Des espoirs |Terminé|

Chapitre 8

LIAM

Je ne sais pas quoi dire. Mes yeux verts plantés dans les siens, ma bouche s'ouvre mais aucun mot n'en sort. Cassiopée panique aussitôt en voyant mon manque de réaction et lève ses deux mains en l'air pour clamer son innocence. Je me mords la lèvre tant je suis perturbé. Et surtout, je ne sais pas du tout quoi répondre à cette question hyper soudaine.

— Pardon. Désolée. Enfin, je ne sais pas... ? Je ne devais pas te poser la question, c'est ça ? Excuse-moi, je suis trop curieuse.

Cassiopée ne cesse de se confondre en excuses, semblant penser que ses paroles me dérangent. Ce n'est pas le cas, mais je suis mal-à-l'aise, je ne sais pas, je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi directe. Pourtant, je suis également étonnée qu'elle s'excuse, ça ne semble pas être dans ses habitudes vu la manière franche dont elle me parle. On dirait presque que je l'intimide, ou qu'elle n'ose pas me parler pour ne pas me froisser.

Quelque chose dans son regard me fait penser qu'elle lit en moi.

Cassiopée soupire, regarde devant elle, et sort une nouvelle cigarette de son paquet pour briser ce silence inconfortable. J'étais tellement perdu, complétement sous l'effet de surprise, que je n'ai même pas remarqué qu'elle a déjà fini la première, ni qu'elle était à nouveau passée de ma bouche à la sienne. Entre temps, je n'ai toujours rien dit, et ça commence à être pesant. Le silence commence à se faire long. Putain, Liam, dis quelque chose !

Cassiopée fait des nuages de fumée, je l'observe du coin de l'œil. Nerveux, je tire sur mes manches. Cette fille a déjà remarqué l'état de mes phalanges, et si elle voyait tout... ? J'aurai bien trop peur de sa réaction. Je ne veux pas de la pitié des gens, ou de leur soi-disant aide inexistante. Certains veulent réellement m'aider – comme le raconte Hailey Evans sans cesse – mais je ne suis pas certain d'être prêt pour cette aide. Je ne sais pas, quelque chose bloque à l'idée d'en parler aussi ouvertement. J'ai déjà du mal à gérer par moi-même tous mes sentiments, je ne vois pas comment une autre personne pourrait les comprendre et les apprivoiser. Et même, mes émotions me sont insupportables car elles me font penser à Hadriel et ça me rend dingue, ivre de ce sentiment d'impuissance. Je n'ai toujours pas de nouvelles de ma tante, j'ai vraiment peur, mais je ne peux rien faire, rien du tout, juste attendre, et ça me rend encore plus à bout de nerfs.

— Bon, eh bien... Je vais te laisser.

Cassiopée déclare ça avec un sourire triste. Elle se lève, mais je ne sais pas pourquoi, je ne veux pas qu'elle parte. C'est à ce moment que, enfin, mes lèvres bougent pour former quelques sons. Lui parler me provoque une sensation nouvelle que je ne peux définir. C'est pour cette raison que le regard qu'elle porte sur moi quand je lui attrape le bras est tout à fait justifié.

— Reste, s'il-te-plait.

— Pourquoi veux-tu que je reste ? Je ne suis pas sûre d'être la mieux placée pour te poser ce genre de questions délicates.

— En fait, je crois que si, justement, tu es cette personne.

Ma réponse est flippante, ou en tout cas elle est spéciale pour dire ça à une inconnue, mais Cassiopée me répond par un sourire. Nous nous rasseyons tous les deux sur l'herbe. Elle me tend une nouvelle fois sa cigarette mais cette fois-ci je refuse. Elle la remet aussitôt dans sa bouche sans s'en formaliser, comme si elle avait déjà pris l'habitude de me voir fumer une fois sur dix alors que ça ne fait dix minutes que l'on discute. J'en ai déjà fumé une avec Ella l'autre fois, à ce rythme-là, je crains de tomber complétement accro, je me connais.

Alors que mes yeux fixent la bouche de cette fille aux cheveux bicolores qui recrache par à-coups de la fumée grisâtre, Cassiopée se tourne vers moi. Ses magnifiques yeux verts me fixent avec un sentiment que je ne sais décrire. C'est comme un mélange entre détermination, mélancolie, et tristesse. En fait, je ne sais pas. On dirait qu'elle cherche à me dire quelque chose en plongeant son regard dans le mien. Je lui coule un regard intrigué et elle me répond par des mots :