Chapitre 18

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LIAM

Je me sens coupable. J'ai envie de hurler. Je ferme les yeux quelques secondes mais les rouvre aussi vite. Je ne rêve pas. Ma tante est bel et bien là, et face à nous l'homme de tous ses cauchemars nous regarde avec un air suffisant qui éveille en moi de sombres idées.

Je crois que je vais m'évanouir.

Lorsque je remarque le visage de ma tante qui se décompose à la vue de son ancien amant, je crois que je ne me suis jamais senti aussi pitoyable de toute ma vie. Que fait-elle ici ? Pourquoi n'est-elle pas partie ? Tout est de ma faute, je n'aurai jamais dû perdre du temps à lui parler, accepter l'aide qu'elle pouvait nous apporter. Si je n'avais pas été si égoïste... Je n'ose même pas intercepter son regard, je me sens horrible.

Tout est de ma faute.

Et personne ne sortira d'ici sans séquelles. Si on arrive à s'en sortir, du moins. Mais je sais déjà que ce n'est qu'au début.

La fin est encore bien trop loin. La fin, c'est presque irréalisable. La fin n'est qu'un rêve. C'est ce que je me dis lorsque mon regard plonge en face de moi. Je me mords la lèvre, mes mains sont moites de terreur.

A travers mes yeux humides, les lèvres pincées, je fixe Hadriel comme si mon regard pouvait le faire disparaitre. Hadriel rigole lorsque ses yeux croisent les miens. Mon cœur se serre à cette vue, et je m'empare du couteau que ma tante a laissé sur le sol en nous détachant les poignets. C'est la seule et unique chose qui pourrait lui faire du mal si besoin est. J'aimerai pouvoir éviter d'en venir là.

Mais comme je ne suis sûr de rien, et veux être prêts à me défendre, je serre le couteau fort dans ma main, la lame frôlant dangereusement la fine peau de ma paume. Je trésaille mais tente de garder mon calme. Je ne dois pas céder à la panique. Jamais. Autrement, il en profitera, et je ne veux pas lui donner la satisfaction de savoir qu'il peut malgré tout encore me blesser.

— Hadriel ? Mais que...

Ma tante cherche ses mots. Elle est pétrifiée de peur et n'arrive même pas à terminer sa phrase. Elle pose une main sur son ventre, comme pour protéger l'enfant qu'elle porte d'Hadriel.

— Il a fallu que tu trouves le moyen de te mêler de tout ça, c'est ça, Aubrey ? Tu n'as pas pu te retenir. Je ne devrais pas être étonné, tu aimes mettre ton nez dans les affaires des autres. C'est usant, à la longue, tu sais ?

Hadriel ricane puis foudroie ma tante des yeux. Avec son fusil serré entre ses longs doigts de psychopathe, je regarde sa première main qui pointe un doigt accusateur sur Aubrey. Il semble penser que tout est de la faute de ma tante alors qu'elle est aussi en danger que nous, à présent. Et qu'il est le seul coupable.

Mes dents claquent lorsque Hadriel descend son doigt et s'apprête à avancer. Pourtant, il ne fait pas un mouvement. La voix de ma tante me surprend.

— Que comptais-tu faire d'eux ? poursuit Aubrey.

— Pas grand-chose. En fait, pour tout te dire, j'étais encore en train d'hésiter. Ta visite brouille mes plans, ajoute-t-il en fixant un point derrière nous. Enfin bon, maintenant que vous êtes là tous trois, les choses sont bien plus intéressantes... Je pense, je pense que c'est l'imprévu qui me fait le plus plaisir de toute ma vie. En fait, peut-être que je devrais te remercier ?

Sa dernière phrase se meurt dans un sourire diabolique qui me rappelle automatiquement ceux qu'il me lançait dans le dos de ma tante lorsque nous habitions tous les trois ensemble.

Je ne ressens une vive peur qui fait accélérer les battements de mon cœur. Tout s'entrechoque dans mon corps et mon crâne – je ne sais plus qui je suis, comment je suis censé vivre. C'est presque si j'entends mes poumons qui se gonflent et dégonflent à toute allure, me coupant la respiration. J'ai terriblement peur pour ma tante, je crains pour sa vie. C'est le même chose pour Cassiopée.

Des espoirs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant