Six ans près de toi

Chapitre 14

Ils disent que dans les moments les plus difficile de ta vie, tu distingues tes amis, tu les distingues des autre hypocrites qui jouent le rôle de tes "potes", qui te montrent avec leurs mots qu'ils seront toujours là pour toi, mais quand tu as besoin d'eux, ils disparaissent, ils ne sont plus là.

Ce jour là, j'ai vu que Fahed est un vrai ami, un ami sur lequel je peux compter, j'ai pu le surnommé , "sauveur".

Il m'a sauvé la vie et celle de Zineb également, ou du moins je l'espère. Ce jour là j'ai vu l'amour dans les yeux de Julian qui voulait sacrifier sa vie pour sa bien-aimée. Nous avons pris beaucoup du temps pour le faire revenir, pour lui convaincre qu'on avait vraiment récupéré l'argent parce qu'il n'y croyait pas, il pensait que nous faisions ça pour l'empêcher de mourir, de risquer sa vie.

J'ai vu aussi l'inquiétude et le côté têtu de Fahed quand il m'a empêchée de les accompagner pour donner l'argent à ce gang, et revenir avec Zineb. J'espérais qu'il me laisserait aller avec lui car les pires scènes qui peuvent se passer tournent dans ma tête à cet instant.

J'ai entendu en entrant, la voix de ma mère inquiète qui me demandait ce qu'il s'était passé. Je lui ai dit que je voulais me reposer et monter dans ma chambre, sans ajouter un mot.

Ces derniers jours, j'ai commencé à m'éloigner petit à petit de ma mère, elle continue à faire des efforts pour que je lui parle. Je lui dis ce qui ne va pas, mais je ne peux pas, car si je commence à parler je vais certainement parler de mon père ce qui va nous blesser, l'une comme l'autre.

Et maintenant je panique toute seule en imaginant ce qui va se passer, imaginant une suite à notre vie si cela se passe mal. Imaginant que Zineb est morte, violée ou blessée. Imaginant les deux jeunes hommes en sang. Et à chaque fois mes pensées se retournent vers lui, vers Fahed. Et si quelque chose de mal lui arrive, pourrais-je continuer ma vie normalement ? ça serait à cause de moi.

Comment est-on arrivés à ça ? Pourquoi tous ces événements en une seule journée ? Pourquoi dois-je vivre toutes ces émotions ?

Mon souffle se coupe en regardant la montre qui tourne marquant trois heures pile du matin. Les dix heures sont terminées, elles sont passées minute par minute sans que l'on n'arrive à aucun résultat visible.

Je descends les escaliers très vite en essuyant mes larmes. Notre maison est noyée dans le silence, un calme que je ne remarque pas puisque dans mon esprit il n'y a pas de calme, pas du tout. Je sens le téléphone vibrer dans ma poche, et c'est avec une grande hésitation que je le sors et le regarde.

De Fahed : Ouvre la porte.

Je cours vers cette dernière. J'hésite un instant avant de l'ouvrir, j'ai peur de ce que je vais voir. J'ai envie d'arrêter le temps si cela changera ma vie. Les mains tremblantes, je mets la clé et déverrouille la porte.

Je souffle en voyant les deux devant moi, en bonne santé. Le poids sur mes épaules disparaît. Je me jette sur Zineb et la sert dans mes bras, assez fort comme si elle allait fuir. Nos pleurs se mélangent. Comme si on ne s'était pas vues depuis une éternité.

Cette journée restera gravée dans ma mémoire, pour toujours. Après plusieurs minutes je me retire de l'étreinte regardant le visage de ma meilleure qui semble assez effrayée, comme si elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer, elle est pâle mais fait un sourire forcé. Je fais signe à tous les deux d'entrer, Fahed décline ma demande sous prétexte qu'il veut se reposer. Zineb entre au salon et se glisse sur le canapé, les yeux aux ciel. Je reste dehors avec Fahed.

- Je ne sais pas comment te remercier Fahed, vraiment merci pour tout... Et on va essayer de rendre l'argent à ton père le plus vite possible... Vraiment merci.