Chapitre 15

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LIAM

Sonné par les faits, je décide de rappeler ma tante sur le champ. Tout s'est passé tellement vite que nous n'avons même pas eu le temps de discuter. Je compose son numéro sur le clavier, les larmes aux yeux. Quand elle décroche, c'est presque si je suis en train de hurler tant je bouillonne de questions. Je ne sais plus où donner de la tête, comment je suis censé réagir, si je dois hurler ou pleurer. Je ne sais pas, mais ça me rend malade. J'ai peur, terriblement peur, alors que je pensais ce sentiment loin de moi.

Bordel, mais je ne comprends plus rien ! m'exclamé-je au téléphone. Comment savez-vous qu'il n'a pas quitté le pays ?

— Maintenant qu'il a appris pour ma grossesse, on pense qu'il voudra être au plus près de ce bébé.

En soit, ce que tout le monde pense n'est pas forcément faux – c'est du moins ce que la logique voudrait. Mais on parle d'Hadriel ! Hadriel le même homme capable de frapper son neveu et sa femme. S'il cherche tant à connaitre ce bébé, je suis certain que ce n'est que pour le briser dès lors sa naissance.

— Je n'en suis pas sûr, n'oublie pas qu'il ne voulait pas de cet enfant, à la base, je lui rappelle tout de même, le cœur lourd. Je ne suis pas convaincu qu'il ne soit pas parti. Son procès est pour bientôt, il devrait avoir fui l'Angleterre pour ne pas se faire prendre.

De l'autre côté de la pièce, Cassiopée se rhabille en me regardant. Je lui adresse une moue désolée avant de mettre le haut-parleur. Après tout, je tiens à ne rien lui cacher, et de toute manière je sais que je lui répéterai tout après. Elle s'approche de moi sans un mot et me regarde tristement.

— Je sais, mais quelque chose me dit qu'il n'est pas loin. Je le sens, Liam. Je le sais. Hadriel est plus malin qu'on le pense, et après la bagarre devant le lycée, on pense que tu es la première personne qu'il va essayer de voir.

— Eh bien, qu'il vienne me trouver ! crié-je presque.

Cassiopée secoue la tête de droite à gauche. Sa main vient se poser sur mon épaule, et ses yeux, baignés de peur, me regardent en silence. J'apprécie son contact, cela me détend un peu, juste un peu, bien que je sois très énervé et surtout... complétement perdu. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi Hadriel prendrait le risque de venir me voir sachant qu'il est recherché par la police. Ce serait complétement stupide, n'est-ce pas ?

Mais ce qui nous semble stupide est parfois pour Hadriel la meilleure solution. Surgir de là où on ne le pense pas capable.

— Ne dis pas ça Liam. Hadriel est encore plus furieux que lorsque tu l'as quitté. Il va forcément chercher à se venger, et te savoir seul face à lui... Non, je ne peux pas. Ecoute, je ne veux pas qu'il te trouve. Où es-tu ?

— Je suis avec Cassiopée. Je suis chez elle, je ne risque rien.

— Très bien, restes-y autant que possible. Je reste à l'orphelinat le temps que tout ça se tasse.

— Tu ne penses pas qu'il va vouloir te chercher toi aussi ?

— Non, peut-être, mais je ne pense pas. Il sait que je suis intouchable maintenant, et je doute qu'il veuille me faire plus de mal que ce qu'il m'a déjà fait. Je suis en sécurité, ne t'en fais pas pour moi. C'est plutôt pour toi que tu devrais t'inquiéter.

— Alors ça, je n'en serai pas aussi convaincu à ta place, coupé-je presque. Il t'a déjà fait du mal une fois, pourquoi pas deux ? Tu sais, Tata, je pensais aussi que la première fois qu'Hadriel m'a frappé, ce serait la seule et la dernière. Pour autant, il l'a refait à de nombreuses reprises.

Je marque une pause. A l'autre bout du fil, ma tante ne répond pas. Mais dans le fond, elle sait que j'ai raison. Elle a beau se penser intouchable, elle ne l'est pas. Hadriel est le pire des enfoirés, je ne sais pas ce qu'il serait capable de faire au juste, mais je sais qu'il peut faire très mal. Au point où il en est, je ne pense pas que ce qu'il peut faire lui fait peur. Cet homme est immoral, certainement apathique, je n'ai aucune confiance en lui.

Des espoirs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant