé de t'embrasser, siffle-t-il entre ses dents
- Ça suffit, va prendre l'air un peu, dis-je le plus bas possible

Il grogne et rejoint le trottoir pour s'aérer la tête. Je suis touchée de sa réaction, mais je suis surtout carrément gênée de la scène qu'il a provoquer, devant Charles à son exposition, et au vu des regards sur nous, les autres personnes présentes ne sont pas passées à côté non plus.
- Je suis désolée, il est un peu impulsif
- Non mais c'est normal, si vous êtes en couple je comprends sa réaction, je suis désolé
- En couple quand ça l'arrange oui
- Ah bon ?
- Ouais c'est un peu tendu en ce moment, désolée pour ça
- Megan ! Hurle une voix familière dans mon dos
- Oui quoi ?
- Viens gérer ton mec là il va péter des voitures !
- Mais arrêtes de crier putain, dis-je en attrapant mon ami tressé par le sweat
- Bah ouais mais il fallait que tu entendes aussi
- Mais déjà va t'habiller toi t'es en jogging mec, dis-je en fronçant les sourcils
- Mais flemme, répond-il en fumant son joint

Je lève les yeux au ciel de le voir fumer ce genre de choses à l'entrée d'une galerie d'art. Ce n'est pas que les artistes ne se droguent pas, bien au contraire, mais enfin bon, on dirait qu'il cherche à se faire remarquer.
Mes yeux se posent sur Ken plus loin dans la rue, accompagné de Mekra, qui tente en vain de le calmer. Je prends une cigarette que j'allume instantanément pour me donner le courage nécessaire pour rejoindre Ken dans sa colère. Je mets mon sac à main dans les mains de Adèle et j'arrive à la hauteur de Mekra.
- Mekra ! Laisse, je vais gérer, merci
- Super blondie, je m'en sortais plus, dit-il de sa voix grave

Je lui affiche un petit sourire et je m'approche de Ken qui ne cesse de murmure des jurons tout en serrant les poings.
- Ken ?
- Laisse moi
- Ken, ça suffit tu te calmes s'il te plaît
- Quoi ? Hurle-t-il en se tournant vers moi
- Pourquoi tu pètes un câble comme ça ?
- Parce qu'un bouffon à essayer de te gérer et ça me rend malade qu'il ait pu rien qu'imaginer pouvoir te toucher
- Ah parce que maintenant tu te soucies de ça ?
- Pardon ?

Il ne bouge plus d'un millimètre, son regard en fixé sur moi. Je crois que je préfères quand il est énervé, là je sais que c'est le calme avant la tempête.
- J'en sais rien, je te dis que je suis enfin prête à me mettre avec toi, même si c'est dans la discrétion, mais toi tu disparais presque des radars tu trouves ça normal de venir péter un câble quand un garçon m'approche alors que tu ne fais même pas attention à moi ?
- Tu te fous de ma gueule la Megan ? C'est précisément toi qui ne veut pas qu'on s'affiche et tu me reproches de ne pas te montrer que tu es ma copine ?
- Mais ça veut pas dire qu'en privé tu ne peux pas le faire ! Dis-je en perdant patience
- Tu sais quoi tu me casses les couilles, dégage de là
- Ken arrêtes
- Vire de là, je veux plus te voir, pauvre conne

La lueur qui vit dans ses yeux m'est totalement inconnue. Il me file la chair de poule, il m'effraie tellement, les traits de son visage sont tirés sous la colère, je ne le reconnais même pas. Ce n'est pas le Ken que je connais. C'est sa face cachée, la facette de lui que j'avais peur de découvrir.
Le laissant à lui même, je le quitte à reculons avant de m'engouffrer dans une ruelle, puis une autre et encore une autre. La nuit qui commence à tomber rend le sol, caché par les immeubles, difficiles à discerner et je manque de tomber plusieurs fois à cause de mes talons. Je m'accroupis devant l'entrée d'une petit maison, fumant ma cigarette en silence. Quelque chose coule sur mes joues, probablement pas des larmes de tristesse, quoique peut-être un peu, mais surtout des larmes de colère, et de peur. Peur de lui, peur de celui qui me rassure tellement de fois, de celui qui me rassure d'habitude quand j'ai peur. Mais surtout de celui qui est là quand ça l'arrange, quand il a besoin de moi. Je ne comprends plus rien, est-ce que c'est ma faute ? Est-ce que je devrais l'écouter et pousser notre couple au grand jour ? Sûrement. Je suis coupée dans mes sanglots par mon nom qui résonne quelques rues plus loin.
- Megan répond !
- Blondie déconne pas reviens

La pénombre les empêchera de me voir, enfin c'est ce que j'espère. Mais c'était sans compter sur lui.
- Megan je m'inquiète, je t'en supplie reviens, ne fait rien de stupide ! Hurla sa voix

Bien sûr que maintenant que je ne suis plus plantée devant lui il me cherche. Il s'engouffre dans la rue, seul. Je me lève quand je le vois arriver, et il s'approche de moi, mais je recule.
- Pourquoi tu pleures ?
- Tu te fous de moi ? C'est ta faute !
- Quoi moi ?
- Tu m'as fait peur espèce de con
- Pardon, je suis vraiment désolé, j'avais la haine j'aurais pas du la retourner contre toi
- Non tu n'aurais pas dû
- Il m'a gonflé l'autre Charles aussi
- Arrêtes, il ne se serait rien passé
- Parce que je suis arrivé
- Mais n'importe quoi

Je lève les yeux au ciel en croisant mes bras sur ma poitrine, tant que je suis dans le conflit, autant y aller à fond.
- Moi je voulais que tu oublies pour qu'on parle de notre vrai problème
- Quel problème ?
- Tu crois pas que quelque chose ne marche pas entre nous ?
- Comment ça ?
- Je pense qu'on a fait une erreur
- Attends de quelle erreur tu parles ? Dit-il en posant ses mains sur mes bras
- Je sais pas si c'est se mettre ensemble ou se cacher qui était une erreur
- Tu ne veux plus être avec moi ?
- J'ai pas dit ça, mais quelque chose ne va pas
- Écoutes moi, j'ai envie d'être avec toi plus que tout au monde, mais je ne veux pas me cacher pour te le dire, pour t'embrasser ou pour te faire l'amour, j'ai envie de hurler au monde entier que tu es ma copine
- Alors on arrête ? On ne se cache plus ?
- On ne se cache plus

Il me tend la main et je la serre comme pour se mettre d'accord. Il me tire ensuite vers lui, un sourire gravé sur ses lèvres. Il dépose ensuite en agréable baiser sur mes lèvres. Nous sommes malheureusement interrompu par le troupeau de guignols qui arrive derrière nous.
- Putain Meg t'es là ! Lance Framal
- Megan je te jure ne refais jamais ça, courir dans Paris c'était... attendez vous vous embrassiez là ou je rêve ? Dit Adèle
- Oh c'est pas vrai vous êtes ensemble ? Hurle Mathilde
- Il était temps ! Ajoute Antoine, tout fier

Ken passe son bras autour de mes épaules et me colle contre lui. Les sourires ne disparaissent pas du visage de nos amis quand ils nous félicitent d'avoir enfin assumés nos sentiments. Mon copain, enfin officiel, dépose un baiser sur mon front et me prend la main quand nous marchons derrière les autres pour rejoindre la galerie d'art.
- Récupères ton sac, me dit Ken dans l'oreille
- Pourquoi ?
- Fais le
- Adèle, passe moi mon sac s'il te plaît

Elle me confie avoir carrément zappé que ce n'était pas le sien dans un petit rire franc. Je replace alors mon sac sur mon épaule et Ken mélange ses doigts avec les miens. Quand il ressert son emprise sur ma main, je tourne la tête vers lui et je vois son regard malicieux : il a une idée derrière la tête.
- Enlèves tes talons

Je ne fais qu'obéir cette fois, et une fois pieds nus Ken se mit à courir pour s'engager dans un rue à droite, courant vers le soleil couchant, juste lui et moi.

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant