Mon coude atteint finalement sa gorge. Il pause ses mains dessus et essaye de reprendre son souffle. J'en profite pour lui asséner un puissant coup dans la rotule. Il s'écroule. Je passe un bras autour de son cou et je fais mine de l'étrangler.
« Assez ! » Tonne la voix froide de Nathalia.
J'aide Aaron à se relever et nous nous serrons la main. Il affiche un sourire crispé par la douleur. Je n'y suis pas allée de main morte cette fois-ci.
« Aaron, cesse de retenir tes coups.» dit-elle en lui jetant un regard assassin.
Il me lance un sourire charmeur, me fait un clin d'œil et réplique avec un air de défi :
« Mais je ne voulais pas faire de mal à cette charmante demoiselle.»
Nathalia reste impassible et lui répond sur un ton se voulant le plus neutre possible :
« Cette "charmante demoiselle" comme tu dis n'a pas des mouvements aussi approximatifs que les tiens, est beaucoup plus rapide et très rusée. Elle a largement dépassé ton niveau en à peine deux mois, niveau que tu as mis plusieurs années à atteindre. Donc je ne pense pas que tu puisses lui faire le moindre mal. »
Je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire triomphant, heureuse que Nathalia souligne enfin mes progrès. Mais il s'efface lorsque je me tourne vers Aaron et que je découvre ses traits déformé par la rage. Ses poings sont fermés, ses veines bleuâtres saillent. Il lui crache alors au visage :
« Félicitations ! Tu vas créer un autre monstre ! Tu as peut-être enfin trouvé quelqu'un pour la remplacer. Elle sera certainement plus docile. »
Le visage de Nathalia semble montrer son calme olympien mais ses yeux sont comme deux soleils noirs palpitants alimentés par la plus puissante des fureurs. Elle ne prononce pas un seul mot mais Aaron sait qu'il a dépassé une ligne rouge invisible. Il baisse la tête et s'en va. Je lui emboîte le pas en silence, laissant Nathalia seule. Je suis moi aussi en colère mais je ne fais rien pour tenter de le dissimuler. Il le remarque et murmure presque imperceptiblement :
« Pardon. »
Je pose un bras contre ses omoplates et je le plaque contre le mur froid de l'ascenseur. Il lâche un petit hoquet de surprise.
« Pardon ? C'est tout ce que tu trouves à me dire ? crié-je. Monstre ou demoiselle docile ? Il faut savoir ! Et qui est donc la personne à qui tu fais référence pour que ça l'énerve autant ? »
Il réussit à se dégager et il me dit sur un ton implorant :
« Je ne voulais pas dire ça. Je me suis emporté. S'il te plaît, calme toi. Je ne peux pas tout de dire maintenant. C'est beaucoup trop compliqué à expliquer, crois moi. »
Ses yeux deviennent humides, une goutte d'eau légèrement salé roule sur sa joue. Je me détends devant le spectacle presque pathétique. J'appuie sur la touche de sa chambre pour ne pas croiser son père ou pire, sa mère. Il pose sa tête sur mon épaule en courbant son dos pour être à mon niveau. Nous arrivons. Je le laisse partir et les portes se referment. Je ne comprends pas ce soudain débordement d'émotion. Des larmes. Cela fait bien longtemps que je n'en ai pas vues. Mais encore une fois l'instinct intervient et c'est avec la voix d'Iris qu'il me souffle que tout ceci est faux. Il me recommande de me méfier de tout le monde de rester sur mes gardes. Ma seule alliée ici est Iris. Quelqu'un que je ne connais presque pas, à qui j'ai fait une promesse sans savoir si ce qu'elle disait était véridique. Mais je sens que ce sentiment primaire que l'on m'a appris à ne pas écouter m'a poussé à faire le bon choix et je sais qui est mon ennemi. Je n'avais rien à perdre en la choisissant comme alliée.
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La Société
Science FictionLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...