épilogue

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Le mariage est le début d'une nouvelle vie avec cette personne qu'on a choisie, cette personne qui nous complète et avec laquelle on veut construire une famille. Pour moi, il est ce vœu que j'ai fait il y a six ans d'être toujours avec Fahed et de ne jamais le quitter. Aujourd'hui, je dirais devant tout le monde que je l'aime, qu'on est faits l'un pour l'autre. Une des discussions d'il y a trois ans ne cesse de tourner dans ma tête, m'obligeant à chaque fois à sourire.

- Imagine qu'on soit tous les deux sous le même toit, qu'on prépare notre déjeuner ensemble, qu'on regarde la télé chaque jour ensemble et qu'on discute le matin autour de la table à manger, que je te crie pour sortir le plus vite possible des toilettes et qu'il n'y aura plus de chez-toi et de chez-moi mais un magnifique "chez-nous", lui disais-je.

- C'est la chose la plus horrible qui peut m'arriver un jour, riait-il. La chose la plus horrible parce que je vais commencer à aimer la maison et ne plus vouloir partir, à aimer ce chez-nous profondément au point que je peux devenir quelqu'un de paresseux qui n'aime plus travailler. Je peux passer des jours auprès de toi sans jamais m'ennuyer et si tu tombes enceinte un jour et tu ne pars plus travailler, quelle serait ma motivation pour partir à l'hôpital si tu n'es plus là-bas ? J'aimerais rester à voir ton ventre grandir petit à petit.

- Ta motivation sera que ton enfant va mourir de faim si tu pars plus travailler, monsieur « deux mètres ».

- C'est interdit d'insulter, mademoiselle.

- Monsieur « deux mètres », c'est ton petit surnom que j'adore, il n'a jamais été une insulte.

Nous avons souvent imaginé ensemble des trucs que nous espérions vivre un jour, nous avons souvent écrit des scénarios et des scènes, imaginé des problèmes et trouver leur solution, mis des règles à suivre pour que nous restons toujours ensemble car, pour moi comme pour lui, perdre l'autre était un cauchemar. Nous avons appris ensemble, nous nous sommes relevés ensemble et nous continuons la main dans la main. Je n'arrive pas à croire que finalement, nous allons mettre en scène ces scénarios.

Notre mariage est une combinaison entre le mariage marocain et l'égyptien. Mes tenues seront des caftans marocains, cependant la musique sera égyptienne avec quelques touches de chaibi. Quant aux plats qu'on va servir, on a opté pour lbastila, elkochari et quelques gâteaux. C'était après six mois de préparation que ce jour est venu.
La tradition marocaine demande que la mariée porte plus qu'une tenue à tour de rôle. J'en ai choisi quatre : une blanche, une rouge, une violet et la dernière étant verte, chacune avec ses accessoires. Fahed a changé sa tenue deux fois entre une djellaba et un complet gris. C'était comme un défilé de tenues traditionnelles. Nous n'arrêtions pas d'entrer et sortir ; après une demi-heure de photos, danse avec des tours sur la emaria.

Zineb n'a pas cessé, elle aussi, de changer de tenue. Elle, qui était fascinée par la culture marocaine, je la voyais à chaque fois suivie de son mari qui lui demandait sûrement d'arrêter de danser parce que cela présentait un danger pour son bébé, étant dans son dernier mois, mais elle n'obéissait pas du tout. Ma sœur Alya était enceinte aussi mais de son troisième mois seulement ; à chaque fois que mes yeux tombaient sur elle, je la trouvais en train de manger, elle a pris plus de dix kilos durant ces trois mois. Le fils de ma sœur, Yanis, ne cessait pas de draguer une certaine Marie qui était la fille du docteur Mathilde. Il a tellement grandi, ce petit, je me souviens encore du jour où il a brisé l'ambiance de mon premier baiser avec Fahed.

Le père de Fahed était là aussi, un homme qui est devenu au fil de temps comme mon père. J'ai créé avec lui une certaine complicité. Cet homme a fait beaucoup d'effort pour avoir l'affection de son fils qui n'arrivait pas à l'accepter, mais quand il a su que son père était atteint d'un cancer, Fahed n'a pas pu résisté à cet amour paternel qui lui était offert. Il a beaucoup pleuré car même s'il ne le disait pas, il l'aimait de tout son cœur. Je souhaitais que mon père soit là aussi, tout près de moi, pour me prendre dans ses bras et dire à Fahed de prendre soin de moi. Yemma a pleuré tout à l'heure quand elle m'a vue, elle a même tapoté sur l'épaule de Fahed, lui demandant de ne jamais me faire fuir Paris pour venir chez elle comme il a déjà fait. Elle ne sait pas qu'il n'a rien fait, c'était juste ma faute.

Six ans près de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant