Chapitre 12

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LIAM

Je ne sais pas lequel de nous deux est le plus propice – celui qui a le plus envie – de redonner un second coup. Le visage baigné de sang et de larmes amères, je serre les dents à les faire éclater. J'ai envie de tout exploser autour de moi, et je me demande pourquoi il est là. Que fiche-t-il ici, putain ? Je ne comprends pas sa démarche. Il savait que revenir ici était risqué, pourtant il l'a quand même fait. Il doit savoir que se montrer au grand jour alors que ma tante est allée porter plainte ce matin est une mauvaise idée, je ne comprends rien, rien du tout. Tout ce que je sais est que ce n'est plus du sang qui coule dans mes veines, mais de la lave. Je la sens bouillir en moi comme un long fleuve brulant et douloureux qui menace de se déverser.

Cassiopée s'approche de moi, apeurée, et passe sa main sur mon visage. Son toucher me fait tressaillir un instant, puis je reviens à la réalité. Ses mains sont à présent pleines de sang et je vois à son regard qu'elle s'inquiète pour moi. Son attention me touche, mais je suis bien trop révolté pour y faire réellement attention, pour ne pas mentir. Cassiopée fait pivoter mon poignet face à elle, les yeux embaumés de larmes.

— Liam ? Comment te sens-tu ? On devrait peut-être appeler les pompiers.

— Non, ça va.

Je sais que dans le fond, elle a raison, et qu'après le mur que je me suis pris j'aurai peut-être une petite commotion, mais pour le moment ce n'est pas ce qui me préoccupe. Tout ce que je vois est le rictus mauvais d'Hadriel qui se découpe à l'horizon, les deux mains sur les hanches. Un attroupement d'élèves s'est formé autour de nous, guettant la bagarre.

Hadriel s'approche à nouveau de moi, les deux mains en l'air, comme s'il demandait un moment de paix. Pour autant, je ne suis pas prêt à lui accorder, et ce sont les petites mains frêles de Cassiopée qui me dissuade de le faire. Je lis dans son regard qu'elle a compris mes intentions, et secoue la tête de gauche à droite pour m'en dissuader. A ma gauche, je remarque soudainement Ella qui s'approche, elle aussi pour me retenir de le frapper à nouveau. Mais bordel, j'en crève d'envie ! Il n'a que ce qu'il mérite, ce salopard !

Je porte mes mains à mon visage et constate que le sang continue de couler. Et en plus de ça, j'ai terriblement mal au crâne. Hadriel n'y est pas allé de main morte, comme toujours. Cependant, j'étais tellement concentré sur la baston que je n'ai rien remarqué. Je me sens débile, et peut-être que Cassiopée a raison en s'inquiétant pour moi, mais ce n'est pas encore le moment. Mes yeux se remplissent de larmes, de chagrin cette fois, sans que je ne sache vraiment pourquoi. L'émotion, le stress, la fatigue, la peur du danger... Tout se mélange et s'entrechoque dans ma tête sans que je ne puisse les arrêter.

Hadriel se rapproche de quelques pas et me regarde en fronçant les sourcils. Je le regarde comme si j'allais lui sauter dessus mais il n'en démords pas. Je sais qu'il n'a pas peur de moi. Si je m'étais défendu, ces foi-là... alors peut-être que... Non. J'enlève cette pensée de mon esprit. Hadriel devait se douter qu'un jour je serai assez fort pour le battre, prêts à tout pour qu'il finisse par aller là où est sa place : en prison, et surtout loin de nous. Ma tante mérite une belle vie, et tant qu'il sera là, elle n'en aura pas. Elle ne sera pas complétement comblée, et moi je veux qu'elle le soit, surtout avec le bébé à venir.

— Où es ta tante, Liam ?!

— Aussi loin possible de toi ! craché-je à son visage.

Hadriel – qui n'est à ce jour plus un membre de ma famille, et ce même depuis longtemps en fait – s'approche de moi. Il sourit en voyant mon crâne plein de sang et se frotte les mains l'une contre l'autre dans un geste que je ne comprends pas. Il est si proche de moi à présent que je sens son souffle contre mon visage, et cette soudaine proximité me donne envie de vomir. Je ne supporte pas de me retrouver près de lui, et encore plus alors qu'il sent encore l'alcool à plein nez, et le connaissant il va juger que c'est de ma faute. Mais je me suis juré de ne plus le laisser faire, et c'est aussi pour cette raison que je lui ai sauté à la gorge quand il s'est approché de moi. Dans la panique, je n'avais pas remarqué que mes manches se sont levées et qu'à présent, la moitié du bahut constate le nombre de bleus que je tiens d'Hadriel. Mais le pire, ce sont les yeux d'Ella et de Cassiopée, qui louchent indiscrètement sur mes marques. Je sais qu'elles se posent des questions, et je leur répondrai, mais plus tard.

Des espoirs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant