La lettre entre mes mains, je tremble de partout. Je me sens vide, de tout sentiment, de toute émotion. Je crie à l'intérieur, de toute mes forces. Je cris si fort que mon visage se fige, d'une impassibilité presque effrayante. Je ne fais que fixer cette lettre en mordant ma lèvre inférieure. Mon coeur bat la chamade. Ma respiration est courte.
Je me lève d'un geste rapide et me dirige vers le téléphone fixe de la maison. Les mains toujours tremblantes, je saisis le numéro du docteur pour savoir plus d'informations ou plutôt pour s'assurer que Fahed dit la vérité. Pas parce que je ne le crois pas -je le crois de tout mon cœur- mais j'ai besoin de me prouver qu'il ne m'a pas laissé, qu'il veut juste me punir pour un instant et il va revenir.
-Salut docteur, dis-je calmement, c'est Inès, Inès l'interne.
-Ah Inès ! Qu'est ce qu'il y a ? demande t-il surpris de recevoir mon appel.
-Je voulais juste vous demander si Fahed... Fahed Sami, est-ce qu'il s'est inscrit à l'expérience dont vous nous avez parlé ?
-Bizarre comme demande Mademoiselle Inès. Tu pouvais tout simplement savoir ça de lui. En fait oui, et ils sont partit aujourd'hui. Je pense que leur avion va décoller vers seize heures, si je ne me trompe pas. Sinon pourquoi demandes-tu tout ça ?
Une larme vient tracer son chemin sur ma joue. Je la sens descendre jusqu'à mes lèvres. Je mords de plus en plus fort ma lèvre inférieure. Je remets le téléphone à sa place, laissant la discussion sur une question ouverte.
L'horloge murale devant moi affiche quinze heures. J'ai encore un peu du temps devant moi et il est hors de question de le laisser partir. J'appelle Zineb de suite, vu que ma voiture n'est pas là. Ma mère a sûrement dû la prendre. Ma meilleure amie m'accueille avec des insultes, assez grossières les unes comme les autres. C'est avec une grande difficulté que je réussis à la faire taire pour lui demander de venir me chercher le plus vite possible. Sans rien expliquer de plus, j'insiste sur le fait qu'elle ne doit pas s'attarder. "C'est une question de vie ou de mort" finis-je par cracher avant de raccrocher.
Je passe le temps de son trajet à essayer de rejoindre Fahed. Pendant que le téléphone sonne, je formule des phrases dans ma tête, des phrases qui pourraient le convaincre de ne pas partir, des phrases empreintes d'excuses. Mais, c'était absurde, car au lieu de sa voix, c'est celle de son répondeur qui m'accueille, me demandant de laisser un message qu'il n'entendrait certainement pas.
"Fahed, notre amour ne doit pas finir aujourd'hui, pas de cette façon en tous cas ... Je t'aime alors ne me laisse pas vieillir toute seule. Revient s'il te plait." C'est tout ce que j'ai dit, parce que ça résume mes espoirs en cet instant. Ces simples phrases résument mon plus grand voeu. Je ne veux rien de plus au monde que son regard sur moi, sa voix dans mes oreilles, ses main sur les miennes. Je me demande dans quel état d'esprit j'étais pour lui faire du mal, pour penser qu'il était un criminel. Si je le perds aujourd'hui, je ne me pardonnerai jamais. Jamais.
Le klaxon de la voiture de Zineb me fait sortir de mes pensées. Je me lève rapidement et la rejoint. Julian est au volant. D'habitude je ne suis pas heureuse de le voir, mais aujourd'hui il va m'être d'une grande utilitée, vu que ma meilleure amie conduit comme une tortue.
Une fois dans la voiture, Zineb décide -comme prévu- de commencer à me traiter grâce à des insultes aussi atroces les unes comme les autres.
-Tu vas fermer ta gueule Zineb ou je vais dessiner mes mains sur tes joues ! Et toi Julian tu vas nous amener à l'aéroport le plus vite possible ! Ce sont des ordres ! N'essayez pas de savoir pourquoi et faites ce que je vous dis. Rendez moi un service, pour une fois dans votre vie !
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Six ans près de toi
Romansa« Cela fait six ans qu'il est devant mes yeux, il était toujours à mes côtés, il me comprenait avant de parler, il m'aimait, mais il n'est plus là maintenant, il m'a quitté, il ne reviendra certainement pas après mes mots accablants, je me sens coup...