Je viens de passer une semaine clouée au lit. Je ne suis sortie de mon appartement que pour aller chercher mon courrier, que je ne prends même pas la peine d'ouvrir. Mon meilleur ami n'a pas pu s'empêcher de venir me voir, et quand il m'a demandé ce qui m'a mis dans cet état, j'ai prétexté une dispute bien trop compliqué avec Ken pour lui expliquer. Le fond n'est pas si différent, mais il est hors de question que je fasse comprendre à Framal que la violence de Ken m'a fait peur, il le détruirait.
Ken m'a d'ailleurs envoyé quelques messages auxquels je n'ai pas pris la peine de répondre pour des raisons d'isolement complet. Je crois que ça lui fait du bien de ne pas avoir de nouvelles de moi. Même si j'ai un peu peur qu'il m'oublie. Mes copines m'ont aussi demandé pourquoi je n'allais pas en cours, une bonne gastro m'a servie d'excuse.Demain, on est samedi et c'est le match de mon frère à Paris, c'est la seule chose à laquelle je m'accroche. Ma seule raison de me lever ce matin et de filer sous la douche. Ou peut-être que la menace de Framal de me traîner par les cheveux dans la salle de bain si je ne me lavais pas aujourd'hui me fait un peu flipper. Les cheveux humides sur mon canapé je commence à râler que le catalogue Netflix n'est pas assez vaste. Je fais défiler tous les films possibles quand mon téléphone sonne sur la table, je décroche tout en lisant le résumé d'un film qui m'attire l'œil.
- Ouais ?
- Tu réponds enfin
- Ken ? Dis-je, très surprise
- Ouais, tu regarde pas avant de décrocher
- Non, tu veux quoi ?
- Ouvres, je suis en bas
- Hors de question
- Ouvres moi
- Pourquoi tu veux monter ?
- Je veux te voir
- Pas moi
- Tu mens
- Je mens pas
- Arrêtes, Framal m'a dit que je te manquais
- Il ment
- Ouvre Megan
- Deux minutesJe me tire à contre cœur du canapé et j'appuie sur le bouton de l'interphone.
- Tu connais le chemin, dis-je avant de raccrocherPendant que je compte les secondes avant qu'il n'arrive, mon cœur s'emballe et je suis carrément flippé. Je n'ai pas réussi à savoir s'il était énervé ou calme. Je suis plantée entre la porte et la cuisine, ne sachant pas quoi faire.
La poignée qui s'affaisse me ramène à la réalité, je dois lui ouvrir. Il donne trois coups sur la porte, je pense qu'il s'impatiente.
J'ouvre la porte, et quand je le vois se tenir devant moi, une casquette vissée sur la tête, avec un jean et un pull, les mains dans les poches, j'ai envie de pleurer. Il me fixe, on dirait que le temps s'est arrêté depuis que la porte l'a laissé apparaître. Sans que je comprenne quoi que ce soit, il pousse la porte pour la fermer, et attrape mon visage entre ses mains pour déposer un long baiser sur mes lèvres.
- Ken...s'il te plaît, lâche moi
- Tu me manques Megan, dit-il en me serrant contre lui.
- ArrêtesIl ne m'écoute pas et passe ses mains sous mon pull, le contact de sa peau contre la mienne me provoque un frisson inattendu. Ses lèvres descendent dans mon cou, et pendant un instant je me suis vue le laisser faire ce dont il rêve actuellement. Mais je finis par le repousser.
- Tu fais encore la gueule ?Je baisse les yeux, je n'ai pas envie de dire oui car c'est faux, le manque qui vit en moi depuis qu'il est parti prend bien plus de place que la colère. Mais si je dis non, il croira que tout va mieux, et que je suis passée à autre chose.
- Donc tu vas faire la gueuleIl souffle en s'asseyant sur le canapé, je le rejoins en me posant à l'autre bout de mon endroit préféré ces temps-ci. Avant de sortir mon téléphone pour m'occuper dans ce moment de gêne, je lance Spotify en fond sonore, mais c'est ma playlist de déprime qui démarre. D'abord je me précipite pour changer, puis voyant qu'il ne remarque rien, je laisse, je n'ai pas envie d'écouter autre chose.
Je fixe le plafond en pensant. Je pense à quel point j'aime l'homme qui est assis à côté de moi, à quel point il a changé ma vie en la rendant meilleure, même s'il l'a rendu plus compliqué par la même occasion. Je sais que si je veux qu'il prenne conscience que la violence n'a pas sa place dans ma vie, je dois lui raconter tout mon passé, mais je ne me sens pas capable de faire ça, il faudrait que je me replongé moi-même dans cette période de ma vie que j'ai envie d'oublier.
Je pose mes yeux sur ce mec, sorti de nulle part, qui a chamboulé toute ma vie. Il a les yeux fermés, mais après quelques minutes d'intense observation de ma part, il ouvre les yeux et se tourne vers moi.
- J'ai pris conscience d'un truc
- Dis-moi
- Si tu as fait ton cinéma avec Mohamed, c'était uniquement pour attirer mon attention parce que je ne t'en donnais plus, et je me dis que si tu as fait ça, c'est que tu m'aimes, non ?
- Que je quoi ? Dis-je en manquant de mourir étouffée
- Tu m'aimes, tu me l'as dit
- J'ai pas dû faire exprès
- Megan, est-ce que tu m'aimes ?
- Non
- Bien sûrIl sourit dans ses derniers mots, je sais qu'il ne me croit pas, mais je m'en fiche. Tout cet amour que je ressens pour lui a besoin de s'extérioriser. Il ne sait pas à quel point il me rend folle, à quel point je ressens des choses fortes envers lui. Mais chaque fois que je me persuade que je l'aime, je le revois éclater ce verre dans mon dos, et la rage qui habitait ses yeux à ce moment-là me terrifie, encore aujourd'hui.
- à quoi tu penses, bébé ?
- Rien ne t'inquiètes pas
- Si on veut recommencer on doit se parler
- C'est juste que, je te revois encore jeter ce verre et-
- C'est incroyable, je fais tout ce que je peux pour te montrer que je suis désolé et que je suis prêt à tout pour toi, mais c'est impossible que tu oublies ça !
- Je n'arrive pas à oublier ça, comprends moi
- Là c'est moi qui n'y arrive pas
- Mais Ken ..
- Parles moi, dis moi pourquoi tu n'y arrive pas et je ferais tout pour t'aiderSon changement de ton soudain me fend le cœur, il est prêt à tout pour me montrer qu'il n'est pas violent, qu'il ne me veut pas de mal, mais je n'arrive pas à lui parler, c'est plus fort que moi.
- Je ne peux pas
- Mais tu n'as pas le choix, si tu veux que ça marche entre nous, dit-il en se levant
- Mais essayes de me comprendre, c'est pas facile de te parler quand tu ne t'ouvres jamais à moi !
- Tu te fous de ma gueule ? Je m'ouvre à toi bien plus qu'à n'importe qui
- Arrêtes de crier je t'en prie
- Alors parles
- Non, je te l'ai dit
- Sérieux Megan tu me casses les couilles, je me tire, appelles-moi quand tu auras enfin trouver cette force de me parler !Il se tourne, attrape sa veste sur la chaise et claque la porte derrière lui.
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Risible amour_Nekfeu
FanfictionBrisée en mille morceaux, Megan ne compte plus que sur elle-même et son meilleur ami sans qui elle ne serait plus là aujourd'hui. Mais quand il entraîne ses potes dans une soirée organisée par Megan, celle-ci sent comme une tension entre elle et un...