Six ans près de toi

Chapitre 13

J'avance vers lui avec toute la colère du monde. J'avance vers lui avec une seule et unique envie, le tuer, le torturer car au fond de moi je ne peux pas m'empêcher de l'accuser. Il était avec elle quand tout ça s'est passé, il était près d'elle alors pourquoi il ne l'a pas sauvée. Pourquoi ce gang a choisi de la prendre elle et non pas lui ? Pourquoi doit-elle payer ce qu'il a fait ? Julian n'a pas rembourser un crédit à une bande de merde et ils ont décidé de kidnapper Zineb pour qu'ils aient leur argent. Je n'arrive pas à croire à cette dernière phrase car j'ai peur, peur de perdre ma seule amie, peur qu'il lui arrive quoique ce soit, peur de finir seule.

-TOUT ÇA C'EST A CAUSE DE TOI, crié-je à sa figure.

Il peut me donner tout les raisons du monde mais je ne vais jamais lui pardonner. Le bleu sur son visage ne peut pas m'assurer que Zineb va bien, ce bleu montre juste qu'il a essayé, mais à quoi sert d'essayer sans résultats ? A quoi sert d'avoir ce bleu si Zineb n'est pas parmi nous à cet instant ?

Je cours vers Julian, les sourcils froncés, les mains tremblantes, je le pousse avec toute la force de mon corps en répétant "C'est à cause de toi". Les larmes prennent soudain le chemin de mes joues.

Fahed m'attrape par le poignet, me retourne vers lui et me prend dans ses bras, me sert si fort contre sa poitrine que j'arrive à entendre les battements de son cœur. J'entends ce son rythmé mélangé à celui mes pleurs.

-On doit leur donner sept mille euros dans les dix prochaines heures , nous annonce Julian les yeux vers le sol.

Il ne bouge pas depuis tout à l'heure, comme s'il est choqué, comme s'il ne comprend pas ce qu'il se passe.

Sept milles euros ? Comment on peut récupérer cette somme en 10 heures ?

Je me retire des bras de Fahed, essuie mes larmes avant de dire, le souffle court.

-On doit appeler la police.

-Ils m'ont dit que si j'appelle la police, ils vont, ils vont la ... tuer.

Je ne peux plus tenir sur mes jambes, comment ça ? La tuer ? C'est impossible.

-Mais... mais comment on va avoir tout cet argent en dix heures?

Mettant mes mains sur ma tête, je réfléchis, et si on n'y arrive pas ? Pourquoi c'est elle qui doit vivre ça ? Pourquoi ce n'est pas moi ? Je ne veux pas perdre à nouveau un être cher, je ne vais pas le supporter.

Les premières cinq heures sont déjà passées. C'est dans ces moments-là qu'on sent la valeur du temps, chaque minute peut valoir la vie de ma meilleure amie tandis que nous sommes ici à réfléchir sans bouger, comme si toutes les portes se sont refermées devant nous. Comme si nous attendions que ces 10 heures passent pour entendre la pire nouvelle de notre vie. Nous sommes restés là à rien faire, je voulais appeler la mère de Zineb mais je vais juste l'inquiéter, elle est en voyage. Maman non plus n'arrivera pas à nous aider.

Depuis toute à l'heure une idée me tourne en tête mais je n'ose pas demander, je n'ose pas dire à Fahed de demander de l'argent à son père, il n'arrive pas à lui parler alors ça serait difficile pour lui que sa première demande soit une grosse somme d'argent.

-On doit bouger... Je ... Je vais partir chez eux ... et leur demander de me tuer et laisser Zineb partir, dis Julian en faisant les cent pas.

Il commence à paniquer, c'est à peine maintenant qu'il réalise ce qu'il a fait. Il s'assoit sur le bord de la route, les mains sur la tête, les yeux à terre.

-Fait le... Tu parles depuis tout à l'heure mais tu n'as rien fait, RIEN... Va sauver Zineb, aller qu'est-ce-que t'attends ? T'es juste un petit incapable, si t'étais un vrai homme, tu ne les laisserais pas. Tu la sauverais.