chapitre 12

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Le jour J est enfin arrivé, je suis à deux doigts de m'évanouir de stress. Mon oral d'Anglais commence dans dix minutes, je ne me sens absolument pas prête, et Danaé fait son possible pour me calmer. C'est mon dernier oral, après ça, je suis enfin en vacances. Mon téléphone vibre dans ma poche, pendant que je récite dans ma tête tout ce que j'ai appris. Je vais faire une crise cardiaque. Pour ne rien arranger, le numéro m'est inconnu, j'ai hésité quelques secondes avant de décrocher.
- Allô ?
- Ouais c'est Doums
- Ah comment tu vas le tressé ?
- Et toi la stressée ? Dit-il en riant

Il me décroche un sourire avec sa blague pourrie, ça me détend un peu.
- ça va, comment ça se fait que vous m'appelez tous avant mon exam ?
- Framal il a soûlé tout le monde, je pense qu'il est plus stressé que toi encore
- Ah mais il est chiant, si je rate faudra avertir tout le monde quoi
- Mais tu vas rien rater du tout, tu vas tout déchiré, t'es la meilleure, ce soir passe à l'appart on fête ça
- Merci, et ouais t'inquiètes je passerais

Je raccroche ensuite et range mon téléphoné dans ma poche avant que la porte ne s'ouvre. Je crois que je préférerais mourir que de passer un oral, là tout de suite. J'en ai pourtant passer deux déjà, mais impossible de relativiser.

Toute la matinée, j'ai reçu des messages de mes supers copains pour me souhaiter bonne chance, et surtout pour ne pas oublier de venir me bourrer la gueule avec eux ce soir. Framal aurait pu bloqué mon téléphone tellement il m'envoyait de texto. Il veut vraiment ma réussite, un million de fois il m'a parlé de sa situation, lui qui n'a même pas fini son collège, et il m'a toujours poussé vers le haut dans mes études pour que je n'ai pas à traîner dans des chantiers la nuit pour gagner un peu d'argent. Bizarrement (ou pas), le seul qui manque à l'appel est Ken. Depuis ma fameuse session révision dans mon salon avec lui, je ne l'ai pas vu. En même temps, je me suis isolée pour réviser et j'ai consacré ma semaine à mes oraux, mais je n'ai même pas eu de message. Mais quand les mains de mon amie se pose sur mes épaules pour me pousser à l'intérieur de la salle, tout s'évapore et je ne pense plus qu'à ma dissertation sur Shakespeare.

**
Quand j'ouvre les yeux, il est neuf heures. J'entends un bruit sourd dans le salon, et trente secondes plus tard, mon meilleur ami s'étale dans mon lit.
- Salut grosse
- Salut
- Bonne nuit grosse
- T'es mignon mais enlève au moins tes pompes s'il te plaît
- Oh je suis crevé
- Fallait rentré avec moi de chez Doums hier soir je t'avais prévenu
- T'es partie à minuit
- Et alors ? Tu bossais à six heures et enlèves tes chaussures pleines de poussière là

Framal souffle avant de se redresser pour défaire ses grosses chaussures de sécurité. Je sais que son travail l'épuise, et j'aimerais l'aider à trouver meilleur job, mais le problème de Framal c'est la flemme.
J'attrape mon téléphone dans une main et ses chaussures dans l'autre pour filer dans le salon et le laisser dormir tranquillement. Dans un nuage de poussière, ses chaussures s'écrasent sur le tapis de l'entrée et me fait tousser. Mon téléphone vibre dans ma main. C'est Doums, évidemment. Je sais déjà ce que contient le message avant même de l'ouvrir.
« Soirée à la baraque ce soir, tu viens c'est un ordre pas une question ».

Sincèrement, comment à neuf heures du matin, ils peuvent déjà penser à ça ? Ils veulent pas bosser un peu, se reposer je sais pas moi. Ils devraient acheter une gigantesque maison pour y vivre tous ensemble, c'est rentable leurs histoires d'appartements individuels. Je ne réponds même pas tellement ma venue semble évidente. C'est la fête chez lui, je ne vais pas rater ça. D'après lui, il s'agit d'une fête en préparation du nouvel an, c'est quand même incroyable comme pratique. C'est vrai qu'une fête le 31 décembre ça ne suffit pas. Parfois, les garçons m'exaspèrent.

Quand j'arrive dans la cuisine, je trouve un mot de ma meilleure amie qui disant qu'elle est partie pour la journée avec sa copine. Le petit déjeuner s'annonce calme pour une fois, pas de couple amoureux en face de moi, Framal dort et aucun des garçons n'est à traîner dans l'appartement. Je m'affale dans le canapé avec des céréales, en lançant ma série préférée sur Netflix.
Michael Scofield était en train de s'évader de prison par la fenêtre de l'infirmerie quand ma porte s'ouvre après trois coups donnés dessus. Mathilde et Danaé apparaissent dans mon salon.
- Meuf ce soir y a une soirée avec les gars, lance Mathilde
- Bonjour, contente de vous voir aussi les filles
- Pardon, meuf mais on panique un peu
- Mais quoi ? Pourquoi ?
- Elle a peur de voir Deen en fait, répond Danaé
- Ah parce que vous vous êtes rapprochés un peu ? Dis-je en me redressant sur le canapé
- Je pense ouais, j'en sais rien je suis perdue
- Vas-y je vais mener mon enquête, et toi avec Mekra tu passes la deuxième ou quoi ?
- Euh...

Je chope le téléphone de Danaé pendant qu'elle rougit après ma question.
- Quoi ? Mais à ce rythme là t'es enceinte dans deux semaines ! Dis-je en parcourant les messages
- Arrêtes j'ai peur de lui faire confiance
- Comment ça ?
- Il a une sale réputation, et je crois que je commence à bien l'aimer
- Ah ouais, ça va pas ensemble en effet

Je tente comme je peux de rassurer mon amie, tout en la mettant en garde. Mekra n'est pas le mec que j'avais imaginé pour l'une de mes amies, mais il a beaucoup changé depuis qu'il l'a fréquente, je crois qu'elle lui fait du bien.
Mathilde fait trop la maligne à mon goût alors je décide de prendre son téléphone pour lire quelques messages avec Deen.
- Lâches ça meuf s'il te plaît
- Ah mais bouges tes fesses toi t'es pas avancé
- Mais ta gueule, dit-elle en récupérant son téléphone
- Et toi alors ? Demande soudain Danaé

Mon visage se ferme et mon sourire s'efface. Les filles cessent de rire et me fixe d'un air sérieux. Elles savent tout, les bisous, la réputation de Ken, l'effet qu'il me fait malgré moi, l'absence récurrent de nouvelles, et moi au milieu de tout ça, perdue dans mes sentiments entre l'amitié, l'amour et la haine. J'essaie d'éviter le sujet autant que je peux.
- Quoi moi ?
- Tu as des nouvelles de Ken ? Demande Mathilde
- Non
- Même pas un message ?
- Non, rien

Le dire à haute voix me fait mal. Je pense que j'étais dans le déni, et l'avoir dit tout fort, à quelqu'un me fait réaliser qu'il me manque, et que j'ai mal de ne pas avoir de nouvelles. Cette impression qu'il joue avec moi est invivable. Et pourtant, jusque là j'étais persuadée de ne pas pouvoir le supporter. Au fond de moi, je crois que je pourrais facilement tomber amoureuse de lui.

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant