Chapitre 2

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CASSIOPÉE

Je triture mes mains et me retiens une énième fois de bailler. La situation est aussi ennuyante que désespérante. C'est dingue, cette manie que peut avoir ma mère à vouloir absolument me punir ! Bon d'accord, c'est vrai, cette fois j'ai peut-être dépassé les bornes, mais est-ce une raison suffisante pour se mettre dans un état pareil ? Je ne pense pas. Son air agacé et suffisant face à moi me fais lever les yeux au ciel. Celle-ci le remarque et me fusille du regard pour la dixième fois en sept minutes.

— Non, Cassiopée, ça suffit ! Tu m'énerve, je ne sais plus quoi faire de toi ! Allez, je t'écoute ! Quelle est ton excuse, cette-fois ci ? hurle ma mère à travers le salon, les deux mains sur les hanches.

Je baisse les yeux et soupire longuement, agacée. Je n'ai pas d'excuse, justement. Et j'ai beau leur répéter maintes et maintes fois que ce n'est pas ce qu'ils croient, évidement c'est tout l'inverse. Bien sûr, ils doivent sans doute imaginer que je ne dis ça uniquement que dans le but de leur cacher la vérité, mais ce n'est pas du tout le cas. Ce n'est vraiment pas ce qu'ils pensent savoir. Ma mère et Hadrien sont tous les deux comme ça : ils tirent des conclusions hâtives.

Ma mère se laisse tomber sur le canapé et regarde mon beau-père. Celui-ci se contente de regarder sans rien dire – ce qui n'est pas dans ses habitudes – et je vois combien cela rend ma mère folle. Elle le fusille des yeux à son tour. Décidément, on dirait qu'elle ne sait faire que ça.

— Mais dis quelque chose, Hadrien ! J'en ai marre que tu ne lui dises rien !

Hadrien soupire et se tourne vers ma mère. Il semble réfléchir à quelque chose, hésitant. Finalement, Hadrien la fixe quelques longues secondes – tellement longues que je crois m'endormir – avant de déclarer :

— Tu veux que je te dise, ce n'est pas ma faute à moi si tu n'arrives pas à gérer ta fille ! Je n'y peux rien ! Je ne comprends pas, ce n'est pas à moi de faire son éducation ! Dean et Brandon se comportent bien, alors le problème ne vient certainement pas de moi.

Ce qu'il insinue fait bouillir ma mère. Hadrien aussi doit sans doute penser que le « problème » que je suis vient d'elle. Pour une fois qu'il semble dans mon camp, j'ai presque envie de chialer tant c'est émouvant. Lorsqu'Hadrien parle de ses deux enfants, ma mère semble à deux doigts de lui mettre une gifle. Je sais combien elle les déteste – autant l'un que l'autre – et pense que c'est justement de leur faute si je suis si « instable ».

Je me rappelle encore le jour où Dean a dit à ma mère qu'il partait avec Paige – sa petite amie – dans une autre ville, bien loin d'ici, et puis quand Brandon avait été reçu à la fac d'Oxford. C'était le paradis pour elle ! Ne plus les avoir dans les parages l'a rendue tout de suite heureuse, parce qu'elle s'est dit que je ne serai plus un fardeau, que je deviendrai comme par magie sa petite fille adorable – sauf qu'elle a oublié que je ne suis pas du tout cette fille de magazine chiant à la Disney Channel.

Oui, quand ma mère le veut, elle peut vraiment être une belle garce. Je sais que je ne suis pas censée parler d'elle comme ça, mais je ne trouve pas autre mot pour la qualifier. De mon côté, j'étais déçue. J'étais plutôt proche de Dean et Brandon, et ai été en colère de devoir habiter seule avec ma mère et Hadrien. J'avais l'impression que mes deux frères par alliance me lâchaient dans la cage aux fauves et que je n'arriverais jamais à en sortir.

— Tu te moques de moi là, j'espère ?! explose ma mère.

— Pas du tout, Erin, et j'aimerai que tu le comprennes. J'en ai marre de devoir à chaque fois intervenir. Je ne suis pas son père, bordel !

A cet instant, c'est comme si ma mère s'était prise une gifle en pleine tête. Je me mors les lèvres pour ne pas rigoler, mais je suis fière de voir que, pour une fois, Hadrien la remet un peu à sa place. Je lui envoie un sourire compatissant. Celui-ci me regarde brièvement mais ne me rend pas mon sourire.

Des espoirs |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant