Le bruit de nos pas se mélange à celui des gouttes d'eau s'écrasant contre le sol de béton. Cela fait maintenant au moins un temps que nous progressons dans l'obscurité, éclairées seulement par le faisceau de notre lampe torche. Iris a donc profité de la marche pour m'expliquer que les égouts sont en partie seulement praticable. En effet, à l'époque de la création de la Société, ils couraient partout sous la ville mais ils avaient été bouchés durant le règne de Paladea, la grand-mère de Nathalia et cela à cause de la création de l'ODL. Elle avait pris peur en voyant les mouvements rebelles se fédérer et cela à raison car, trois ans plus tard, elle se faisait assassiner. Aujourd'hui, les tuyaux qui acheminent l'eau sont extrêmement étroits pour empêcher toute intrusion. Mais les rebelles ont peu à peu débouchés l'ancien réseau, facilitant grandement les déplacements furtifs. Elle m'a également expliqué que les autorités sont désavantagées dans ce lieu que les rebelles connaissent comme leur poche. Lana est au contraire restée silencieuse durant presque tout le trajet. Nous marchons sous une bouche d'aération, ce qui éclaire momentanément son visage anxieux. Je passe une main dans mes cheveux synthétiques puis sur ma robe lavande. Je suis gêné par ces habits et ma perruque. Ces choses étranges ne me plaisent pas, elles me démangent ce qui me force à me gratter régulièrement. Même chose pour la crème qui masque mon tatouage d'identification. Cela semble aussi être le cas pour Lana, qui a violemment protestée en voyant sa tunique rose pâle et le tube de teinture blonde. Mais Antoine l'a vite faite taire en la menaçant d'interdiction de mission. Iris s'arrête brusquement. Je m'écrase contre son dos et m'agrippe à ses épaules pour ne pas tomber. Lana laisse échapper un petit ricanement. La meneuse nous réprimande instantanément : « Concentrez-vous. Si vous vous comportez comme ça au-dessus, vous pouvez dire adieu à la liberté car l'intérieur de Dôme IV est extrêmement surveillé. De plus, même si tu sais ce que l'on va y voir Lana, notre nouvelle recrue ne l'imagine pas une seconde et cela va à coup sur la dérouter, la dégoûter et l'horrifier donc il est très important qu'elle se contrôle pour ne pas imploser. C'est clair ? » Nous lui répondons par l'affirmative. Elle ajoute ensuite à mon attention : « Nous allons sortir dans une petite rue près de notre destination finale. Il est exactement ... temps 20 et demi. Nous répartirons à temps 22, tu pourras ainsi tout voir. Imite les autres et reste près de nous. Parle de ce que tu verras comme si c'était normal pour toi. Si l'on t'interroge, dis que nous venons chercher un demi-corps pour une dîner surprise chez une amie qui s'appelle Virginie. Elle vit dans le quart nord-ouest intérieur.
-Qui est Virginie ? Et pourquoi un « demi-corps » ?
- Ne pose pas de questions. Tu comprendras une fois en haut. Mais tu n'auras certainement pas à répondre à un agent. Si cela arrive, surtout n'hésite pas.
-Pourquoi refuses-tu de m'expliquer ce qu'il y a sous le dôme ? Comment pourrais-je être naturelle si cette chose est cauchemardesque et repoussante ?
-Si je te le dis, tu ne me croira pas. Il faut que tu le voies et que tu comprennes par toi -même pour comprendre que c'est la vérité. J'ai confiance en toi. Tu sais garder ton sang froid. Maintenant, on a besoin d'être au maximum de notre concentration. D'accord ?
-D'accord. »
Je suis un peu frustré et dépitée mais je sais que je ne vais pas pouvoir obtenir les réponses que je désire. Elle gravit les deux premiers barreaux de l'échelle menant à la surface mais s'arrête et se retourne pour me préciser : « Ah oui ! Si on te demande ton nom, tu t'appelles Ébène. Et je te promets que tout ce que tu verras est la pure vérité.» Je hoche la tête, elle reprend son ascension. Ébène. Ce nom est étrange mais je l'aime bien. Je pensais qu'il y aurait une cérémonie pour m'en donner un mais visiblement, cela est beaucoup plus expéditif. Le bruit discret de la plaque d'égout qui se soulève me ramène à la réalité. Iris sort, suivie de près par Lana. Elle me tend ensuite la main pour que je puisse m'extirper de là. Une fois que nous sommes toutes dehors, Lana la remet en place avec précision, en faisant attention à faire coïncider les fissures et les lignes. Nous marchons en direction d'un lampadaire situé en face de la ruelle. Nous débouchons sur une large avenue. Des groupes de piétons déambulent sur les trottoirs tandis que le centre est occupé par les véhicules à lévitation magnétique. Je tourne la tête vers la droite et l'immensité du dôme remplit presque entièrement mon champ de vision. Sa moitié supérieure est illuminée de l'intérieur mais la paroi ne semble pas transparente. A l'inverse, aucune lumière ne filtre par le bas si ce n'est de ce qui semble être l'entrée. Nous avançons dans cette direction. Des panneaux holographiques flottent des deux côtés et indiquent différentes variables ainsi qu'un plan représentant une vue en coupe du bâtiment monumental. Je compte 5 étage. Le sous-sol est occupé par la salle dite de « création », le rez-de-chaussée par la « salle d'incubation », le premier par la « salle de conditionnement », viens ensuite la « salle d'achat» et pour finir, la « salle d'exposition». Les deux dernières dénominations me laisse perplexe : jusqu'à présent je pensais que le Dôme IV était le lieu où l'on concevait les habitants. Mais alors pourquoi ces noms pour les deux niveaux les plus hauts ? Intriguant. Nous atteignons finalement la grande arche surmontée du chiffre quatre lumineux.
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La Société
Ciencia FicciónLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...