chapitre 32

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Le retour à la maison me transporte dans une vague émotionnelle intense. Je réalise à ce moment finalement que mes parents n'ont pas le droit de me priver de mon petit frère. Dylan a toujours eu une place spéciale dans mon cœur, il a quelques années de moins que moi, mais on a toujours été très fusionnels. Nous n'avons jamais eu cette période de conflits qu'ont tous les frères et sœurs, même si parfois on n'a pas pu s'empêcher de se crier un peu dessus, ou de se faire la tête. Mais mes parents n'ont pas le droit de décider à sa place s'il a le droit de me voir ou non. Alors, pendant que Ken à les yeux rivés sur la rue qui défile et que le taxi nous ramène en bas de mon immeuble, j'attrape mon téléphone dans mon sac, et j'envoie un message à ma mère.
« Maman, aujourd'hui j'ai pris conscience d'une chose, tu n'as pas le droit de me priver de mon petit frère, mais encore moins de lui imposer ce choix, je compte le revoir, avec ou sans vous, je vous laisse le choix ».

Le taxi s'arrête, me ramenant à la réalité et à mon mal de dos. Je n'ose même pas le regarder en face, toute cette soirée me revient en mémoire, et je n'ai jamais vu plus chaotique que ce soir. Notre relation ne semble mener nulle part, et pourtant je suis convaincue que nous n'avons explorer qu'une minime partie de ce que nous imaginons pouvoir un jour explorer ensemble.

La montée des escaliers s'annonce plus compliquée que ce que je pensais à cause de mon dos. Quand je croise mes bras sur ma poitrine, mes mains se posent sur les bandages qui les recouvrent, et des flashs de Ken, brisant un verre sur le mur dans mon dos me reviennent. J'ai un mouvement de recul quand il pose sa main sur mon à ce moment. Il l'encaisse et ne dit rien. Il ouvre seulement la porte en silence, laissant le moins d'obstacles possibles sur mon chemin pour aller m'asseoir.
- Tu vas rester avec moi ?
- Évidemment, je viens de le promettre à une infirmière, et je te l'ai promis à toi
- Depuis quand tu tiens tes promesses ?
- Arrêtes Megan, pas maintenant

Je lève les mains en l'air en signe d'innocence avant de m'installer lentement dans le canapé. Ken s'éclipse une petite minute pour revenir avec un verre d'eau qu'il pose près de moi sur la table. Je le remercie d'un sourire et il prend place à côté de moi, avec au moins un mètre entre nous, respectant le geste de recul que j'ai eu tout à l'heure. Et pour cette seule action, j'ai envie de tout pardonner, de le serrer dans mes bras, de l'embrasser, mais si je le fais, il saura qu'il n'a qu'à mettre ses distances au début pour se faire pardonner instantanément ses bêtises. Et ce n'est pas imaginable.
- Silva donc, dit-il en tournant à peine la tête vers moi
- Pardon ?
- Silva, c'est ton nom de famille, non ?
- Oui
- Pourquoi tu me l'as jamais dit ?
- Tu ne me l'as jamais demandé
- C'est pas faux, répond-il en haussant les épaules

Il se gratte la tempe avant de jouer avec sa moustache, un peu longue à mon goût.
- C'est de quelle origine ?
- Du Brésil
- Tu es brésilienne ? Demande-t-il, un peu étonné
- Mon père, Rafaello Silva, dis-je en prenant un accent qui me vient de mon père
- On dirait pas, tu es vachement pâle pour une brésilienne, sans vouloir t'offenser évidemment
- Je ressemble à ma mère, mon frère ça se voit beaucoup plus
- Ton frère à une vraie tête de brésilien ?
- Oh que oui, attends je te montre !

Je sors mon téléphone pour chercher une photo de mon petit frère, et pendant un instant, j'en oublie à quel point je suis énervée contre mon copain. Je pose même la main sur son bras quand je lui montre, fièrement, un selfie de mon frère et moi.
- Ah oui putain, un vrai brésilien, il s'appelle comment ?
- Dylan
- Rien à voir du coup ?
- Absolument pas
- J'aime bien ton accent quand tu parles brésilien
- Portugais, pas brésilien
- Ah ouais désolé

Je lui souris, il est trop mignon quand il se trompe sur moi, il fait tout pour s'assurer que je ne suis pas offensée et que je ne le prends pas mal. Ce genre d'attention me ferait oublier tout le mal qu'il a pu me faire.
- Megan je... je suis désolé pour ce que j'ai fait
- J'y suis pour quelque chose tu sais
- Non, tout est parti de moi, je t'ai laissé de côté alors que je t'avais promis d'être là pour toi, tu as voulu me faire réagir, je suis tellement désolé
- Est-ce que tu as couché avec cette fille ?
- Hein ? Mais non, bien sûr que non
- Est-ce que tu en as eu envie ?
- Quoi ?
- Ne m'obliges pas à me répéter, tu as très bien entendu
- Non... pas avec elle
- Avec qui ?
- D'autres pouffes certains soirs je me suis imaginé me faire sucer et-
- Ouais ok, j'ai compris je veux pas savoir
- Mais Meg, je n'ai rien fait je te le jure !
- Comment je peux te croire ?
- Mais enfin, je ne pourrais jamais te faire ça tu le sais bien, je t... je te respecte beaucoup trop pour te faire autant de mal

Mon cœur me fait mal, j'ai vraiment cru qu'il allait dire qu'il m'aimait. J'aime quand il me le montre, mais pas une fois depuis qu'on se connaît il ne me l'a dit. Et je crois que j'ai besoin de l'entendre, au moins une fois. J'avoue ne lui avoir jamais dit non plus, mais m'offrir à lui et lui raconter une partie de mon passé semblait une déclaration évidente.
- Tu vois la différence entre toi et moi ?
- Quelle différence ?
- Toi tu me respecte, et moi je t'aime

Son regard si sombre depuis le début de cette conversation s'illumine soudain. Le coin de sa lèvre menace à tout moment de former un sourire. Mais je n'arrive pas à savoir s'il veut sourire parce qu'il est heureux de ce que j'ai dit, ou parce qu'il est vicieusement heureux de m'avoir poussé jusque là.

Risible amour_NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant