Je lève la tête et j'aperçois alors la personne qui vient d'entrer dans la pièce. Elle porte le même uniforme que les habitants de Dôme III, ce qui ne manque pas de m'intriguer. Celui-ci, toujours d'une blancheur éclatante, contraste avec sa peau sombre et il semble un peu trop grand pour elle. Elle est fine mais ses muscles ressortent et je devine qu'elle doit posséder une grande force. Mes yeux se posent sur son visage et je remarque que la partie inférieure de celui-ci est recouvert par un étrange masque noir. Lorsque la jeune femme s'assoit en face de moi, je comprends qu'il est maintenu en place par deux sangles : l'une passe derrière son crâne, par dessus ses court cheveux frisés, et l'autre fait le tour de son cou fin, comme un collier. Je décide de demander des explications à Nathalia :
" A quoi sert ce masque ?"
Nathalia se lève et se place derrière l'inconnue. Elle appuie ensuite légèrement avec deux de ses doigts au milieu des sangles et un déclic se fait entendre. Les bandes noires se scindent en deux et Nathalia récupère l'objet. Elle me le tend et lorsque je l'attrape, je suis surprise par sa légèreté. Nathalia commence alors à répondre à ma question :
" Tout d'abord, je te présente Iris. Elle est ici car elle est accusée d'avoir agressé verbalement et physiquement un représentant de l'ordre. On vous a appris à Dôme III qu'il n'y avait pas de prisons dans la Société mais que les délinquants sont envoyés dans des familles pour être réintégrés et rééduqués."
Je hoche la tête et elle continue :
"Ils doivent cependant travailler pour ces familles et porter le "masque du silence". Celui-ci empêche le porteur de s'exprimer or le droit à la parole est fondamental au seins de la Société et le retirer signifie que leur faute est vraiment très grave et qu'elle va à l'encontre de nos préceptes. Il attire automatiquement les regards, il marque la personne et cela rend la fuite impossible car tout le monde remarquerais cette différence. De plus, Iris ne peut pas l'enlever car seules mes empreintes digitales peuvent détacher les sangles. Il suffit juste que je place mes doigts sur les carrés noirs que tu vois là. Enfin, ses fils sont faits d'un alliage de nanoparticules de métal et de tissu ce qui le rend extrêmement résistant et indéchirable. Il est aussi à mémoire de forme et il épouse donc parfaitement les courbes de la tête."
J'acquiesce et j'observe le visage d'Iris. Sa forme arrondie lui donne un air innocent, presque enfantin. Mais son regard trahi son âge adulte. Ses yeux, d'une magnifique couleur indigo et avec une pupille cerclé de picots dorés, paraissent remplis par une profonde tristesse ainsi que par de violents tourments. Mais ils laissent aussi entrevoir une lueur de défi, de ruse, de malice qui se cache dans les nuances de bleu plus sombres de ses iris. Elle se tourne vers moi et j'affiche une expression qui se veut froide et inamicale pour lui montrer que je n'accepte pas qu'une telle aberration, une telle imperfection fasse partie de la Société. Devant mon air glacial, elle se détourne et elle semble se recroqueviller légèrement sur elle même. Elle se met ensuite à fixer son bol puis à avaler lentement des cuillerées de soupe. Tout en mangeant, je remarque que sa soupe ne contient pas de viande.
"Est-elle végétarienne ?" Demandé-je à Nathalia.
Elle finit de mâcher son morceau de boeuf et elle s'essuie la bouche avec une serviette en tissu blanc. Elle me répond ensuite tout en fixant Iris avec son air cruel et hautain :
"Je ne sais pas, mais la viande, et son gout divin, n'est pas une ressource réservée aux parias et aux voleurs comme elle."
Elle se tourne ensuite vers moi et reprend :
"Et toi ? Aimerais-tu goûter à ce met exquis ?"
Je hoche la tête, impatiente de savourer un bout de ce délice. Nathalia en recueille un qui flotte à la surface de son plat et elle le place dans mon bol vide. Je l'embroche ensuite sur les dents de ma fourchette et je le dépose dans ma bouche, sur ma langue. Presque aussitôt, les saveurs nouvelles font frissonner de plaisir mes papilles gustatives et ce tremblement, bien qu'extrêmement faible, se propage dans tout mon corps. Je mache lentement, je prends mon temps, je savoure.
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La Société
Science FictionLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...