La Société

12-Excuses

L'électricité traverse mon corps et le secoue de spasmes violents. J'ouvre les yeux. Mon champ de vision est envahi par le blanc. J'essaye de bouger mais mes membres sont entravés. Je sens quelque chose de caoutchouteux dans ma bouche qui bloque ma respiration. Je panique. Je tire plus fort sur mes liens en vain. Une voix masculine retentit alors :

"Calme toi ! Calme toi ! Je vais détacher tout ça !"

Soudain, je me souviens. L'opération, le laboratoire, l'implant, les sangles, l'injection. Je ferme mes paupières pour reprendre pleinement mes esprits et pour chasser la brume en périphérie de mon champ de vision. J'entends le docteur approcher et détacher les sangles une à une. Il défait enfin la dernière maintenant ma tête et je m'empresse de me redresser et de m'assoir sur le bord de la table d'opération. J'attrape ensuite la chose qui obstrue ma bouche avec mes mains encore tremblotantes. Il s'agit d'un sorte de morceaux de caoutchouc ovale assez épais dont la tranche est fendue. Mes dents étaient placées dans cette encoche. J'essaye de me tenir debout mais je vacille et le docteur me force à me rasseoir.

"Que m'avez-vous fait ?" prononcé-je difficilement.

Je remarque alors que Nathalia tient un objet cylindrique dans sa main. Les deux extrémités sont noires et le reste est occupé par un matériaux transparent. L'objet semble rempli d'une substance bleuâtre. Je distingue également deux petites pointes sur la face inférieure du cylindre et une sorte de bouton rouge sur la face supérieure. Je ne leur laisse pas le temps de répondre à ma première question :

"Qu'est-ce que c'est ?" lancé-je à Nathalia en regardant l'étrange objet.

Elle me répond avec un large sourire :

"C'est un taser plasma. Je l'ai utilisé pour te réveiller. Plutôt efficace au vu de ta réaction."

Je vais répliquer mais le docteur Fost me devance :

"Disons que ton corps à mal réagît à l'anesthésiant. Si l'on n'avait pas eu recours à l'électricité tu n'aurais pas pu te réveiller seule."

Il prend ensuite le bout de caoutchouc et ajoute :

"Et ça c'était pour éviter que tu ne te coupes la langue avec tes dents."

Nathalia renchérit :

"Je voulais surtout tester mon nouveau jouet"

Les deux se mettent à rire mais s'arrêtent rapidement en voyant l'agacement crisper mes traits. Le sourire moqueur et l'air sadique de Nathalia ne disparaissent cependant pas me faisant penser qu'il s'agit peut-être de la vérité. Le docteur Fost me montre alors l'implant. Celui-ci, de forme ovale, est couvert de sang. J'observe longuement les fins fils. Ils sont de l'épaisseur d'un cheveux mais il m'explique que ceux-ci sont fait d'un alliage en titane particulièrement résistant. Je hoche la tête et je passe une main sur ma nuque. Mes doigts rencontrent ce qui doit être un pansement et Nathalia m'apprend qu'elle me l'enlèvera dans deux jours. Nous quittons la salle d'opération et la porte se referme derrière nous. Je peine à avancer mais je me force à ne pas le montrer. Nous allons partir mais nous nous arrêtons lorsque la voix de monsieur Fost se fait à nouveau entendre :

"Nathalia, la nouvelle version du sérum est prête."

Un sourire de satisfaction et d'impatience fend le visage de Nathalia :

"Parfait. J'ai vraiment hâte de le tester."

Nous montons dans l'ascenseur et le laboratoire disparaît lorsque les portes se referment.