Chapitre 1

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LIAM

Le lendemain matin, quand je me réveille, la douleur se fait ressentir comme un coup de couteau dans le dos. On raconte que le sommeil est réparateur, mais j'ai un scoop : c'est totalement faux. J'ai envie de tout sauf de sortir du lit, j'espérais ne jamais me réveiller, ou en tout cas, pas dans ce monde où Hadriel fait de moi sa marionnette.

Je me redresse de mon lit en m'étirant, tout en jetant un bref regard vers la vitre d'où le soleil se reflète dans ma chambre. Dehors, le temps est clair. Aucune touche de gris à l'horizon. Uniquement de belles taches de bleus, me remémorant ainsi celles qui parsèment mon corps meurtri. Je n'ai même pas osé regarder l'étendue des dégâts avant de m'effondrer sur mon lit hier. Les larmes ont séché autour de mes yeux et ça colle.

La nuit fut longue et épouvantable, à ma plus grande habitude.

D'un pas lourd, je me tire finalement de mon lit. Après une rapide inspection de ma chambre – histoire de vérifier que je n'ai rien oublié sinon ce sera encore ma fête –, je me décide à prendre un simple tee-shirt gris et un jean avant de filer sous la douche. L'eau chaude me brule, l'eau froide aussi. Ainsi, même se laver ne me soulage même pas. Je n'arrive même pas à observer mon corps pendant que je me savonne, tout ce que je sais est que tout mon corps me démange, mais je résiste à l'envie de frotter plus fort dans l'espoir de faire disparaitre toutes ces marques affreuses que je ne veux même pas voir.

Après cette pensée, je sors de la douche, retourne dans ma chambre, puis jette un furtif coup d'œil à la boîte sur mon bureau, en souvenir de mes parents. Pendant un instant, j'hésite, ne sachant pas quoi faire. Chaque jour, chaque minute, depuis maintenant plus de huit mois, je me retrouve dans cette situation. J'aimerais l'ouvrir, mais je n'ose pas. J'ai bien trop peur de m'effondrer. Ce sont les seuls souvenirs restants de mes parents, ceux que j'ai tant aimés, et qui m'ont tant aimé à leur tour.

Finalement, comme toujours, j'essuie une larme au coin de mon œil et sors de ma chambre en claquant la porte, sans un dernier regard vers la boîte. De toute manière, je sais bien, qu'un jour ou l'autre, j'oserais enfin l'ouvrir. Et ce jour-là, je saurais que c'était la chose à faire pour conclure mon deuil.

Je soupire longuement.

— Bon, allez Liam, n'y pense plus...

Je me dis ça en regardant uniquement mon visage dénué de blessure dans le miroir. Je ne sais pas trop si je vais arriver à me convaincre ainsi, mais au moins, j'essaie quelque chose.

Lorsque je quitte ma chambre et descends à la cuisine, j'ai la joie de trouver la maison vide. Il n'a aucune trace d'Hadriel, et au temps pour moi. Vu l'heure, il doit déjà être au bar du coin, pour ce que j'en ai à faire. Je n'avais pas envie de le voir, donc ça tombe bien, je peux déjà dire que ce matin sera une matinée agréable, ou du moins assez normale pour ne pas risquer de nouveaux bleus. Malheureusement, je constate tristement ma tante non plus n'est pas là. J'aurai bien aimé la voir avant de partir, mais bon, ce n'est pas grave.

Au moment-même où je me pose sur l'un des tabourets autour du comptoir, mo regard se pose sur un petit papier carré et jaune sur la table. Je prends le papier dans mes mains et lis :

« Liam, j'ai dû partir tôt ce matin. Bon courage pour la rentrée. Je t'embrasse. Aubrey ».

Je souris en lisant le mot de ma tante. Cette femme est vraiment une perle. Elle est très attentionnée, tout le contraire d'Hadriel... Juste ça me met du baume au cœur. Sa gentillesse est presque irréelle, elle savait que j'aurai voulu la voir ce matin, alors elle a prévu le coup. C'est mieux qu'un texto.

Je me questionne souvent sur la raison pour laquelle Aubrey et Hadriel sont mariés. Ma tante me dit que c'est parce qu'elle l'aimait, ne parlant plus de ce sentiment au présent. Ça peut certainement paraitre méchant, mais j'espère qu'elle finira un jour par se séparer de lui. Il n'a pas l'air violant avec elle, mais après tout, j'ai chaque jour la frousse que cela arrive. SI ça arrive, je ne sais pas quelle sera ma réaction, et je ne préfère pas savoir. Ma tante est adorable, elle ne mérite pas un type aussi exécrable que lui. Je le déteste. Je n'arrive pas à croire que je partage le même sang que lui. Je préfère ne pas y songer.

Des espoirs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant