Des espoirs |Terminé|

Chapitre 6

LIAM

Le lendemain, vers quinze heures, mes yeux se plissent à l'idée de trouver ceux d'Hailey Evans. J'ai toujours cette même envie qui me ronge de fuir loin d'elle au plus vite. Juste voir sa tête suffit pour me gâcher ma journée. Elle tient ma vie entre ses mains, et le fait que je ne sois pas libre de mes gestes m'agace. Mais encore plus le fait d'être loin de ma tante, elle qui est tout pour moi, la seule personne au monde que j'aime sincèrement. Je tape du pied sur le sol en scrutant l'heure. Qu'est-ce qu'elle fou ? Je me suis trompé d'adresse ou quoi ?

Alors que je suis là, à poirauter depuis au moins vingt bonnes minutes devant ce putain d'orphelinat, la voilà qui arrive avec un sourire débile au visage. Elle a toujours la même dégaine et cet air jovial qui m'énerve. Comment peut-elle être comme ça alors que ma vie vient de prendre un tournant horrible ? Elle se pointe comme si rien n'était arrivé, comme si je n'avais pas ce trou béant dans ma poitrine.

Comme si ma tante ne venait pas de sortir de ma vie sans que je ne comprenne pourquoi et que je ne puisse rien faire pour la protéger de ce monstre en cavale. Comme si je n'avais pas à nouveau perdu tous mes repères.

— Bonjour, Liam. Comment vas-tu ?

Hailey me pose cette question en me tendant sa main. Pour bien lui faire comprendre que je ne suis pas d'accord avec sa décision, je ne l'attrape pas et ne lui répond pas non plus. Je lui coule un regard furieux, et Hailey ne dit rien. Elle devrait avoir déjà prit l'habitude avec moi. Pourtant, on dirait qu'elle ne capte pas, ou alors elle fait semblant, mais elle ne laisse rien transparaitre, comme si l'agacement ne faisait pas parti de ses émotions.

Bordel, et la voilà qui sourit encore !

Elle m'indique alors d'un signe de tête de la suivre. Pour la première fois depuis que je la connais, je l'écoute et la suis en trainant des pieds derrière elle, l'air maussade. Je n'ai aucune envie d'aller ici. Je sais, il me faut être loin d'Hadriel pour ma propre sécurité, et blablabla... Mais la sécurité de ma tante, on en fait quoi ? J'ai l'impression que tout le monde se fiche de savoir ma tante livrée à elle-même, avec ce maudit qui traine dans la nature. Cette idée m'empêche de dormir la nuit. Je n'ai pas fermé l'œil depuis qu'elle a disparu l'autre jour, à l'hôpital. Je ne sais pas comment elle va, et encore moins si elle est en sécurité. La peur béante que je ressens en moi me serre le cœur.

Je n'ai pas cessé de me demander comment Hadriel a pu réussir à s'échapper, alors qu'il y avait une tonne de policiers chez nous pour nous aider. Quand j'ai posé la question à Hailey, elle m'a dit que les policiers ont préféré sauver ma vie plutôt que de l'attraper lui. Ce choix est stupide, ma vie n'était pas en danger, ou en tout cas la seule chose qui m'importe vraiment est que cet enfoiré finisse derrière les barreaux pour le reste de sa vie.

Je les trouve... pas très ingénieux. Ils ont fait une grosse erreur, et j'espère aujourd'hui qu'ils s'en mordent les doigts. Ce n'était pas une décision qu'ils ont prise, mais plutôt une connerie monumentale qu'ils ont fait, comme s'ils jetaient eux-mêmes ma tante dans les griffes d'Hadriel. J'ai l'impression que si ma tante se retrouve dans cette position, c'est de ma faute.

Non, ce n'est pas une impression. J'aurai dû être plus fort, et partir avec ma tante au lieu de le confronter. Tout ça ne serait jamais arrivé.

— J'imagine que tu es Liam. Enchantée, je m'appelle Nolah, je suis l'une des éducatrices de cet orphelinat. Je t'en prie, entre.

Une belle femme, brune aux yeux gris, me sort de mes pensées. Je prends un instant pour l'observer, mon regard rencontre le sien un instant. Elle semble plutôt sympa, mais je n'ai pas envie de le montrer. Je préfère faire genre je n'en ai rien à faire, autrement ça briserait l'image de moi que je souhaite donner à Hailey. Celle-ci d'ailleurs me lance un regard. Je lève les yeux au ciel et passe les deux pieds à l'intérieur en silence.