La petite maquette en aluminium de mon balcon est parfaite. Je la fait pivoter dans mes mains, je l'observe sous tous ses angles. Je la soupèse et je suis surprise par son poids.
"Comment se fait-il qu'elle soit aussi légère ?" demandé-je à Clifford.
Il pianote encore pendant quelques instants sur son clavier. Il me répond en gardant ses grands yeux gris métalliques rivés sur son holo-écran :
"L'intérieur est construit en alvéoles ce qui fait qu'il y a plus d'air que d'aluminium. Cela permet d'en utiliser moins mais la structure reste résistante."
Je hoche la tête. Je la pose délicatement sur le bureau.
"Place-la sur l'imprimante. Je vais te montrer une autre option." me dit-il, les yeux toujours dirigés dans la même direction.
Au bout d'une longue minute, il détourne finalement le regard, il se place en face de la maquette et il entre des instructions sur le panneau de contrôle. Sous mes yeux ébahis, l'aluminium se liquéfie et disparaît.
"Comment..." balbutié-je, impressionnée
Clifford m'explique alors le fonctionnement du processus :
"La plaque chauffe l'aluminium pour le faire atteindre son point de fusion qui est d'environ 661 degrés celcius. Il est ensuite aspiré dans les trous et stocké dans un réservoir pour pouvoir être réutilisé."
Encore une fois, il s'agit d'un système de recyclage très ingénieux. Les trous se referment et je comprends pourquoi je ne les avais pas vus auparavant.
Clifford me prie de remettre mon matérialisateur et il me soumet des exercices de plus en plus complexes. Je dois mobiliser toutes mes connaissances en mathématiques. Cela demande une concentration intense. Je panique lorsqu'une formule m'échappe mais Clifford me la rappelle aussitôt tout en souriant et en m'expliquant que j'ai le droit de me tromper. Au bout de trois longs temps, il m'arrête :
"Je crois que ça suffit pour aujourd'hui. Je t'ai montré beaucoup plus de choses que je ne l'espérais. Tu as une intelligence remarquable et une très bonne mémoire. Tu accorde également une très grande importance à des détails que certains ne verraient pas. Nathalia va apprécier. En parlant de celle-ci, tu devrais la rejoindre à la salle de sport."
Je rougis en entendant les compliments qu'il me fait et je le salue d'un mouvement de tête avant de quitter la pièce.
Le petit couteau noir atteint à nouveau le centre de la cible. Je la regarde, adossée contre le mur à droite de l'ascenseur. Elle arme sont bras et elle en lance un autre qui se plante juste à côté du premier, produisant un bruit métallique horrible en le touchant.
Je l'interrompts alors qu'elle s'apprête à envoyer un troisième projectile :"Pourriez-vous m'apprendre à lancer des couteaux comme vous ?"
Elle se retourne, son éternel sourire glacial aux lèvre :
"Non, tu ne lanceras jamais comme moi."
Elle marque une pose et son rictus semble s'élargir lorsqu'elle lit la déception sur mon visage. Elle se dirige vers la cible, arrache les couteau et m'en tend un tout en ajoutant sur un ton suffisant :
"Tu pourras avoir un bon niveau, un très bon niveau. Mais tu ne pourras jamais atteindre le mien, l'excellence. Il te faudrait des années et le meilleur professeur pour me dépasser. Je ne saurais t'enseigner tout ce que je sais, je manque de patience avec les novices."
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La Société
Science-FictionLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...