Chapitre 22

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L'air frais me chatouille le visage. J'adore cette atmosphère, calme, belle, parfaite. Ce jour-là, beaucoup d'événements ont eu lieu, au point que je n'arrive pas à réaliser que le jour n'est pas encore terminé.

Le soleil vient de se coucher, ce qui donne une magnifique allure aux rues de Paris. Ces rues pleines à craquer où des milliers de visages passent devant moi. C'est ça le monde. Des milliards de vies, des milliards d'événements. Et chaque personne pense que ce monde tourne juste autour de lui. Chacun de nous peut raconter son histoire comme si elle est la plus importante du monde, comme si rien n'existe loin d'elle.

Fahed est près de moi, et c'est tout ce qui compte dans ce monde, en cet instant...Ou plutôt dans mon propre monde, ma propre histoire. Sa présence me laisse aux anges et j'ai peur, très peur de perdre cette sensation. De se réveiller un jour et ne plus sentir cela. De le voir un jour auprès d'une autre et souffrir. Je veux qu'il reste toujours près de moi, même si c'est juste en tant que meilleur ami, pas plus.

Pourtant je suis sure que cela ne va pas durer longtemps comme ça, car s'il ne m'aime pas, s'il n'éprouve pas les mêmes sentiments pour moi que ceux que j'éprouve pour lui, notre complicité va se perdre au fil des pages de ma vie. Et c'est cela qui me fait le plus peur.

Je vais donc essayer de profiter de ces moments près de lui. Car je suis sure que je ne vais pas arriver à lui avouer, jamais.

Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il y a un truc différent aujourd'hui. Fahed se comporte d'une façon étrange, il me regarde autrement, me parle autrement, ce qui me laisse perplexe.

À chaque fois, il m'appelle, hésitant, comme s'il voulait dire un truc... et quand je lui prête attention, il répond que ce n'est rien.

-Tu sais Tata ? Moi aussi j'ai une petite copine à l'école comme toi t'as un petit copain. Elle s'appelle Zoé.

Cette phrase me sort de mes pensées, me remonte le sang au visage et me fait sourire. Tout ça en même temps. Et cette fois il ne dit pas sa fameuse phrase « On est pas ensemble ». Après tout, ça ne se dit pas à un enfant. Il n'ajoute pas un mot et me sourit. Est-ce qu'il me reproche quelque chose ? Je ne sais pas mais je lui rends le même sourire et je manque de m'évanouir car mon cœur va s'arrêter.

Nous continuons à marcher en entendant le monologue de Yanis qui ne se termine pas. Les paroles des enfants, même s'ils sont inintéressants parfois, ils sont assez vivants, assez mignons pour qu'ils ne nous ennuient jamais.

Nous finissons par nous installer dans un café à la demande de Yanis qui veut absolument une glace au chocolat.

-Ça vous dit de jouer à un jeu ? demandé-je.

-Oh ouii!! On joue à cache-cache si vous voulez.

-Non Yanis. On ne peut pas jouer à cache-cache ici. Mais on peut jouer à un jeu qui s'appelle traduction, dis-je excitée.

-Attends. C'est quoi ça ? me demande Fahed, les sourcils froncés.

-C'est un jeu où tu dis un mot dans une langue que les autres ne comprennent pas et ils doivent le crier très fort s'ils ne réussissent pas à le traduire correctement.

-Je ne maîtrise aucune langue que tu ne connais pas vu que tu comprends l'égyptien aussi.

-Tu ne connais pas un truc qui s'appelle « internet » ? Ça peut aider, l'informé-je ironiquement.

Et c'est comme ça que nous commençons à jouer, à crier des mots plus bizarres les uns que les autres. J'ai crié dans le café « dalg » et « chisel » et tout le monde présent ici s'est retourné vers moi. J'ai appris par la suite que « dalg » signifie poulet en Coréen et « chisel » veut dire ciseau en Corse. Je me suis senti idiote à cet instant et ça me choque que le propriétaire du café ne nous ai pas virés. Au bout d'une heure, nous avons quitté l'endroit pour rentrer vu que mon petit neveu commençait à s'endormir.

Six ans près de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant