La première sonnerie me semble comme perdue dans le lointain. C'est comme si une brume épaisse enveloppait mes sens. La deuxième est parfaitement claire et je suis assise lorsque la troisième retentit. Je remarque alors le cube noir posé sur la commode jouxtant mon lit et je comprends que les bruits aigus sortent de l'objet. Je l'observe un moment et je le saisis lorsque la quatrième sonnerie stridente se fait entendre. Mon doigt se pose sur sa face supérieure et un message holographique se matérialise au dessus de lui. Il m'explique que j'ai bien désactivé le réveil et il disparaît. J'effleure à nouveau le haut du solide et d'autres lettres apparaissent me disant cette fois que j'ai bien réactivé l'alarme et me proposant de régler l'heure de mise en route. Je touche la face de droite et le compteur passe du temps 5 au temps 6. Je reviens à la valeur d'origine en appuyant sur la face gauche, je le repose et je décide de ne plus y toucher. Je glisse mes pieds dans mes chaussures et je fait de mon mieux pour arranger mon lit. Une fois cela terminé, je me dirige vers la salle de bain et je fais ma toilette. Je monte ensuite dans l'ascenseur et je touche le bouton indiquant le premier étage.
La descente commence et dure seulement quelques secondes. Le silence règne jusqu'à ce que les portes s'ouvrent. Clifford, qui est surement occupé par la préparation du petit déjeuner, se retourne à mon approche. Un sourire chaleureux fend son visage et il me dit en élevant la voix pour couvrir le bruit d'un mixeur :
"As-tu bien dormi ?"
Je hoche la tête et j'omets de lui parler de la petite escapade nocturne et des avances d'Aaron.
Il se retourne, il ajoute des fruits dans le mixeur et il me dit tout en coupant ce qui doit être une orange :
"Tu pourras gouter ce jus de fruits si Nathalia t'y autorise. Je penses qu'elle n'y verra aucun inconvénient étant donné que je veille à ce qu'il soit bien équilibré et pas trop sucré."
Il ouvre un tiroir et prend un sachet rempli d'une poudre marron claire. Il fait mine d'en verser en grande quantité dans le jus et je laisse échapper un petit rire. Je le questionne ensuite :
"Il s'agit de sucre n'est-ce pas ?"
Il ne tarde pas à me répondre
"Oui. Il a cette teinte car c'est du sucre de canne. Le sucre peut aussi être blanc et dans ce cas il est extrait des betteraves sucrières."
Je hoche à nouveau la tête et j'entends les portes de l'ascenseur qui s'ouvrent. Nous nous retournons tous les deux pour voir entrer Nathalia. Elle porte un débardeur noir ainsi qu'un pantalon en toile de la même couleur. Une serviette blanche est posée sur ses épaules et des gouttes de sueur perlent sur son front. Ses muscles saillants trahissent un entraînement quotidien qui doit être très intense. Le craquement de ses phalanges rougies par les coups me fait frissonner et je l'imagine alors en train de briser la nuque de quelqu'un avec son effroyable sourire glacé. Je chasse cette image de mon esprit pour ne pas devenir pâle comme un linge. Je remarque que son bandage blanc est maintenant recouvert par un large brassard noir. Elle ouvre le frigidaire et en sort une bouteille d'eau dans laquelle flotte un glaçon. Elle se sert un verre, le boit d'un trait et soupire de satisfaction. Elle tamponne ensuite son front avec sa serviette.
"Où est Aaron ?" demande Clifford.
Nathalia remplit une nouvelle fois son verre et elle dit entre deux gorgées :
"Il ne devrait pas tarder à monter. Laisse-lui le temps de décoller son corps du tatami et de se lever."
Elle arbore maintenant un sourire de triomphe et Clifford la regarde avec un air exaspéré.
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La Société
خيال علميLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...