Quand les Paroles Hantent l'Esprit

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Je croisai le regard de Diana, assise au cœur de ce groupe, regardant autour d'elle avec appréhension. 

Une détermination s'empara de moi, je me levai, avançai vers elle. Chaque pas semblait être un parcours à travers les limbes de l'incertitude.

En face de moi, Diana se leva et tenta de me serrer dans ses bras. Je me dégageai alors violemment, l'invectivant avec toute la colère que je pouvais rassembler.

Notre altercation se poursuit, nous chutions toutes les deux, puis trois gardes s'élancèrent vers moi. Une piqûre me plongea dans un calme artificiel avant d'être reconduite à ma "cellule".

Des cris stridents percèrent mon sommeil, puis plus rien. Face à la porte, Diana dormait paisiblement.

Une voix m'appella, me réveillant brusquement, puis le silence. J'aperçus Diana s'approcher de sa porte.

"Je suis désolée pour l'incident", murmurai-je en baissant les yeux.

"C'est sans importance", répondit-elle. "Je comprends ta réaction. Mais il y a quelque chose que tu dois savoir : je ne suis pas folle, ni personne ici d'ailleurs."

Mon subconscient résonnait avec un étrange "Crois-la".

Elle poursuivit : "Maya, nous sommes en danger ici. Les patients disparaissent un à un. Le groupe avec lequel j'étais tout à l'heure... il était plus important avant. Mais ces derniers mois, nous sommes en déclin constant. J'ai signalé cela à mon psy, aux gardes, mais chaque fois que j'en parlais, je me retrouvais au sous-sol. Et comme je te l'ai dit : c'est l'endroit le plus terrifiant ici."

Elle pique ma curiosité. "Pourquoi donc ? Qu'y a-t-il là-bas ?"

"Rien", répliqua-t-elle. "Dans cet endroit, c'est le noir complet, un silence assourdissant. Tu perds le sens de tout, même de toi-même. Les hallucinations s'intensifient avec le temps passé là-bas. Tu commences à douter de ton existence, à te sentir emportée par l'absence de repères. Plus tu y restes, plus tu sombres. Je te conseille, en tant que nouvelle ici, d'essayer de sortir le plus vite possible."

"Mais où aller ? Dans un endroit où je serai vulnérable, où je risquerai d'être maltraitée ? Non merci."

"Ne néglige pas mes avertissements... On verra dans quelques heures si tu seras toujours si sûre de toi."

Je retournais me coucher, essayant de retrouver le sommeil. Pourtant, les paroles de Diana tournaient en boucle dans mon esprit, persistantes, refusant de me laisser tranquille.. 

Je me retrouvais souvent dans cette situation, où une simple phrase ou un mot pouvait m'obséder. Mon esprit s'accrochait aux paroles de Diana comme s'il tentait de résoudre une énigme. 

Mon regard restait fixe, perdu dans mes pensées, mes sourcils légèrement froncés tandis que je me concentrais intensément. Parfois, je chuchotais ces mots pour moi-même, cherchant à en saisir le sens profond. 

C'était comme si j'essayais de décrypter un mystère, incapable de m'en détacher jusqu'à ce que j'en comprenne pleinement le sens.

Peu à peu, la fatigue l'emportait. Les mots résonnaient encore faiblement alors que je commençais enfin à m'endormir, mon esprit s'éloignant lentement de cette obsession verbale.

Quand tout à coup, des mains se sont posées sur mes épaules, m'arrachant à ma tentative de repos. 

Surprise, je me suis retrouvée prise entre le doute d'un rêve et la réalité, sans pouvoir discerner clairement l'un de l'autre.

"Maya, réveille-toi. Tu ne peux pas dormir maintenant."

Je me suis réveillée lentement de cette torpeur, mes paupières semblaient peser des tonnes, luttant contre le voile épais du sommeil qui engourdissait mes sens. Mon regard, vitreux et désorienté, a erré autour de la pièce, cherchant des repères familiers dans cet état de confusion.

 Avec difficulté, je me suis redressée, frottant mes yeux pour chasser la torpeur qui engourdissait mes membres. Des pensées encore floues se bousculaient dans mon esprit, m'obligeant à me réhabituer à la réalité qui se matérialisait doucement devant moi.

J'ai repris peu à peu mes esprits, les contours flous se sont dissipés lentement pour laisser place à une certaine clarté. Les pensées embrouillées ont commencé à se structurer, et j'ai pris conscience peu à peu de l'endroit où je me trouvais.

Tout me revient d'un seul coup : la mort de mon frère, mon arrivée à l'asile psychiatrique, les échanges avec Diana, les gardes... C'était comme si un torrent de souvenirs s'était précipité dans mon esprit.

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